Bien qu'en légère baisse pour la troisième année consécutive, le nombre d'interruptions volontaires de grossesse (IVG) réalisées en France en 2016 était de 211 900 (DREES). La même année, un peu plus de 6 000 personnes découvraient leur séropositivité pour un total d'environ 153 000 individus infectés par le VIH (VIH.org), et ce dans un contexte de progression de certaines infections sexuellement transmissibles (syphilis, infections à gonocoque, lymphogranulomatoses vénériennes – LGV – rectale…) sur le territoire. Autant de raisons pour mettre l'accent sur le rayon des préservatifs en pharmacie. Un circuit qui, du fait de sa spécialisation et du conseil qu'il prodigue, devrait assurer au mieux la vente de ces dispositifs médicaux.
« À la différence de la GMS, l'officine est la mieux placée pour encadrer le choix de la clientèle qui a un grand besoin de conseil dans ce domaine », précise Patrick Pisa, dirigeant de Polidis. Pourtant, c'est un marché atone que celui des préservatifs en pharmacie. Principale responsable de cette inertie, l'offre qui ne serait pas en adéquation avec le conseil du pharmacien. « De nombreuses gammes revendiquent une image trop érotisée qui ne correspond pas au discours de la pharmacie, par ailleurs mal à l'aise avec la sexualité. C'est pourquoi il faut développer une offre plus centrée sur le dispositif médical et la santé. Elle sera mieux adaptée à l'officine. » Polidis s'apprête donc à lancer une gamme de préservatifs positionnée sur un axe standard et capable de contrer les freins à l'achat.
Valeur sûre
Le segment du dispositif classique, qui concentre les trois quarts des ventes, est le plus porteur selon Polidis (3e acteur du marché en volume). Ses deux références phare, le Reflex Condoms standard et le préservatif « Sortez couvert » qui propose la boîte de 12 préservatifs à deux euros prix public (opération parrainée par Christophe Dechavanne), peuvent en témoigner. Quant aux freins à l'achat, ils sont nombreux : le prix par boîte, même s'il est très variable ; l'angoisse que le dispositif se déchire ; la difficulté de choisir une taille, une forme, une lubrification… « C'est à la pharmacie de contrer ces freins », conclut Patrick Pisa, en précisant que la fuite du marché vers la grande distribution n'est pas une fatalité.
Le tabou que véhicule le préservatif en tant que matérialisation de l'acte sexuel est un autre frein à l'achat, et pas des moindres. « En France, il est très puissant, remarque Florence Frot, attachée à la direction du Laboratoire Radiatex. On ne se sent pas libre d'en parler et encore moins d'aller en acheter dans sa pharmacie habituelle. » Une attitude qui peut concerner les jeunes jusqu'à 30 ans ! Pour favoriser le passage en caisse, elle préconise de disposer la gamme de préservatifs Protex dans le rayon de la cosmétique pour femmes, une cible moins en prise avec les tabous. « Il faut encourager à l'utilisation des préservatifs par tous les moyens, et notamment auprès des jeunes qui ne font pas l'objet d'une prévention suffisante ; l'éducation est pratiquée très tôt dans les écoles, auprès de jeunes de 14-15 ans qui ne connaissent pas les dangers des MST et qui sont notamment rassurés par les traitements anti-sida. » Une opinion que partage Kamal Yahiaoui, dirigeant de la société Terpan et distributeur en France du préservatif féminin So Sexy connu aussi sous le nom de Femidom. « Aujourd'hui, les campagnes d'information en matière de santé sexuelle portent surtout sur les maladies et infections sexuellement transmissibles ainsi que sur les traitements. Mais on oublie de dire que la protection est la première des étapes dans le processus de prévention. » Un message essentiel auprès de populations à risque comme celles des jeunes et des plus de 50 ans qui ne sont pas familiarisés à l'utilisation du préservatif. Le dispositif médical So Sexy, parce qu'il incite les femmes à prendre en main leur protection, pourrait sensibiliser la gent féminine à cette problématique. « Il est présenté dans un étui qui utilise les codes de la lingerie et pourrait trouver sa place dans le rayon de l'hygiène intime. »
Plaisir en rayon
L'évolution des matériaux en termes de performances et de sensations peut être un argument supplémentaire en faveur du préservatif. Dans la gamme Protex, la référence la plus demandée est composée de polyuréthane, une alternative au latex. « Le Protex Original 002 est extrêmement fin comparé au latex, poursuit Florence Frot. Il est conducteur de chaleur pour être au plus proche des sensations naturelles, transparent et n'a pas d'odeur. De plus, le polyuréthane est un matériau utilisé en milieu médical pour sa compatibilité avec le corps humain, ce qui est rassurant pour l'utilisateur. » Des gammes plus spécifiquement dédiées au plaisir (Stimulève et Anatomic Réel) sont proposées par Protex, même si l'offre standard constitue la majeure partie des gammes du fabricant. La référence Classic naturel, d'ailleurs, réalise ses meilleures ventes en distributeur, un vecteur discret et facile d'accès qui reste un moyen de diffusion important pour l'ensemble du marché.
Le segment des gels lubrifiants est un autre axe porteur pour le rayon de la sexualité. Plébiscités par la population homosexuelle, grande utilisatrice de gels, mais aussi par celle des femmes ménopausées dont la période d'activité sexuelle se prolonge, ces produits voient leurs ventes se développer. Leur diversité - à base d'eau, de silicone, composés d'ingrédients naturels, à effet chauffant, longue durée, parfumés, comestibles - joue par ailleurs en leur faveur. Élaborés tout d'abord dans le but de compenser la sécheresse vaginale et l'inconfort intime, les gels auraient gagné 12 % en valeur l'année passée. Une trajectoire ascendante qui pourrait poursuivre sa lancée si l'on en croit la progression du segment en GMS.
Ce sont cependant les préservatifs qui ont permis aux deux acteurs majeurs du rayon de la sexualité de dominer le marché en pharmacie. Axées sur la protection et la sensation, les marques Manix/Skyn chez LifeStyles et Durex chez Reckitt Benckiser ont su développer une offre très large, multipliant les promesses de sensations grâce au travail des textures, des matériaux et des effets (retardant, chauffant), jouant sur la diversité des formes, des tailles et des lubrifications. À titre d'exemple, Durex a lancé au mois de janvier dernier une gamme de préservatifs extra-lubrifiés Natural Sensation conçus sans latex pour favoriser les sensations naturelles de peau contre peau.
D'autres marques - Marque Verte, Saintex… - viennent peupler le rayon des préservatifs en pharmacie, qui trouvera dans le domaine des compléments alimentaires matière à parfaire son offre. Dédiés à la fonction érectile, ces produits occupent un marché de niche en croissance, avec une progression de 4 % en 2017. Dans ce contexte, les Laboratoires Forté Pharma proposent une solution naturelle aux troubles sexuels avec Tigra+ men, un complément alimentaire à base de ginseng, kola et d'un extrait de prune du Japon, voués à stimuler le désir et optimiser les performances sexuelles. Le zinc, le chrome et la vitamine B1 viennent seconder les actifs principaux de la formule.
« À la différence de la GMS, l'officine est la mieux placée pour encadrer le choix de la clientèle qui a un grand besoin de conseil dans ce domaine », précise Patrick Pisa, dirigeant de Polidis. Pourtant, c'est un marché atone que celui des préservatifs en pharmacie. Principale responsable de cette inertie, l'offre qui ne serait pas en adéquation avec le conseil du pharmacien. « De nombreuses gammes revendiquent une image trop érotisée qui ne correspond pas au discours de la pharmacie, par ailleurs mal à l'aise avec la sexualité. C'est pourquoi il faut développer une offre plus centrée sur le dispositif médical et la santé. Elle sera mieux adaptée à l'officine. » Polidis s'apprête donc à lancer une gamme de préservatifs positionnée sur un axe standard et capable de contrer les freins à l'achat.
Valeur sûre
Le segment du dispositif classique, qui concentre les trois quarts des ventes, est le plus porteur selon Polidis (3e acteur du marché en volume). Ses deux références phare, le Reflex Condoms standard et le préservatif « Sortez couvert » qui propose la boîte de 12 préservatifs à deux euros prix public (opération parrainée par Christophe Dechavanne), peuvent en témoigner. Quant aux freins à l'achat, ils sont nombreux : le prix par boîte, même s'il est très variable ; l'angoisse que le dispositif se déchire ; la difficulté de choisir une taille, une forme, une lubrification… « C'est à la pharmacie de contrer ces freins », conclut Patrick Pisa, en précisant que la fuite du marché vers la grande distribution n'est pas une fatalité.
Le tabou que véhicule le préservatif en tant que matérialisation de l'acte sexuel est un autre frein à l'achat, et pas des moindres. « En France, il est très puissant, remarque Florence Frot, attachée à la direction du Laboratoire Radiatex. On ne se sent pas libre d'en parler et encore moins d'aller en acheter dans sa pharmacie habituelle. » Une attitude qui peut concerner les jeunes jusqu'à 30 ans ! Pour favoriser le passage en caisse, elle préconise de disposer la gamme de préservatifs Protex dans le rayon de la cosmétique pour femmes, une cible moins en prise avec les tabous. « Il faut encourager à l'utilisation des préservatifs par tous les moyens, et notamment auprès des jeunes qui ne font pas l'objet d'une prévention suffisante ; l'éducation est pratiquée très tôt dans les écoles, auprès de jeunes de 14-15 ans qui ne connaissent pas les dangers des MST et qui sont notamment rassurés par les traitements anti-sida. » Une opinion que partage Kamal Yahiaoui, dirigeant de la société Terpan et distributeur en France du préservatif féminin So Sexy connu aussi sous le nom de Femidom. « Aujourd'hui, les campagnes d'information en matière de santé sexuelle portent surtout sur les maladies et infections sexuellement transmissibles ainsi que sur les traitements. Mais on oublie de dire que la protection est la première des étapes dans le processus de prévention. » Un message essentiel auprès de populations à risque comme celles des jeunes et des plus de 50 ans qui ne sont pas familiarisés à l'utilisation du préservatif. Le dispositif médical So Sexy, parce qu'il incite les femmes à prendre en main leur protection, pourrait sensibiliser la gent féminine à cette problématique. « Il est présenté dans un étui qui utilise les codes de la lingerie et pourrait trouver sa place dans le rayon de l'hygiène intime. »
Plaisir en rayon
L'évolution des matériaux en termes de performances et de sensations peut être un argument supplémentaire en faveur du préservatif. Dans la gamme Protex, la référence la plus demandée est composée de polyuréthane, une alternative au latex. « Le Protex Original 002 est extrêmement fin comparé au latex, poursuit Florence Frot. Il est conducteur de chaleur pour être au plus proche des sensations naturelles, transparent et n'a pas d'odeur. De plus, le polyuréthane est un matériau utilisé en milieu médical pour sa compatibilité avec le corps humain, ce qui est rassurant pour l'utilisateur. » Des gammes plus spécifiquement dédiées au plaisir (Stimulève et Anatomic Réel) sont proposées par Protex, même si l'offre standard constitue la majeure partie des gammes du fabricant. La référence Classic naturel, d'ailleurs, réalise ses meilleures ventes en distributeur, un vecteur discret et facile d'accès qui reste un moyen de diffusion important pour l'ensemble du marché.
Le segment des gels lubrifiants est un autre axe porteur pour le rayon de la sexualité. Plébiscités par la population homosexuelle, grande utilisatrice de gels, mais aussi par celle des femmes ménopausées dont la période d'activité sexuelle se prolonge, ces produits voient leurs ventes se développer. Leur diversité - à base d'eau, de silicone, composés d'ingrédients naturels, à effet chauffant, longue durée, parfumés, comestibles - joue par ailleurs en leur faveur. Élaborés tout d'abord dans le but de compenser la sécheresse vaginale et l'inconfort intime, les gels auraient gagné 12 % en valeur l'année passée. Une trajectoire ascendante qui pourrait poursuivre sa lancée si l'on en croit la progression du segment en GMS.
Ce sont cependant les préservatifs qui ont permis aux deux acteurs majeurs du rayon de la sexualité de dominer le marché en pharmacie. Axées sur la protection et la sensation, les marques Manix/Skyn chez LifeStyles et Durex chez Reckitt Benckiser ont su développer une offre très large, multipliant les promesses de sensations grâce au travail des textures, des matériaux et des effets (retardant, chauffant), jouant sur la diversité des formes, des tailles et des lubrifications. À titre d'exemple, Durex a lancé au mois de janvier dernier une gamme de préservatifs extra-lubrifiés Natural Sensation conçus sans latex pour favoriser les sensations naturelles de peau contre peau.
D'autres marques - Marque Verte, Saintex… - viennent peupler le rayon des préservatifs en pharmacie, qui trouvera dans le domaine des compléments alimentaires matière à parfaire son offre. Dédiés à la fonction érectile, ces produits occupent un marché de niche en croissance, avec une progression de 4 % en 2017. Dans ce contexte, les Laboratoires Forté Pharma proposent une solution naturelle aux troubles sexuels avec Tigra+ men, un complément alimentaire à base de ginseng, kola et d'un extrait de prune du Japon, voués à stimuler le désir et optimiser les performances sexuelles. Le zinc, le chrome et la vitamine B1 viennent seconder les actifs principaux de la formule.
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