Une équipe en sous-effectif pour cause de congés estivaux. Une activité qui se maintient. Des annonces pour des remplacements sans réponse. Voilà en résumé la situation à laquelle sont confrontés de nombreux titulaires chaque année. Et ce n'est pas faute d'avoir anticipé la situation.
« Nous avions déposé une annonce dès le mois de janvier pour un remplacement d'été, sur le site de notre grossiste et à la faculté. Nous avons bien reçu quelques appels, mais sans suite », raconte Yann Langlais, pharmacien à Coulon, dans le marais poitevin. L'expérience de ce confrère est loin d'être isolée. Les témoignages ne manquent pas et aucune région de France ne semble épargnée. À Rueil-Malmaison Île-de-France), une pharmacienne explique qu'elle n'a pu prendre qu'une semaine de vacances en six ans : « Je passe énormément de temps à chercher des remplaçants. Pour cet été, je ne sais pas comment je vais faire. »
Virginie Rose Jambu, directrice régionale à l'Appel médical le confirme : « On constate des difficultés à recruter aussi bien en ville qu'en zone rurale. » Les chiffres parlent d'eux-mêmes ; entre 2015 et 2016, l'Appel médical a enregistré une hausse de 30 % des offres de CDD et de CDI pour des postes de pharmaciens. La situation est encore plus critique quand il s'agit de remplacer un préparateur, au point que certains titulaires abandonnent et choisissent de recruter des pharmaciens. Si les officines du littoral semblent tirer leur épingle du jeu, ces dernières connaissent d'autres problèmes, notamment des désistements de dernière minute. « Pour cet été, nous devions accueillir une préparatrice de juin à septembre pour renforcer l'équipe. Elle a finalement décliné l'offre et nous avons dû recruter au pied levé une autre personne », témoigne Stéphane Boutholeau, titulaire associé à Saint Jean de Monts sur la côte vendéenne.
Pénurie des remplaçants ou sélection exigeante ?
Où sont les remplaçants ? Les titulaires s'interrogent. La filière officinale connaît en effet une désaffection depuis plusieurs années. Au sein de la section D, le nombre de pharmaciens intérimaires a stagné, tandis que celui des remplaçants de titulaires a même diminué entre 2014 et 2015. À ce problème d'effectif s'ajoute une sélection exigeante. « L'attractivité de la zone géographique et les conditions de travail et d'accueil sont des critères déterminants, devant celui de la rémunération », souligne Virginie Rose-Jambu.
Pour des raisons d'organisation, les remplaçants privilégient les contrats de longue durée. En outre, le statut de remplaçant reste considéré comme précaire et entre un CDD de quelques jours et un CDI, le choix est souvent vite fait. Sophie Chollet, titulaire à Saint-Maixent l'École, l'a vérifié à ses dépens. « La pharmacienne qui devait venir en renfort cet été s'est désistée en avril. Elle a accepté un CDI ailleurs », regrette-t-elle. Les jeunes diplômés traditionnellement ciblés par les remplacements d'été ne semblent plus aussi prompts à répondre aux annonces. « J'ai l'impression qu'ils préfèrent rester proches des villes universitaires », suggère une titulaire installée dans le sud des Deux-Sèvres. Ce qui est vrai, c'est que la plupart d'entre eux sont bien souvent engagés pour assurer la saison estivale dans la pharmacie où ils ont effectué leur stage de fin d'étude. Autre critère important pour les remplaçants, la possibilité de logement sur place. « Le fait que nous ne proposions pas de logement est peut-être un frein », estime Yann Langlais. A contrario, cette option représente un atout et certains pharmaciens vont jusqu'à mettre à disposition leur propre maison.
Des solutions à court terme
Pour les titulaires qui n'ont pas encore trouvé de remplaçant, il faut trouver des alternatives. « Pour permettre à chacun de partir en vacances, je sollicite un peu plus mes adjoints et les préparateurs sur cette période », indique Sophie Chollet. D'autres choisissent de fermer leur pharmacie pour que toute l'équipe soit en congé en même temps. D'autres encore voient déjà avec regret leurs congés grignotés ou décalés, à moins de trouver in extremis celui ou celle qui sauvera leurs vacances.
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