Intelligence collective. Le terme est apparu en 2019, lors du Grand débat national lancé par le président de la République en réaction à la crise des Gilets jaunes.
C’est aujourd’hui au tour de PharmaVie de s’emparer de ce concept. Depuis le 10 janvier, il fait le pari ambitieux de proposer à ses membres de « co-construire » l’avenir de leur groupement. « Nous étions à la recherche d’une solution pouvant se nourrir des expériences des uns et des autres afin d’embarquer tout le monde dans une feuille de route co-construite avec le maximum d’adhérents. Or un questionnaire est trop statique. À l’heure du digital, un autre choix s’imposait, celui de l’intelligence collective », expose Pierre-Alexandre Mouret, directeur des opérations et de la stratégie. Ce concept, qui allie intelligence et connaissances issues de l’expérience, s’appuie sur les interactions entre les membres d’une communauté qu’il fait converger, dans une démarche collaborative, vers une solution consensuelle.
En toute logique, le directeur des opérations et de la stratégie de PharmaVie s’est adressé à Bluenove. Cette société pionnière en intelligence collective, qui conseille des groupes tels que Decathlon, Engie, SNCF, les pouvoirs publics (Agence française de biodiversité, Région Occitanie, ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires…) et des organisations (Ligue française contre le cancer…), avait été associée dans le cadre d’un marché public au Grand débat national de 2019, pour procéder à l’analyse et à la synthèse des contributions. « Nous ne sommes toutefois pas avec PharmaVie dans la même configuration du Grand débat, où les contributions portaient essentiellement sur des constats de problèmes, des doléances. Avec ce groupement de pharmaciens, nous sommes axés sur la construction de solutions. La notion de masse et la gestion de la quantité restent cependant identiques », relève Martin Duval, co-fondateur et co-président de Bluenove.
L’Ordre et les étudiants consultés
En effet, la démarche de PharmaVie s’adresse potentiellement à 5 000 personnes, les quelque 600 adhérents étant incités à faire participer leurs salariés. Car un autre concept dans l’air du temps s’est lui aussi invité dans la démarche innovante de PharmaVie, celui de démocratie participative. Les titulaires adhérents, mais aussi leurs adjoints et leurs préparateurs, peuvent ainsi réagir sur la plateforme collaborative. « Ce n’est pas une histoire de statut, chacun a des choses à dire », estime Pierre-Alexandre Mouret.
Preuve de cette approche transversale, le débat de PharmaVie s’adresse aussi à deux cibles externes, l’Ordre des pharmaciens et les étudiants en pharmacie, en tant que « parties prenantes écosystémiques », précise le directeur des opérations et de la stratégie de PharmaVie.
Attrapeurs d’idées
Pour l’heure, cinq thématiques ont été retenues pour esquisser l’avenir du groupement : la pharmacie de demain, le rôle de l’équipe officinale, l’écoute du patient-client, le digital, opportunité pour le pharmacien, et enfin, le pharmacien de demain. « Ces thèmes ne sont cependant que des axes, des troncs auxquels les contributeurs peuvent ajouter des branches et autant de ramifications qu’ils le souhaitent », précise Martin Duval. Les pharmaciens et leurs équipes pourront en effet s’exprimer de manière très libre. Du reste, certaines productions font déjà preuve d’originalité et de créativité, « des véritables pépites, comme ces poèmes que nous avons déjà recueillis sur la plateforme », se félicite Pierre-Alexandre Mouret.
Comme sur un forum, les adhérents peuvent interagir aux « posts » de leurs confrères. À l’heure de l’intelligence artificielle, la pléthore de contributions qui devrait en résulter ne pose aucun problème méthodologique. « Nous utiliserons, comme pour le Grand débat national, des algorithmes d’analyse sémantique qui reposent sur des critères lexicologiques et fréquentiels. Le croisement des conversations permettra de dégager des mots-clés et de faire émerger les idées innovantes. Nous nous considérons comme des « attrapeurs d’idées » », explique Martin Duval, dont les équipes sont chargées pendant 8 semaines de la modération et de l’animation de la communauté PharmaVie.
L’approche méthodologique suppose également des restitutions, à mi-parcours, à l’ensemble des contributeurs sous la forme d’une synthèse intermédiaire. « Cet élément, composante essentielle de notre exigence en matière de transparence, est précieux car il permet de valider ce qui a été dit précédemment et de relancer le débat », relève Martin Duval. S’il admet que le lancement d’un grand débat au sein du groupement requiert « un certain courage managérial parce que l’on ne sait pas ce qui va en ressortir », Pierre-Alexandre Mouret veut surtout en retenir le gain de temps qu’il induit. « Il va réduire les cycles de la courbe du changement et nous fournir des réponses à la hauteur de l’enjeu », se promet-il.
Un cahier blanc de la pharmacie
C’est donc avec sérénité que la direction du groupement aborde ce levier du changement, impatient de découvrir la synthèse qui sera présentée par Bluenove au congrès PharmaVie, fin mars, à Madrid. Mais le groupement ne se contentera pas d’utiliser ce document comme fondement de sa feuille de route pour les cinq prochaines années. PharmaVie souhaite en tirer un livre blanc à l'intention des pouvoirs publics, comme le suggère Pierre-Alexandre Mouret, « un cahier blanc de la pharmacie reflétant ce qu'entrevoit un panel de pharmaciens pour l’avenir de la profession ».
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