L'emploi exagéré de gels hydroalcooliques et de produits ménagers ou d'hygiène agressifs entraîne l'élimination de bactéries inoffensives qui souvent protègent contre les bactéries pathogènes. Un exemple parmi d'autres de gestes que l'on croit préventifs et qui se révèlent inadéquats.
Excès d'hygiène, allergies et maladies auto-immunes
Si le courant hygiéniste du XIXe siècle a permis de réduire la mortalité due aux maladies infectieuses dans les pays développés, aujourd'hui c'est trop d'hygiène qui est problématique. En effet, les chercheurs pensent que l'augmentation de certaines maladies (allergies et maladies auto-immunes comme le diabète et les MICI) est liée à un excès d'hygiène. Plusieurs observations avaient mis la puce à l'oreille des chercheurs, mais différents travaux tendent à le montrer. Par exemple, des souris vivant dans une atmosphère stérile développent un diabète de type 1 et, à l'inverse, l'introduction d'un parasite suffit, en l'espace d'une génération, à abaisser de 50 à 90 % le pourcentage de diabète chez ces mêmes souris. En décontaminant ces souris, le taux de diabète remonte à 90 % en une génération également. Même constat en introduisant des bactéries capables d'infecter le tractus respiratoire : le nombre de souris diabétiques et allergiques diminue. Les chercheurs en déduisent que l'exposition à des bactéries et virus, surtout dans l'enfance, a un effet régulateur sur le système immunitaire et que l'excès d'hygiène nuit au développement du microbiote. Une hygiène moins rigoureuse pourrait donc éviter un dérèglement de notre immunité.
Antibiotiques dans la viande et résistances
La consommation d'antibiotiques encore excessive et inappropriée en ville comme à l'hôpital, n'est pas le seul facteur de résistance des bactéries. L'utilisation massive et préventive d'antibiotiques dans les élevages en est en grande partie responsable. Le récent rapport publié par l'Autorité européenne de sécurité alimentaire confirme que la résistance aux antimicrobiens reste élevée dans l'UE chez l'animal et l'homme et dans la viande. Il souligne notamment les résistances inquiétantes aux carbapénèmes - détectées pour la première fois en Europe chez les animaux et dans les aliments -, aux bêtalactamines (dérivés de la pénicilline et céphalosporines) et à la colistine.
Depuis 2006, l'administration d'antibiotiques sans prescription et mélangés dès le départ dans l'alimentation pour booster la croissance des animaux est interdite en Europe… mais pas dans d'autres pays exportateurs. Et depuis le 1er avril 2016, en France, certains antibiotiques « critiques », notamment les céphalosporines de 3e et 4e générations et les fluoroquinolones, ne doivent plus être utilisés en prévention sur des animaux sains. Malgré tout, nombre d'exploitations françaises continuent d'administrer des antibiotiques en trop grandes quantités. Dans les élevages intensifs, dès qu'une maladie apparaît ou qu'une bactérie a été identifiée, le vétérinaire est souvent amené à traiter préventivement l'ensemble des animaux. Pas étonnant alors que la viande de porc, de lapin, de volaille, de bovin des étals soit parfois truffée d'antibiotiques…
Régime végétalien et carences
Pour, entre autres, prévenir maladies cardiovasculaires et cancers, les adeptes du régime végétalien excluent non seulement la viande et le poisson mais aussi tous les produits d'origine animale : œufs, produits laitiers, miel. Il leur faut donc beaucoup d'imagination et de rigueur pour compenser le manque d'apports essentiels à l'organisme et éviter des carences. Tout d'abord en protéines constitutives de toutes les cellules et en acides aminés essentiels (non synthétisables par l'organisme) dont sont constituées les protéines. Une association de céréales et de légumineuses à chaque repas s'impose mais il n'existe pas de protéine végétale idéale. Une carence en protéine s'accompagne aussi d'une carence en fer d'où, là encore, la nécessité de consommer beaucoup de légumes secs.
La carence en vitamine B12 est également fréquente car les végétaux en contiennent très peu (graines germées) ou pas du tout. Excepté certaines algues comme la spiruline, mais celles-ci n'ont pas les mêmes propriétés. Une supplémentation est donc indispensable (1 ampoule/semaine), plus encore chez les femmes enceintes ou allaitantes pour assurer un développement neurologique normal du bébé (1/jour). Une hypocalcémie est aussi à craindre et doit inciter à consommer brocolis, choux-fleurs et de Bruxelles, oléagineux et des boissons au soja ou du tofu enrichis en calcium végétal.
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