La prise en charge actuelle de l’arthrose repose sur des traitements ayant uniquement des effets symptomatiques.
Si la douleur est soulagée, la mobilité de l’articulation et la qualité de vie du patient seront préservées.
Les traitements antalgiques
L’évaluation de la douleur est primordiale pour choisir le traitement antalgique.
À l’officine peuvent être proposés les antalgiques de palier I. Le paracétamol est prescrit à la dose de 3 à 4 grammes par jour avec des prises de 1 gramme espacées de 6 heures.
Les Anti-Inflammatoires Non Stéroïdiens (AINS) sont conseillés en 2e intention en raison de leur risque cardio-vasculaire. Ils sont administrés au cours des repas, aux doses minimales efficaces, avec une durée d’utilisation la plus courte possible et en ayant exclu les possibles interactions médicamenteuses.
En cas de douleur non soulagée par les antalgiques de palier I, le médecin peut prescrire des antalgiques de palier II voire de palier III. Le pharmacien s’assure alors de la conformité des ordonnances et de la gestion des effets indésirables.
En complément de la voie orale, les antalgiques locaux, présentés sous forme de gel, contiennent des AINS de type ibuprofène ou diclofénac. Le produit est à appliquer sur la zone douloureuse, jusqu’à 4 fois par jour, en massant doucement. En cas de prescription médicale de kétoprofène (Kétum), le pharmacien prévient le patient du risque de photosensibilisation lors d’une exposition au soleil.
Les traitements de fond
Il s’agit d’anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente (AASAL), d’actions antalgique et fonctionnelle, améliorant ainsi la mobilité.
4 molécules sont disponibles :
- La glucosamine sulfate, composant de la matrice du cartilage et du liquide synovial. Elle est déconseillée aux personnes diabétiques de type 2, astatiques ou allergiques aux crustacés. Ses effets indésirables digestifs incitent à la prise lors des repas.
- La chondroïtine sulfate sodique, retrouvée dans le cartilage et les os ; non recommandée chez les personnes hémophiles ou recevant un traitement anticoagulant.
- La diacéréine (Art 50), possédant une activité anti-inflammatoire modérée, est contre-indiquée chez les personnes de plus de 65 ans, en cas de maladie intestinale et d’insuffisance hépatique, en raison de ses effets digestifs et hépatiques
- Les insaponifiables d’huiles d’avocat et de soja, diminuant la production de médiateurs pro-inflammatoires
Le délai d’action des AASAL est généralement long, entre 1 et 4 mois. Ils sont arrêtés si aucune efficacité n’est constatée au bout de 6 mois. Associées à des vitamines, minéraux ou composés végétaux, la glucosamine et la chondroïtine sont également retrouvées dans les compléments alimentaires.
Les vitamines et minéraux
Par leurs propriétés anti-oxydantes, les vitamines A, C et E favorisent la destruction des espèces oxydées issues de l’inflammation. Les oligo-éléments tels que l’or, le cuivre, le manganèse et le soufre sont utiles en traitement de fond de l’arthrose grâce à leurs actions anti-inflammatoire et anti-oxydante et leur rôle dans la synthèse du cartilage. Ils sont prescrits à raison d’1 à 2 ampoules par jour.
Le silicium est un élément composant l’acide hyaluronique et le collagène. Il permet de synthétiser les glucosaminoglycanes du cartilage osseux. Il s’utilise en solution par voie orale ou en application cutanée sous forme de gel.
Enfin, un apport suffisant en magnésium permettrait de réduire les manifestations arthrosiques douloureuses. Les apports recommandés journaliers sont de 5 à 6 mg de magnésium par kg.
Phytothérapie
De la racine d’harpagophyton (Harpagophytum procumbens) sont extraits les iridoïdes aux vertus anti-inflammatoires.
Autre composé naturel anti-inflammatoire reconnu : la curcumine, extrait du rhizome de curcuma (Curcuma longa). Ne pas oublier la reine-des-prés (sommités fleuries de Filipendula ulmaria), traditionnellement conseillée pour diminuer les douleurs d’origine inflammatoire.
Ces deux plantes peuvent être associées à des plantes riches en silice, comme la tige de bambou (Bambusa arundinacea) et les feuilles d’ortie (Urtica urens). La silice favorise la solidité de la trame osseuse et augmente la résistance du tissu conjonctif.
La prêle des champs (Equisetum arvense) est également intéressante pour ses propriétés anti-inflammatoires, anti-œdémateuses et reminéralisantes.
En soin local peut être appliqué un cataplasme d’argile verte, jusqu’à 2 fois par jour.
Aromathérapie
Les huiles essentielles anti-inflammatoires de citronnelle de Java, d’eucalyptus citronné, de gingembre, de laurier noble et d’ylang-ylang peuvent être appliquées sur les articulations douloureuses, à condition qu’elles soient diluées dans une huile végétale.
L’huile essentielle de pin sylvestre, reconnue pour son action antalgique, peut également être associée à une huile essentielle anti-inflammatoire pour calmer les poussées douloureuses.
Homéopathie.
- Arnica montana 5 CH, utilisé pour traiter la douleur ;
- Radium bromatum 9 CH, 5 granules 3 fois par jour, en cas de poussée douloureuse, notamment nocturne ;
- Causticum 9 CH, 5 granules 3 fois par jour, indiqué en cas de coxarthrose ;
- Dulcamara 7 CH et Natrum sulfuricum, 5 granules le soir, si les crises sont accentuées par l’humidité ;
- Calcarea phosphorica 5 CH et Nux vomica 9 CH, 5 granules 3 fois par jour, si les symptômes sont aggravés par le froid ;
- Rhus toxicodendron 7 CH, 5 granules 3 fois par jour, si les douleurs sont améliorées par la chaleur et le mouvement ;
- Bryonia 9 CH, granules 3 fois par jour, si les douleurs sont aggravées par la marche.
Les spécialités Urarthrone et Rhus toxicodendron complexe numéro 80, associant chacune plusieurs souches, sont indiquées pour traiter les douleurs légères de l’arthrose.
Les aides techniques
Le pharmacien peut proposer des solutions non médicamenteuses pour soulager la douleur et aider les déplacements. Les semelles orthopédiques amortissent les chocs tandis que les cannes et béquilles mettent l’articulation au repos lors des poussées inflammatoires. Les orthèses (genouillère simple, strapping, attelle de doigt…) sont prescrites pour soutenir et soulager l’articulation.
Divers outils sont conçus pour améliorer la vie quotidienne : chariot, aide à l’habillement (chausse-pied, enfile-boutons, crochets de fermeture), manche télescopique, coussins de confort, repose-jambes…
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