Les statistiques économiques sur l’officine peuvent varier suivant la typologie des pharmacies étudiées, leur localisation, l’importance de leur chiffre d’affaires… Pour cette raison, la comparaison des résultats entre plusieurs sources est particulièrement intéressante et pertinente. C’est ce qui a été fait, il y a quelques jours, avec la présentation simultanée, lors de la Journée de l’économie du « Quotidien », des statistiques 2015 de Fiducial, de KPMG et du groupement CGP.
En ce qui concerne l’activité, le chiffre d’affaires moyen relevé par Fiducial est de 1,498 million d’euros, en recul de 0,98 % par rapport à 2014. Celui de KPMG est de 1,533 million d‘euros, en très légère progression, lui, par rapport à 2014 (+ 0,12 %). Enfin, le groupement CGP arrive à un chiffre d’affaires moyen de 1,777 million d’euros, avec une baisse de 0,28 %. « Il s’agit là du chiffre d’affaires moyen toutes activités confondues, avec le médicament remboursable et non remboursable, et avec les prestations », précise Philippe Becker, directeur du département pharmacie de Fiducial.
Dans le groupement CGP, le niveau moyen d’activité est plus élevé. « Il y a des régions, dans le Nord ou en Normandie notamment, où nous avons des officines plus importantes que la moyenne nationale. C’est ce qui explique que notre moyenne d’activité est plus haute », commente Olivier Desplats, président du groupement CGP.
Par ailleurs, pour KPMG, la légère progression du chiffre d’affaires moyen observée en 2015 doit être nuancée. « Il faut examiner les différentes catégories de ventes. Nous sommes nous aussi en recul sur le médicament remboursable, avec un repli de 0,6 % en 2015. Pour nous, ce sont les ventes de parapharmacie et d’automédication qui permettent d’avoir un chiffre d’affaires global quasiment stable. Par ailleurs, si l’on regarde non pas la moyenne mais la médiane, nous avons davantage de pharmacies avec une évolution négative de chiffre d’affaires que de pharmacies avec une évolution positive », fait valoir Joël Vellozzi, responsable national du réseau professions de santé chez KPMG.
De fait, pour les trois cabinets, les officines dont le chiffre d’affaires a baissé en 2015 sont plus nombreuses que celles qui ont vu leur activité progresser. Il y a certes quelques différences (60,67 % d’officines en évolution négative pour Fiducial et 54 % seulement pour CGP) mais, globalement, cette tendance est très cohérente. « C’est même impressionnant puisque, malgré nos méthodes de travail et nos panels différents, nous avons tous les trois des résultats très proches, fait remarquer Philippe Becker. Certes, il y a aussi des pharmacies dont l’activité continue de progresser, mais elles sont minoritaires. Cela montre qu’il y a bien une pharmacie à deux vitesses. »
Des gagnants et des perdants
En ce qui concerne les variations de chiffre d’affaires par zones de chalandise, les pharmacies rurales sont parmi les plus touchées par la baisse d’activité. Inversement les officines « gagnantes » sont les pharmacies installées en centre commercial ou en zone commerciale, avec une augmentation moyenne d’activité allant jusqu’à 3,1 % en 2015 pour KPMG. Pour les pharmacies urbaines, les trois cabinets n’ont pas les mêmes classifications, mais on voit bien les mêmes tendances négatives pour les trois cabinets.
Si l’on regarde, d’autre part, les variations d’activité par tranches de chiffre d’affaires, les résultats se recoupent avec l’analyse sur les variations par zones de chalandises : « globalement, l’importance de la pharmacie a un effet positif sur l’évolution de l’activité. Plus on est gros, plus on grossit », résume Philippe Becker. Des propos que confirme Olivier Desplats, pour qui « ces statistiques d’activité posent clairement le problème de la pérennité des petites entreprises ».
Dernier ratio important, enfin, concernant toujours l’activité : la part du médicament remboursable dans le chiffre total des ventes. Dans les trois cabinets, elle est quasiment identique, avec une moyenne de 75 %. Mais les chiffres présentés par Fiducial, KPMG et CGP montrent aussi que sur les deux dernières années, cette part est en régression. « L’effet taille, toujours, rend l’officine moins dépendante du remboursable. Plus la pharmacie est importante, moins elle dépend de cette part de marché », conclut Olivier Desplats.
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