Les volontés politiques sont ambitieuses, les moyens mis en œuvre insuffisants. Le gouvernement a fixé un objectif de prescription de 50 % dans le répertoire en 2019. Pour y parvenir, la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2019 prévoit l’obligation de justification des médecins à chaque utilisation de la mention non substituable (NS) et le reste à charge pour les patients refusant la substitution générique sans justification médicale. Mais pour Stéphane Joly, président du GEMME, non seulement ces mesures ne s’attaquent pas à la prescription hors répertoire, pourtant considérée comme le nœud du problème, mais en sus « l’évolution du marché n’est pas en phase avec l’ampleur des défis à relever ». L’amélioration attendue grâce à l’élargissement du répertoire aux médicaments hybrides et aux antiasthmatiques ne suffira pas, et surtout cette disposition n’entrera pas en vigueur avant le 1er janvier 2020. En attendant, il faudra faire sans.
Ce qui devient compliqué pour les fragiles entreprises de génériques. L’an dernier, le marché n’a progressé que de 1,6 % en volume et de 1 % en valeur. Pourtant le secteur pourrait faire figure de poule aux œufs d’or. En 2018, il a généré plus de 3 milliards d'euros d’économies. Et la carotte est appétissante : chaque pourcent de prescription supplémentaire dans le répertoire entraîne 80 millions d’euros d’économie. Le GEMME a bien quelques idées : réduire les baisses massives de prix et inciter financièrement médecins, patients et pharmaciens. Il propose de majorer la consultation des médecins ayant atteint leur objectif de prescription dans le répertoire et de créer un honoraire sur objectif de prescription en DCI pour les spécialités complexes. Un autre honoraire serait destiné aux pharmaciens pour la substitution de ces spécialités complexes. Quant aux patients, le GEMME imagine appliquer une franchise plus faible aux médicaments inscrits au répertoire générique.
Cinq ans d'attente
En France, le chemin parcouru par les génériques en 20 années de droit de substitution par le pharmacien n’a pas été simple, malgré les nombreuses mesures de soutien : marge générique = marge princeps en 2000, mise en place de tarifs forfaitaires de responsabilité (TFR) en 2003, puis du tiers payant contre générique en 2006, obligation de prescription en DCI en 2015… Qu’en sera-t-il pour les biosimilaires ? Leur marché est resté en retrait durant 10 ans, il est désormais dynamique à l’hôpital. Mais en ville, c’est le statu quo. Là encore, le gouvernement se veut ambitieux : 80 % de pénétration des biosimilaires dans leur marché de référence d’ici à 2022. Avec ou sans droit de substitution du pharmacien ? Il est inscrit dans la LFSS 2014, mais les officinaux attendent depuis 5 ans le décret d’application encadrant cette substitution…
Pour approfondir ce vaste sujet, Le « Quotidien » anime une table ronde le dimanche 31 mars, de 16 heures à 17 h 30, en présence de Romain Lecointre (pharmacien hospitalier, auteur d'un livre sur les biosimilaires), Laurent Filoche (UDGPO), Christian Grenier (FEDERGY), Gilles Bonnefond (USPO), Denis Millet (FSPF) et un représentant du GEMME.
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