Filariose
- Agent responsable : Les filarioses sont des helminthiases, maladies dues à des nématodes appelés filaires. Ce sont des maladies transmissibles par la piqûre d'un insecte vecteur (ou l’ingestion d’un crustacé microscopique infecté comme les Cyclops vivant dans les eaux saumâtres pour la filariose de Médine). Elles sont très fréquentes dans les pays tropicaux (plus de 70 pays concernés). Leur gravité est variable, elles peuvent être bénignes ou lourdement handicapantes. Ovovivipares, les filaires ne pondent pas d’œufs, mais des larves dénommées microfilaires qui peuvent circuler dans le sang. Les adultes (macrofilaires) peuvent vivre dans les lymphatiques, la peau ou d’autres tissus. Parmi les filarioses cutanées, on distingue essentiellement la filariose de Médine (Afrique subsaharienne, Moyen-Orient, Inde), la loase ou filariose à Loa Loa (Afrique centrale), et l’onchocercose (Afrique subsaharienne, Amérique centrale).
- Symptomatologie : les symptômes qui doivent attirer l’attention (même des années après le séjour !) sont, en zone d’endémie, un prurit (pouvant être associé à des lésions de grattage), des œdèmes (éventuellement fugaces – quelques heures à 2 à 3 jours, et « migrateurs »), des phlyctènes, des nodules sous-cutanés, une dépigmentation cutanée, une adénite, une lymphangite, un éléphantiasis.
- Prévention : ne jamais boire d’eau non désinfectée, se protéger (vêtements couvrants, répulsifs, insecticides) des piqûres d’insectes (taons : loase ; simulie, une sorte de moucheron : onchocercose).
- Traitement : il comprend, selon le cas, l’extraction du parasite (l’expulsion est néanmoins parfois spontanée, comme dans le cas de la filaire de Médine) et l’ivermectine en prise unique par voie orale. Une antibiothérapie peut être nécessaire en cas de surinfection.
Larva migrans
C’est souvent au retour d’un séjour en vacances sous les tropiques (Asie, Afrique, pourtour méditerranéen, Caraïbes, Amérique tropicale), avec le souvenir d’un farniente sur la plage et de longues marches pieds nus sur le sable ou sur un sol humide que les patients consultent pour une dermatose irritante.
- Agent responsable : il s’agit le plus généralement de larves d’ankylostomes (un nématode d’animaux) de chien, chat ou autres mammifères (Ancylostoma caninum vit dans l’intestin grêle du chien et du renard ; Ancylostoma braziliense et ceylanicum parasites les chiens, chats et civette). La femelle de ces parasites pond chaque jour plusieurs milliers d’œufs, éliminés avec les excréments et dispersés dans la nature, en particulier dans un sol humide ou dans le sable. Ces œufs s’embryonnent et éclosent en 2 à 5 jours selon la température et donnent des larves de premier stade qui muent ensuite en larves infestantes (en région tropicale, ces larves peuvent survivre plusieurs mois dans les sols boueux ou sablonneux). Elles pénètrent activement (un thermotropisme positif favorise leur attirance pour la peau des mammifères) les zones de peau découverte (avant-bras, pied, fesse, abdomen…), entraînant l’apparition d’une papule prurigineuse.
- Prévention : le conseil clef est de ne jamais marcher pieds nus et d’utiliser des serviettes épaisses pour s’isoler du sable sec (le sable exposé aux marées est moins à risque).
- Traitement : la guérison spontanée est possible (plusieurs mois). Le traitement le plus simple est représenté par l’ivermectine - Stromectol en dose unique : 200 microgrammes/kg ou 12 mg chez l’adulte. L’albendazole – Zentel (400 mg/j) est une alternative.
Leishmanioses
- Agent responsable : les leishmanioses cutanées (ex : Bouton d’Orient, Bouton d’Alep, Bouton de Biskra) sont des zoonoses répandues dans de nombreuses régions tropicales (ancien et nouveau monde : Afrique au nord de l’équateur, Kenya, Éthiopie, Tanzanie, Namibie, Moyen-Orient, Asie centrale, Inde, Mexique, Brésil, bassin amazonien) où elles peuvent se décliner sous différentes formes cliniques : sèches, humides ou cutanéomuqueuses. Leur vecteur est le phlébotome, un petit insecte velu de 2 à 3 mm qui pique essentiellement au crépuscule et dont la piqûre est douloureuse mais ne laisse pas de trace.
- Symptomatologie : la forme sèche se caractérise par une lésion ulcérée en son centre, qui se couvre d’une croûte et s’entoure d’un bourrelet inflammatoire. L’évolution spontanée habituelle est très lente (plusieurs mois) vers la guérison. La forme humide se caractérise par une ulcération plus large et une évolution plus rapide. Elle se recouvre d’un enduit purulent et s’accompagne d’une fréquente surinfection. Le préjudice esthétique est plus important qu’en ce qui concerne les formes sèches.
- Prévention : protection contre les piqûres de phlébotomes (mêmes mesures qu’en ce qui concerne les moustiques).
- Traitement : injections d’antimoniate de méglumine - Glucantime ou de pentamidine - Pentacarinat.
Tungose
- Agent responsable : la tungose est provoquée par l’infestation des tissus sous-cutanés par Tunga penetrans (encore dénommée Sarcopsylla penetrans), ou puce de sable ou puce chique (taille d’environ 1 mm), largement répandue sous les tropiques (Afrique centrale et de l’Est, océan indien – Madagascar, Seychelles – Pakistan, Amérique intertropicale, Brésil, Pérou, Bolivie…). La puce peut expulser environ 250 œufs dans le milieu extérieur avant de mourir (les œufs éclosent en 3 – 4 jours, donnant naissance à des larves puis à des puces adultes en 17 jours) qui attendent dans le sable de contaminer un animal ou l’homme.
- Symptomatologie : elle se manifeste par une (ou plusieurs) lésion noirâtre (correspondant à l’utérus de la puce) survenant à la suite d’une marche pieds nus. Se gorgeant de sang, la puce femelle peut atteindre un diamètre de 10 mm en 5 jours. La peau de l’hôte est le siège d’une réaction inflammatoire autour du parasite. La puce (ou les puces) se localise le plus souvent à un pied, mais d’autres localisations sont possibles : genoux, cuisses, fesses, mains, coudes… Le patient se plaint de prurit, puis d’une douleur. On peut observer une hyperkératose et une surinfection (pustule, ulcération) ; voire une infection régionale (adénite, lymphangite). Après l’expulsion des œufs, la lésion apparaît déprimée et croûteuse et cicatrice en quelques jours.
- Prévention : ne jamais marcher pieds nus, surtout dans le sable.
- Traitement : extraction douce, de préférence par un dermatologue. À défaut, surtout en cas d’atteintes diffuses ou infectées : application de vaseline salicylée à 20 %, bains de pieds avec du sulfiram.
Et aussi : les myases (œufs de mouche donnant naissance à des larves qui s’infiltrent sous la peau provoquant des lésions furonculoïdes), les viroses éruptives (rougeole, rubéole chez les personnes non ou mal vaccinées, dengue, et aussi primo-infection par le VIH), la gale (prurit intense à recrudescence nocturne, sillons, vésicules perlées aux espaces interdigitaux des mains, aux poignets, aux fesses…) et les teignes (plaques d’alopécie).
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