En toute objectivité, le pôle pharmacie et santé des Échos Études pèse la probabilité d’une levée du monopole sur les médicaments d’automédication « à court et moyen terme ». Il existe des facteurs favorables tels que la brèche présentée par « l’introduction du libre accès en 2008 » ou la légalisation de la vente de médicaments en ligne en décembre 2012. Mais il manque une volonté politique.
La ministre de la Santé Agnès Buzyn a rappelé la semaine passée s’opposer à l’ouverture du monopole de dispensation du médicament : « On ne peut pas hurler sur les effets secondaires des médicaments, et c’est réel, dire qu’il faut plus d’informations sur le médicament, et c’est une nécessité (…) et dire qu’on va pouvoir acheter tout et n’importe quoi dans des grandes surfaces sans le conseil d’un pharmacien. » Exit donc les médicaments en grandes surfaces dont elle ne croit pas « qu’elles soient en capacité de nous aider pour la santé publique ». Les prédécesseurs d’Agnès Buzyn, de Roselyne Bachelot – à qui l’on doit l’expression « piliers irréfragables » - à Marisol Touraine, ont toujours défendu l’exception officinale française au nom de la santé publique.
Assiégée de toute part
En l’absence d’une décision politique qui irait à l’encontre des actuels piliers officinaux, tout danger semble donc écarté. Néanmoins, remarque Hélène Charrondière, directrice du pôle pharmacie et santé des Échos Études, « la pharmacie d’officine est assiégée de toute part ». Aux revendications insistantes de la GMS s’ajoutent en effet les menaces de libéralisation de la Commission européenne à intervalle régulier depuis le milieu des années 2000, les rapports tout aussi libéraux qui se succèdent depuis 2010 (Attali, Beigbeder, Rochefort, Longuet, Ferrand) ainsi que les avis de Bercy, de la Cour des Comptes, de l’Inspection générale des Finances et de l’Inspection générale des affaires sociales (IGF et IGAS) ou de l’Autorité de la concurrence. Cette dernière doit d’ailleurs rendre en fin d’année les conclusions de son enquête sectorielle sur le domaine de la santé, des conclusions « de nature consultative » qui devraient à nouveau préconiser une mise en concurrence plus large, avec la vente de médicaments en grande surface et un assouplissement des règles françaises en matière de vente en ligne de médicaments. Enfin, le danger vient aussi et surtout des e-concurrents, qu’ils soient généralistes comme Amazon et Alibaba, spécialisés comme Doctipharma ou 1 001 Pharmacies, spécialisées et étrangers comme Newpharma…
Conditions restrictives
Autant de raisons pour analyser les conditions restrictives mises en place dans les pays où le pharmacien n’a plus le monopole de dispensation du médicament : limite du nombre de comprimés par boîte (Royaume-Uni, Pays-Bas) ou des substances actives autorisées (Grèce, Irlande, suède), présence obligatoire d’un pharmacien diplômé (Italie, Portugal), exigence d’une licence de distribution spécifique (Danemark, Italie, Portugal), vente autorisée à partir d’une certaine limite d’âge (Suède, Danemark), localisation des rayons médicaments dans l’espace de vente (Suède). Pour Hélène Charrondière, il y a fort à parier que si le monopole devait s’ouvrir un jour en France, toutes ces restrictions se cumuleraient au moins dans un premier temps, à l’image des choix du gouvernement lors de la légalisation de la vente en ligne de médicaments.
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