Qui est concerné par une hypothyroïdie et quelles en sont les causes ? L'hypothyroïdie est l'une des affections thyroïdiennes de l'adulte les plus communes (entre 5 et 10 % en France) avec une très nette prédominance féminine surtout à partir de la cinquantaine. Sa forme clinique typique est le myxœdème (infiltration des tissus sous-cutanés). Elle est le plus souvent secondaire à une atteinte inflammatoire ou auto-immune de la glande thyroïde. Les causes auto-immunes sont les plus fréquentes (60 % des cas), l’iatrogénie est la deuxième cause (27 %). Elle peut aussi résulter d'un traitement hyperthyroïdien ou d’un vieillissement prématuré de la glande qui s’atrophie.
Quelle est la prévalence de l'hyperthyroïdie ?
L'hyperthyroïdie appelée aussi thyrotoxicose prédomine chez le sexe féminin, sa prévalence est de 0 5 à 2 %. Elle correspond à l'ensemble des manifestations dues à une élévation de la sécrétion et de l'excrétion par la glande thyroïde des deux hormones T3 et T4. Comme l'hypothyroïdie, elle est qualifiée de clinique ou patente lorsque coexistent des signes cliniques francs et d'infraclinique ou de frustre lorsque les symptômes sont discrets ou absents.
Qu'appelle-t-on maladie de Basedow ?
C'est une maladie auto-immune à caractère familial qui constitue la forme la plus fréquente d'hyperthyroïdie. Elle est caractérisée par un goitre (gros cou par augmentation du volume de la glande) et des yeux exorbités. Elle a pour origine la présence d'un autoanticorps dirigé contre les cellules folliculaires, stimulant continuellement la sécrétion ou la croissance du corps thyroïde, et interagissant au niveau oculaire (ophtalmopathie sévère). Elle est essentiellement féminine entre 20 et 40 ans et survient volontiers à la suite d'un stress ou d'une émotion intense.
À quoi correspond la thyroïdite lymphocytaire d'Hashimoto ?
Elle est aussi caractérisée par un goitre et la présence d'un autoanticorps qui attaque les tissus thyroïdiens et ralentit le fonctionnement de la glande. Après une inflammation marquée par une hyperthyroïdie elle aboutit à une hypothyroïdie. C'est une maladie bénigne facile à soigner et qui touche surtout les femmes.
Quelles sont les autres étiologies d'un déséquilibre thyroïdien ?
Le nodule thyroïdien toxique est lié à une mutation activatrice du récepteur de la TSH au niveau de la thyroïde. Le goitre multinodulaire hétérogène survient en cas de carence iodée chez les patients de plus de 60 ans. Les thyrotoxicoses iatrogènes sont provoquées par un surdosage en hormones thyroïdiennes ou une surcharge iodée. Les autres causes de déséquilibre sont liées à des métastases fonctionnelles d'un cancer thyroïdien, un adénome hypophysaire thyréotrope.
Quels sont les signes cliniques d'une hypothyroïdie ?
Les symptômes sont insidieux, progressifs, d’intensité variable. Sur le plan général, ils se traduisent par une grande fatigue avec apathie et somnolence, un état dépressif, une frilosité, des troubles de mémoire et de la libido. La pensée fonctionne au ralenti et les muscles sont raides et douloureux (crampes). La constipation est fréquente. On note une prise du poids malgré une baisse d'appétit. La morphologie n’est pas épargnée et donne un aspect d'un faux œdème (pieds et mains boudinés, paupières bouffies, jambes gonflées, visage arrondi).
Quels sont ceux qui évoquent une hyperthyroïdie ?
L'excès d'hormones provoque une énergie débordante (hypermétabolisme) à la limite de l'épuisement, des bouffées de chaleur, une hypersudation, un amaigrissement malgré un appétit normal. La parole est saccadée, un tremblement léger affecte les extrémités des membres, le débit cardiaque est accéléré. Au niveau des yeux, l'éclat très brillant du regard est associé à une protrusion plus ou moins accentuée des globes oculaires. Cette manifestation clinique appelée exophtalmie (yeux exorbités) peut entraîner des troubles de la vision. La maladie est très fatigante, un repos physique et psychique complet s'impose.
Quelles sont les complications ?
Une hypothyroïdie peut se compliquer d'atteintes cardiovasculaires (angor, infarctus, troubles du rythme, HTA, péricardite) d'un syndrome occlusif par ralentissement du transit intestinal, d'un syndrome dépressif, de confusion ou d'un état délirant, d'une anémie. Le coma myxœdémateux (rare) est une urgence thérapeutique. Les complications d'une hyperthyroïdie sont également cardiaques (troubles du rythme, insuffisance cardiaque et coronaire, embolies artérielles). La crise aiguë thyrotoxique peut entraîner une exophtalmie maligne avec inflammation des éléments du contenu orbitaire et des paupières, d'une myopathie, de bouffées délirantes, d'accès maniaques, de syndrome confusionnel, d'ostéoporose.
Quelles sont les conséquences au cours de la grossesse ?
Les deux formes provoquent des fausses couches à répétition. Chez l'enfant à naître, en cas d'hyperthyroïdie on note un retard de croissance intra-utérin, une défaillance cardiaque, des malformations congénitales. En cas d'hypothyroïdie, on observe un faible poids de naissance, un déficit intellectuel. La thyroïdite auto-immune du post-partum touche environ 5 % des femmes après l'accouchement. Dans 80 % des cas il s'agit d'une atteinte transitoire mais elle peut être prise à tort pour une dépression. L'hypothyroïdie de l'enfant est beaucoup plus grave que celle de l'adulte car aux troubles morphologiques s'ajoutent les troubles du développement statural, génital et intellectuel.
La thyroïde peut-elle faire mal ?
Lorsqu’il grossit, un goitre peut exercer une compression trachéale qui peut s’étendre au thorax, mais les véritables douleurs de la thyroïde sont rares. Une douleur importante au cou qui remonte devant chaque oreille signe une inflammation. Ces thyroïdites d’origine virale surviennent par petites épidémies qui n’ont rien à voir avec la grippe.
Comment se forment et évoluent un goitre et un nodule ?
Un goitre peut se développer suite à une carence d'apport en iode, la glande manquant d'iode, elle fait le « forcing » et le volume thyroïdien augmente. L'utilisation de sel iodé a fait disparaître ce type de goitre en France. Le nodule est une tuméfaction localisée du corps thyroïdien parfois à peine palpable, soit solitaire, soit multiple dont près de 95 % sont bénins. Les nodules peuvent être des kystes remplis de liquide. Goitre et nodule sont souvent de découverte fortuite (souvent à l’occasion d’une angine), d’où l’intérêt de faire palper régulièrement sa thyroïde.
Quels sont les médicaments qui détraquent la thyroïde ?
Les plus connus sont certains traitements cardiaques (amiodarone), les produits de contraste et les antiseptiques iodés. Les antituberculeux, le lithium et les cytokines sont des pourvoyeurs d'hypothyroïdie. De nouvelles thérapeutiques utilisées en oncologie tels que les inhibiteurs des tyrosines kinases et les immunothérapies sont des causes d'insuffisance thyroïdienne. Les sels de fer, de calcium, les inhibiteurs de la pompe à protons, les pansements gastro-intestinaux, doivent être pris à au moins deux heures de distance des hormones thyroïdiennes car ils diminuent leur absorption.
Le cancer de la thyroïde est-il fréquent et grave ?
Ce cancer est relativement rare (1 % des tumeurs diagnostiquées). Son diagnostic ne constitue jamais une urgence et dans 80 % des cas son pronostic est très favorable car il donne rarement lieu à des métastases à distance. Le traitement repose sur la chirurgie et sur l'administration d'iode radioactif. En cas de contamination de l'atmosphère, l'irradiation de la thyroïde peut être prévenue par la prise de comprimés d'iodure de potassium distribués en pharmacie et qui bloquent l'entrée de l'iode radioactif dans la glande.
Quelles sont les précautions hygiénodiététiques ?
L’alimentation est essentielle au bon fonctionnement de la thyroïde. Elle doit être équilibrée afin de limiter la prise de poids (hypothyroïdie) mais aucune précaution particulière ne s’impose, sauf en cas d’hypercholestérolémie associée. En revanche, la récupération de la perte de poids (hyperthyroïdie) nécessite une alimentation suffisamment calorique riche en protéines. En cas d'hyperthyroïdie, il ne faut pas abuser des aliments riches en iode (poissons de mer, crustacés, sushis, algues), il faut limiter les situations stressantes, le repos est essentiel. Pour prévenir la constipation (hypothyroïdie), il est conseillé d'enrichir l'alimentation en fruits et légumes (fibres), de pratiquer une activité physique régulière.
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