La technique de l’électrothérapie TENS découle essentiellement de la théorie du gate control (théorie du portillon), laquelle repose sur l’équilibre d’une balance entre deux activités exercées sur les neurones de la corne dorsale de la moelle épinière.
En clair, tout commence par la stimulation lésionnelle d’un nocicepteur qui initie le message nerveux de la douleur et le propulse le long des voies nerveuses ascendantes, autrement dit les voies qui relient la périphérie au cortex cérébral via la moelle épinière. Dans le même temps, les fibres nerveuses adjacentes du tact, de plus gros calibre et plus rapides, stimulent un neurone destiné à inhiber puis éteindre ce message douloureux avant qu’il n’atteigne le cerveau. Ainsi, quand on se cogne le bras, la douleur diminue en frottant la peau de la zone douloureuse. L’action de l’électrothérapie n’est que l’exploitation thérapeutique de ce phénomène naturel : elle stimule les nerfs du toucher dans le but de parasiter le message de la douleur et ferme le « portillon » qui donne accès à la moelle épinière et au cortex cérébral.
Douleurs articulaires et musculaires
Ce mécanisme de régulation spinale est lui-même soumis à des contrôles descendants d’origine supra-spinale. Des circuits nerveux inhibiteurs atténuent le message nerveux et des circuits nerveux facilitateurs exacerbent les stimulations nociceptives au niveau spinal. L’équilibre entre ces deux systèmes descendants concurrents détermine aussi le degré d’excitabilité des neurones de la corne dorsale de la moelle épinière. L’électrothérapie TENS semble également agir sur ce mécanisme en libérant des opioïdes endogènes. On peut ainsi faire varier l’intensité du courant électrique transmis aux nerfs et la fréquence des pulsations selon la douleur et les effets souhaités. Les deux modes de stimulation les plus courants sont : le mode haute fréquence ou TENS conventionnelle (C-TENS), également appelé « à effet porte », qui permet de réaliser des paresthésies non douloureuses pour soulager rapidement, et le mode de stimulation discontinue « burst » ou « acupuncture like » (ALTENS) qui favorise la production d’endorphines en provoquant de faibles secousses musculaires, avec un effet analgésique persistant.
Des lombosciatiques aux douleurs neuropathiques, les indications de la neurostimulation électrique transcutanée sont nombreuses, mais les plus fréquentes sont les douleurs articulaires et musculaires, aiguës (entorse, tendinite, lumbago…) et surtout chroniques (arthrose, arthrite, lombalgie…), mais aussi les douleurs chroniques post-chirurgicales, souvent d’origine neuropathique, mal connues par les chirurgiens d’où une errance thérapeutique qui peut durer des mois voire des années. C’est pourtant une très bonne indication de l’électrothérapie TENS.
Moins de médicaments
Les dispositifs de TENS peuvent être prescrits à l’achat ou à la location (mensuelle), sur prescription d’un médecin qualifié ou travaillant dans un centre antidouleur labellisé, pour des douleurs chroniques dans les cas où les thérapeutiques médicamenteuses sont insuffisantes, mal tolérées ou contre-indiquées, et sont alors remboursables. Mais le pharmacien peut aussi proposer cette méthode aux patients au bout de quelques renouvellements d’antalgiques et d’AINS par exemple, en posant 2 ou 3 questions simples (Depuis quand avez-vous mal ? Qu’avez-vous essayé ? Comment supportez-vous les médicaments ?). Et expliquer que la TENS est sans risque, facile à utiliser à domicile, qu’elle peut soulager efficacement, améliorer la qualité de vie et permet de diminuer sa consommation d’antalgiques.
Cas de figure fréquent : les personnes qui, par peur d’avoir encore plus mal, bougent moins au risque de voir leur douleur se chroniciser et de s’ankyloser. Les séances d’électrothérapie en mouvement, pendant la marche notamment, aident alors à retrouver confiance dans le mouvement. La TENS a certes des limites mais si elle peut aider les douloureux chroniques à vivre avec leur douleur et mieux, moyennant zéro effets secondaires, elle vaut la peine d’être essayée…
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