Hormonodépendance.
Les cellules du cancer de la prostate (de type adénocarcinome dans 95 % des cas) dépendent, comme le tissu prostatique sain, des androgènes pour croître et survivre. La testostérone circulante captée par la cellule prostatique y est transformée en dihydrotestostérone (DHT) par la 5-alpha-réductase. Cette DHT a une affinité cinq fois supérieure à celle de la testostérone pour le récepteur aux androgènes cytoplasmique auquel elle se fixe. Le complexe récepteur-DHT est alors transféré dans le noyau cellulaire où il se lie à des gènes, entraînant leur transcription et une cascade de réactions permettant le contrôle de la croissance, de la survie et de la prolifération des cellules prostatiques. Ceci explique qu’une privation androgénique provoque l’apoptose des cellules prostatiques normales comme tumorales (cet effet s’épuise cependant après quelques années lorsque la tumeur devient résistante).
Sensibilité et résistance.
À partir d’un certain stade, la plupart des tumeurs prostatiques ne restent plus hormonodépendantes : les cellules cancéreuses n’ont plus besoin des androgènes pour se multiplier. Deux théories non exclusives expliquent la progression tumorale même privée de testostérone : l’existence de clones cellulaires résistants sélectionnés par le traitement antiandrogène et une régulation génique permettant au cancer de s’adapter pour survivre. Le pronostic de la maladie devient alors très péjoratif (médiane de survie généralement comprise entre 9 et 18 mois).
Stades d’évolution.
L’évolution du cancer de la prostate reste lente. Contrairement à l’adénome prostatique, la tumeur se développe progressivement dans la zone périphérique de la glande (80 % des cas) (ce qui explique qu’elle soit aisément détectable au toucher rectal, mais tardivement symptomatique). Une tumeur se développant dans la zone de transition, souvent non palpable, est diagnostiquée après biopsie demandée au vu d’un taux de PSA élevé ou après analyse histologique de copeaux de résection transurétrale réalisée pour hyperplasie bénigne de la prostate.
La tumeur est d’abord localisée : elle ne s’étend pas au-delà de la capsule prostatique. Puis elle finit par s’étendre au-delà : elle affecte l’urètre, les vésicules séminales, puis le trigone vésical ou le col vésical (avec possible dysurie et rétention urinaire). Elle peut ensuite coloniser les vaisseaux lymphatiques et les ganglions pelviens, avec développement d’adénopathies métastatiques susceptibles de comprimer les vaisseaux (et d’induire une thrombophlébite d’un membre inférieur) ou l’urètre. Le cancer forme finalement des localisations métastatiques distantes (os : vertèbres, bassin, côtes, os longs, crâne ; poumons foie) : la survie n’est alors que de 2 à 3 ans en moyenne.
La classification TNM distingue les divers stades d’évolution de la tumeur en fonction de sa taille (T), de la présence ou non de cellules cancéreuses dans les ganglions (N) et la présence ou non de métastases (M).
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