Les douleurs neuropathiques
Comment se traduisent-elles ?
Les douleurs neuropathiques résultent d’une lésion ou d’un dysfonctionnement du système nerveux central ou périphérique. Elles peuvent se traduire par des sensations de brûlures ou de picotements, de décharges électriques, une impression d’étau, une sensation d’extrême sensibilité au toucher, au chaud ou au froid, ou une douleur intense et profonde. Chez certains patients, elles prendront l’allure d’un fond douloureux permanent sur lequel viennent se greffer des accès paroxystiques de douleurs fulgurantes. De plus, il n’est pas rare qu’elles aient un retentissement psychologique.
Quelles en sont les causes ?
Les douleurs neuropathiques ont de nombreuses origines possibles. Elles peuvent survenir après un traumatisme ou un accident vasculaire, dans le cadre d’un éthylisme chronique ou être liées à la compression d’un nerf (liée à une tumeur, un syndrome du canal carpien ou une hernie discale). Les neuropathies périphériques sont également fréquentes chez les patients diabétiques ou lors de polychimiothérapies à action neurotoxique. Elles peuvent aussi apparaître dans les suites d’une intervention chirurgicale lorsque des nerfs ont été coupés (ex : douleurs du membre fantôme lors d’une amputation ou d’une mastectomie). À noter que ces douleurs peuvent survenir plusieurs mois voire plusieurs années après leur facteur déclenchant !
Comment les soulager ?
Le traitement des douleurs neuropathiques repose sur différentes classes thérapeutiques. Tout d’abord, les antidépresseurs imipraminiques (clomipramine, imipramine, amitryptiline) ou inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (duloxétine). Ils sont efficaces sur le fond douloureux permanent. Cependant, certains de leurs effets indésirables (sécheresse buccale, rétention urinaire, troubles cardiaques) limitent leur prescription chez les personnes âgées.
Ensuite, certains antiépileptiques sont également intéressants (gabapentine, prégabaline, carbamazépine et phénytoïne). Ceux-ci sont actifs sur les douleurs à type de brûlures, décharges ou dysesthésies mais également sur les douleurs fulgurantes et notamment dans les névralgies du trijumeau. L’augmentation des doses et l’arrêt du traitement doivent être progressifs et le risque de troubles de la vigilance et de l’équilibre est à prendre en compte.
Le traitement des douleurs neuropathiques peut également faire appel à des antalgiques de palier II comme le tramadol ou à ceux de palier III mais ils ne sont pas toujours efficaces. De plus, l’électrostimulation peut être intéressante dans certains cas. Enfin, des thérapies non médicamenteuses peuvent être proposées pour aider à réduire la douleur ou à défaut mieux l’endurer : relaxation, méditation, thérapie cognitivo-comportementale.
Le cas particulier des douleurs post-zostériennes
Comment les décrire ?
Les douleurs post-zostériennes sont des douleurs neuropathiques chroniques qui viennent compliquer une infection par le virus du zona. Elles sont décrites comme des brûlures, des douleurs lancinantes, des élancements ou encore des chocs électriques. Certains facteurs sont évalués comme prédictifs de leur survenue : patient âgé de plus de 50 ans, gravité de l’éruption, intensité des douleurs de la phase éruptive, présence de prodromes algiques plusieurs jours avant la phase éruptive. La prescription d’un traitement antiviral per os dans les 72 heures suivant le début de l’éruption vise à prévenir l’apparition de ces douleurs.
Comment les prendre en charge ?
Au-delà des traitements cités précédemment dans la prise en charge des douleurs neuropathiques, l’utilisation de lidocaïne en application locale ou en emplâtre peut être intéressante.
Les douleurs articulaires
Comment les décrire ?
Les douleurs articulaires chroniques peuvent avoir des causes multiples, notamment des pathologies telles que polyarthrite rhumatoïde ou spondylarthrite ankylosante… Mais celles dont se plaignent le plus souvent les patients au comptoir sont liées à l’arthrose. Ces derniers parlent de douleurs mécaniques, en général localisées au niveau de l’articulation atteinte, et d’un déverrouillage matinal plus ou moins long. Avec le temps, une gêne fonctionnelle avec une diminution des mouvements ainsi qu’une déformation peuvent apparaître. Une augmentation de la douleur et un gonflement peuvent également survenir lors d’une poussée.
Comment les soulager ?
La prise en charge des douleurs articulaires repose sur les antalgiques en privilégiant le paracétamol. Des anti-inflammatoires peuvent s’avérer nécessaires (AINS par voie locale ou per os sur une durée courte). Des infiltrations de corticoïdes peuvent également être proposées lors d’une poussée d’arthrose. Enfin, l’infiltration d’acide hyaluronique (ou visco-supplémentation) a montré une efficacité clinique sur la douleur dans les formes peu ou modérément évoluées.
Quid de la chondroïtine sulfate et de la glucosamine ?
La glucosamine est un précurseur de plusieurs glycosaminoglycanes tels que la chondroïtine sulfate (composant du cartilage articulaire) et l’acide hyaluronique (constituant du liquide articulaire). Ces molécules sont traditionnellement utilisées comme traitement anti-arthrosique symptomatique d’action lente, notamment dans l’arthrose des hanches et des genoux. Mais en mars 2019, l’ANSES a signalé avoir reçu des signalements d’effets indésirables (gastro-entérologiques, dermatologiques, hématologiques et hépatiques) suite à la prise de compléments alimentaires contenant ces produits. C’est pourquoi l’Agence a mis en évidence des populations à risque : patients diabétiques, asthmatiques, traités par AVK, allergiques aux crustacés ou dont l’alimentation est contrôlée pour le sodium, le potassium ou le calcium. Faute de données, ils sont également à éviter chez les femmes enceintes et allaitantes.
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