Rien ne permet d’affirmer que le geste est symbolique, mais la croix verte de la pharmacie Fabre d’Églantine, place de la Nation à Paris, a volé en éclat le 28 avril, sous les projectiles des casseurs. Quelques dizaines de mètres plus loin, le coin de la vitrine de la pharmacie Benhamou-Azoulay présente plusieurs lézardes et un tag. Trois pharmacies sont réparties autour de la place de la Nation, point de convergence quasi-obligé de tous les défilés parisiens.
Ariane Bismuth, titulaire de la pharmacie Fabre d’Églantine, était de garde dimanche 1er mai, au plus fort des manifestations contre la Loi travail. « Comme ma vitrine avait été brisée trois jours auparavant, des policiers étaient en faction, mais la place étant sécurisée et inaccessible, je n’ai eu aucun patient », déplore la pharmacienne qui a dû néanmoins verser à ses salariés, vigile compris, l’indemnité conventionnelle égale à leur salaire, en raison du 1er mai.
Ce ne sont pas tant les dommages, pris en charge par l’État via les compagnies d’assurance, qui pèsent sur la trésorerie des pharmacies que la durée des mouvements sociaux. Ariane Bismuth chiffre ainsi à 30 % son manque à gagner pour le seul mois d’avril. « Ici, nous avons l’habitude. Lors des manifestations de 1995 déjà, les titulaires précédents avaient été pris à partie. Mais à chaque manifestation la place est désertée, ce qui, à force, se fait ressentir sur notre activité », note de son côté, Nicolas Gault, pharmacien adjoint de la pharmacie Benhamou-Azoulay.
Fans zones et zones à risque
Côté République, début du parcours des manifestations et « au bout de la Nuit debout », comme elle le décrit, Jennifer Lerner a vu sa porte fracturée par des projectiles. « Je pense que c’était pour le simple plaisir de casser », déclare la jeune titulaire dont l’activité avait déjà été ralentie en novembre dernier. En raison de l’enquête policière, elle n’avait pu rouvrir immédiatement son officine située dans le périmètre des attentats.
Une nouvelle fois, le syndicat des pharmaciens de Paris s’est montré solidaire. « Nous avons demandé une protection particulière à la préfecture de police pour ces pharmaciens situés en zones à risque, notamment lors des gardes », déclare Andrée Ivaldi, présidente de la Chambre syndicale des pharmaciens de Paris (FSPF 75). Par ailleurs, la Chambre de commerce et d’industrie de Paris a été contactée pour que les pharmaciens sinistrés puissent bénéficier d’un allégement ponctuel des droits de voirie ainsi que d’un report pour le paiement de leurs charges à l’URSSAF. « Dans la situation économique actuelle de la pharmacie, ces officines n’ont pas capacité à faire face à une baisse brutale de leur activité sur plusieurs jours », expose Andrée Ivaldi. Les pharmaciens parisiens ne sont pas au bout de leurs peines. Car à peine la loi El Khomri sera-t-elle passée que se profilera le prochain événement dans la capitale : l’Euro et ses fans zones. Les commerces situés dans ces périmètres seront obligés de baisser le rideau à 18 heures.
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