Bilan positif ! L’expérimentation de la vaccination en pharmacie menée dans 4 régions en 2018-2019 (Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Hauts-de-France et Occitanie) a rencontré le succès, avec 743 512 personnes vaccinées en officine, dont près de 165 000 qui l’ont été pour la première fois.
Les pharmacies ont répondu massivement à l’appel : plus de 58 % d'entre elles (6 717 officines) ont participé sur les 4 régions expérimentatrices. Face à ce constat très positif, la vaccination contre la grippe sera étendue à toutes les pharmacies du territoire pour la saison 2019-2020. Le gouvernement espère ainsi améliorer encore la couverture vaccinale qui atteint 45 % de la population cible, un taux qui reste bien en deçà de l’objectif de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), fixé à 75 %.
Tarif unique
En pratique, les modalités de la vaccination en pharmacie seront quelque peu modifiées à l'occasion de la généralisation. Tout d’abord, les pharmaciens percevront désormais 6,30 euros hors taxe par acte vaccinal, qu’il soit effectué sur présentation d’un bon de prise en charge de la sécurité sociale ou d’une ordonnance. Auparavant, ce montant était de 4,50 euros sur présentation d’une prescription médicale et de 6,30 euros avec un bon de prise en charge (et 6,60 euros HT pour Mayotte). L'acte sera payé aux officinaux au fur et à mesure et non pas a posteriori comme les ROSP. En revanche, l’assurance-maladie n'a pas encore déterminé le taux de remboursement de cet acte, qui sera de 60 % ou 100 %. Un prochain arrêté abordera ces nouvelles modalités de prise en charge.
En ce qui concerne les autres volets de la généralisation de la vaccination officinale, on est encore dans le flou. Plusieurs textes nécessaires à sa mise en place manquent toujours, mais ils sont attendus pour fin mars ou courant avril.
Simplifications
Premièrement, un décret en conseil d'État doit préciser les modalités de sa mise en œuvre. « Nous réfléchissons à simplifier l'actuelle autorisation des pharmacies à vacciner par les agences régionales de santé par une simple déclaration. Mais rien n'est tranché », explique Anne-Claire Camprou, directrice générale adjointe de la santé, qui s’est exprimée lors des Rencontres de l’USPO (Union des syndicats de pharmaciens d'officine) qui se sont déroulées le 30 janvier 2019. De plus, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) appelle à une simplification des démarches administratives : que le délai d’un mois pour être autorisé à vacciner soit raccourci à une semaine, et que certaines contraintes organisationnelles prévues dans le cahier des charges proposé pour l’expérimentation soit allégées. Par exemple, le syndicat souhaite que les officinaux puissent pratiquer la vaccination dans une pièce qui ne serait pas directement accessible depuis l’espace client à condition que le patient soit accompagné lors du cheminement jusqu’à cet espace. Quant au temps de surveillance du patient après l’acte de vaccination, qui était fixé à 15 minutes pour l’expérimentation, il sera bien supprimé.
Quelle cible vacciner ?
En deuxième lieu, un arrêté fixera la population qui pourra être vaccinée en pharmacie, selon les préconisations (à venir) de la Haute Autorité de santé (HAS). Les pharmaciens pourront-ils vacciner uniquement les adultes ciblés par les recommandations vaccinales en vigueur (sauf antécédents d’allergie sévère à l’ovalbumine ou à une vaccination antérieure) comme cela était le cas l‘année dernière ? Ou leur droit de vaccination sera-t-il étendu à toute la population adulte, même hors de la cible, comme les jeunes adultes qui en font la demande à l’officine, par exemple ? Pour Anne-Claire Camprou, on devrait sans doute, pour le moment, rester dans la cible. « Si l’on sort de ce périmètre, il y aura de nouvelles questions à régler : prix de l’acte, problématique de l’approvisionnement de vaccins qui a déjà été tendu cette année avec de nombreuses ruptures », analyse-t-elle.
De leur côté, les syndicats de pharmaciens ont un avis beaucoup plus tranché sur la question. « Les officinaux doivent pouvoir administrer le vaccin contre la grippe sans distinction de personne (adulte), et sans ordonnance », revendiquent-ils.
Formation
Un troisième arrêté abordera la formation (de 6 heures) des pharmaciens à la vaccination, qui pourrait être allégée en termes d'obligation présentielle. La FSPF n’est toutefois pas favorable à ce que l’essentiel de la formation soit réalisé en e-learning. « Une formation présentielle de quelques heures est incontournable pour la pratique de l’injection, et un déplacement pour un temps restreint serait fortement pénalisant et discriminatoire pour les territoires ruraux », argumente le syndicat.
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