Les syndicats, l'Ordre des pharmaciens, des parlementaires, Xavier Bertrand… les voix s'élèvent contre le projet de loi qui pourrait favoriser la vente en ligne de médicaments sans ordonnance.
Présenté ce matin en Conseil des ministres, le projet de loi « ASAP » pour « Accélération et simplification de l'action publique », suscite une levée de boucliers dans l'ensemble de la profession. Députée MoDem de Seine-Maritime et pharmacienne, Agnès Firmin Le Bodo a adressé hier un courrier au président de la République pour lui faire part de sa ferme opposition à tout assouplissement des conditions de vente en ligne pour les médicaments. « On assiste à un télescopage malheureux entre ce que veut le ministère de la Santé et ce que souhaite le ministère de l'Économie et des Finances, estime l'élue. Agnès Buzyn a permis au pharmacien d'avoir une place importante en tant qu'acteur de la santé et maintenant Bercy veut faire passer une loi qui ouvre la porte à des dérives en matière de sécurité sanitaire et menace l'avenir des officines, c'est totalement incohérent. » Agnès Firmin Le Bodo a été quelque peu étonnée lorsque Gilles Bonnefond, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), l'a alertée sur le sujet (voir notre article « abonné ») la semaine dernière. « L'attention des députés est tellement concentrée sur la réforme des retraites que je ne suis pas sûre que tout le monde soit parfaitement au courant », observe-t-elle.
Sur Twitter, Xavier Bertrand, ancien ministre de la Santé et actuel président de la région Hauts-de-France, a lui aussi pris position. « Je suis contre la libéralisation de la vente en ligne de médicaments envisagée par le gouvernement. Les patients ont besoin d'une pharmacie de proximité garantissant l'accès aux médicaments sur l'ensemble du territoire. » Si la ministre de la Santé a précisé ce matin que le gouvernement ne souhaitait pas que des plateformes « vendent des médicaments comme on vend des livres » et que l'ambition serait de « mutualiser la vente en ligne entre plusieurs pharmacies », le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens a demandé le retrait pur et simple d'un texte qui n'apporte « aucune garantie de sécurité », selon sa présidente, Carine Wolf-Thal.
Si la pharmacie en ligne française LaSanté.net a publié un communiqué où elle évoque une « avancée modeste freinée par des pharmaciens rétrogrades », elle est pour l'instant bien seule à défendre cette position. Selon un sondage mis en ligne sur le site de l'USPO, 98,9 % des pharmaciens interrogés sont « défavorables au développement des plateformes pour les médicaments » et 97 % se disent « prêts à se mobiliser ».
Concentration des groupements : le mouvement s'accélère
Près de 40 % du chiffre d’affaires
Médicaments chers : poids lourds de l’activité officinale
Les concentrations continuent
Hygie 31, Giropharm : grandes manœuvres au sein des groupements
Valorisation et transactions en 2023
La pharmacie, le commerce le plus dynamique de France