Dépistage basé sur la détection immunologique
Le dépistage du cancer colorectal est basé sur la recherche de sang occulte dans les selles. Les tests immunologiques ont remplacé depuis 2015 le test Hémoccult II ou test au gaïac. Ce dernier permettait la détection de l’activité peroxydasique de l’hème mais n’était pas spécifique de l’hémoglobine humaine. Ces nouveaux tests présentent plusieurs avantages :
- Précision : utilisation d’anticorps mono- ou polyclonaux spécifiques de la partie globine de l’hémoglobine (Hb) humaine.
- Fiabilité : lecture automatisée.
- Performance : au seuil de 150 ng Hb/mL, détection de 2 fois plus de cancers et 2,5 fois plus d’adénomes avancés que le test au gaïac.
- Simplicité : un seul prélèvement de selles (contre 6 pour Hémoccult II).
Ces atouts devraient augmenter la participation de la population-cible (patients à risque moyen de 50 à 74 ans) au dépistage organisé.
En pratique, à partir de 50 ans, les patients reçoivent chez eux un courrier les invitant à consulter leur médecin traitant qui leur remettra le test. Son analyse est prise en charge à 100 % par l’assurance-maladie. Le kit contient un dispositif de recueil de selles à placer sur les toilettes. La surface des selles doit être grattée avec la tige contenue dans le tube de prélèvement qui sera ensuite bien fermé et agité énergiquement. L’envoi du test et de la fiche d’identification complétée se fait au moyen de l’enveloppe T au plus tard 24 heures après sa réalisation.
Si le test est négatif, il sera renouvelé 2 ans plus tard. S’il est positif (4 % des cas), une consultation chez un gastro-entérologue et une coloscopie sont indispensables. Celle-ci révèle dans 30 % des cas des lésions pré-cancéreuses, un cancer colorectal dans 8 % des cas et aucune anomalie le reste du temps. Dans ce cas, le test pourra n’être renouvelé que 5 ans plus tard.
La meilleure détection des lésions précancéreuses ou celle des cancers à un stade plus précoce permet à terme une prise en charge plus efficace mais aussi des traitements moins lourds. Enfin, il est à noter que contrairement à la coloscopie, le test immunologique ne requiert aucun régime alimentaire préalable.
Test diagnostic fondé sur la réponse immunitaire anti-tumorale
Alors que le pronostic des patients atteints d’un cancer du côlon était auparavant essentiellement fondé sur l’étude des cellules cancéreuses, l’environnement tumoral et la réponse immunitaire du patient sont maintenant pris en compte.
C’est pourquoi le test Immunoscore Côlon, développé par la société HalioDx, a permis une avancée remarquable en termes de valeur pronostique chez les patients atteints de cancer du côlon de stade précoce. L’objectif est d’évaluer précisément le « contexte immunologique », c’est-à-dire la réponse immunitaire du patient au centre et autour de la tumeur. Pour cela, il quantifie les lymphocytes T CD8 et CD3 qui ont infiltré le centre de la tumeur et sa marge invasive. Cela permet de déterminer le risque de métastases et de rechutes après l’intervention chirurgicale. Il constitue donc une aide à définir la stratégie thérapeutique la plus adaptée, les cliniciens pouvant identifier les patients à fort risque de rechute et préconiser une thérapie adjuvante intensive.
Une large étude clinique internationale, dont les résultats ont été publiés dans The Lancet le 11 mai 2018, a d’ailleurs validé la fiabilité de ce test pour identifier les patients à haut risque de récidive. Grâce à ces résultats, une évolution de la classification des cancers incluant la technologie d’Immunoscore au TNM (Tumor Node Metastasis : classement des cancers selon leur extension anatomique) est à attendre…
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