En 1970, un certain Morlet remportait le concours Lépine avec une invention prétendue satisfaire les plus fainéants. Il avait créé un appareil pour enlever les bas et les chaussettes sans se baisser.
Depuis, cette trouvaille a trouvé une place dans le monde de la santé pour les personnes ayant des difficultés à se courber ou à plier les genoux. C’est par l’observation que de nombreux dispositifs d’aide à l’autonomie ont vu le jour, et nombreux sont ceux qu’il reste à inventer.
Car plus l’âge ou la maladie avancent, plus les gestes du quotidien peuvent devenir pénibles et douloureux. Se lever, porter une fourchette à sa bouche, se laver, se chausser, tout devient laborieux au point d’abandonner et de se laisser assister. Cette perte d’autonomie crée la dépendance, la dépendance enlève l’envie de vivre.
Du gadget qui sauve la dignité
Certains de ces dispositifs relèvent du gadget, et peuvent apparaître superflus pour les personnes bien portantes. Pourtant, ils contribuent à conserver une dignité, celle de pouvoir se débrouiller seul le plus longtemps possible. Bien entendu, demander de l’aide n’est pas une honte. Mais ne plus pouvoir écrire ou ouvrir une bouteille entame la confiance en soi, avec un retentissement psychologique négatif.
Les ouvre-bouteilles pour ouvrir une bouteille d’eau ou les accroche-cannes sont de « ces accessoires pas accessoires du tout » qui facilitent la vie, voire évitent des accidents. En permettant de ramasser les objets tombés à terre sans se pencher, les pinces de préhension préviennent les chutes. Pour se vêtir ou se chausser, les enfiles-boutons ou le chausse-pied long répondent à celles et ceux qui ont une faiblesse dans les doigts mais qui souhaitent continuer à s’habiller seul, avec les vêtements de leur choix. L’âge et la maladie n’ont pas à guider les goûts et les envies.
L’alimentation reste un point crucial, vital. Les accessoires pour aider à manger, qu’il s’agisse des assiettes à rebord antidérapantes ou des tasses et verres ergonomiques qui assurent une meilleure prise en main, complètent la prise en charge diététique et contribuent à redonner l’envie de s’alimenter.
Favoriser les plaisirs pour repousser le déclin
Si écrire, dessiner ou tricoter n’est pas vital, ces plaisirs quotidiens contribuent au bien-être et sont bénéfiques pour l’esprit. Pour les préserver le plus longtemps possible, il existe des stylos ergonomiques, à conseiller aux sujets ayant des faiblesses dans les mains. Pour les amateurs de cartes qui ont des difficultés à les tenir avec leurs doigts, des portes cartes peuvent être proposés. Le jeu permet d’entretenir les capacités cognitives et renforce la convivialité.
Sécuriser l’environnement pour prévenir l’accident
La chute peut être fatale chez les sujets âgés, notamment en cas de fracture du col du fémur. Les tapis, les fils électriques traversant les pièces, ou les divers obstacles (pas toujours évidents à identifier) doivent être au maximum supprimés. Mais un changement, même minime, n’est pas toujours facile à faire accepter à l’habitant.
Un compromis peut être apporté avec l’utilisation de sous-tapis antidérapants, ou de tulle à mettre sur les chaises et les fauteuils pour éviter de glisser. Ces tapis sont également appréciés dans la salle de bain (douche et baignoire), où le risque de chutes est majoré. En outre, les barres d’appui (verticales, obliques ou horizontales) placées généralement dans la salle de bain, les toilettes, les escaliers et la chambre, sont souvent incontournables pour reprendre l’équilibre. Leur installation conditionne leur efficacité.
L’obscurité est également une cause d’accident. Sans revoir l’installation électrique, il existe des ampoules LED à détection de mouvement (360 °) facile à installer.
Même réduite, la mobilité doit être préservée
Des solutions simples, comme des pieds élévateurs, existent pour surélever des lits ou des fauteuils, et faciliter l’action de se relever. Plus fonctionnels, les fauteuils releveurs motorisés sont conçus pour les personnes à mobilité réduite, qui ont du mal à passer de la position assise à la position verticale.
Ils sont généralement inclinables, et présentent une option position de repos avec un repose-pieds. Les fauteuils à assise déhoussable sont à privilégier pour un entretien plus facile. Pour les personnes agitées ayant des difficultés à se maintenir assises, le fauteuil coquille est une alternative à l’alitement.
Dans tous les cas, le choix de ces produits dépend de la corpulence de la personne. Les lits médicalisés et les accessoires associés améliorent le confort du patient mais aussi, en cas de soins, facilite le travail de l’aidant familial ou de l’aide-soignant.
Le pharmacien, un acteur de l’autonomie
Le rôle du pharmacien dans le MAD (maintien à domicile) et le maintien de l’autonomie est décisif. Cela impose un investissement complet, au comptoir et hors des murs de l’officine, comme l’explique le Dr Marie-Laure Doucet, titulaire associée à Thenezay (Deux-Sèvres) et présidente du réseau de gérontologie Nord Deux-Sèvres : « Nous accompagnons toujours le prestataire lors d’une livraison. Ce déplacement favorise l’échange ; les clients osent plus confier leurs soucis. Nous venons avec la documentation nécessaire, ce qui permet d’entrevoir des solutions. Quand la demande intervient à l’officine, nous nous isolons avec le patient ou sa famille dans l’espace de confidentialité. Chaque fois que c’est possible, nous proposons de tester le produit ou d’emporter des échantillons. »
Enfin, Marie-Laure Doucet et son équipe participent activement aux réunions de coordination de soins ou d’HAD : « les échanges avec les autres professionnels sont toujours constructifs et permettent d’identifier les besoins et de cibler les solutions les mieux adaptées. »
Article précédent
« Pour les seniors, la santé est avant tout un moyen »
Article suivant
Bien manger pour mieux vieillir
Mme Marianne S., 78 ans
Les technologies au service de l’observance
Polymédiqué et adepte du générique
L’élixir de jeunesse a-t-il de l’avenir ?
Sous le signe de la diversité et de l’inégalité
Faire face aux griffures du temps
« Pour les seniors, la santé est avant tout un moyen »
Des outils pour sortir de la dépendance
Bien manger pour mieux vieillir
La PDA, une arme contre l’iatrogénie
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %