AUJOURD’HUI, LE VIRUS A (H1N1) est détecté dans un nombre croissant de pays et sur quatre des cinq continents, sauf l’Afrique. « L’OMS a relevé son niveau d’alerte de 4 à 5 sur une échelle de six », souligne le docteur Jean-Marie Cohen, médecin épidémiologiste et directeur des Groupes régionaux d’observation de la grippe (GROG).
La phase 4 correspond à une transmission interhumaine du virus grippal ; et le passage en phase 5 signifie que le virus se propage dans au moins deux pays d’une région de l’OMS.
Au 13 mai, 14 cas ont été confirmés en France, tous importés, sans qu’aucune forme sévère n’ait été observée. Mais la pandémie ne fait que commencer, et médecins et pharmaciens se préparent à un épisode sérieux, en appliquant le Plan national de prévention et de lutte contre une pandémie grippale.
Créé en 2007, il prévoit la mise en alerte et/ou le renforcement des réseaux de surveillance : outre le GROG, les Sentinelles - réseau de médecins généralistes libéraux - recueillent et analysent les données pour détecter d’éventuelles épidémies.
Vigies sanitaires.
« L’INVS a demandé au réseau GROG de réactiver sa veille clinique intensive et de signaler les cas groupés d’infections respiratoires aiguës basses, c’est-à-dire au moins trois cas dans une même collectivité : famille, classe, unité de travail », reprend le docteur Cohen. Dans ce groupe d’experts, on compte bon nombre de pharmaciens, véritables vigies, dont le rôle est de repérer les patients à risques. L’officine est en effet leur premier lieu de rendez-vous - avant le cabinet du médecin - quand des symptômes apparaissent. Une opportunité à saisir pour former le public aux bonnes pratiques de prévention et de soins.
D’abord, en rassurant les patients : il existe peu de malades dans le monde, et pas de foyer d’épidémies ailleurs qu’aux USA et au Mexique. La presque totalité des patients touchés ont moins de 55 ans ; les cas sont relativement bénins. Deuxième axe d’intervention pour les blouses blanches : expliquer l’importance de certains gestes d’hygiène - en particulier le lavage des mains - et mettre l’accent sur les ventes de solutés hydroalcooliques, un produit mal connu du public.
Éducation thérapeutique et formation.
Enfin, viendra le moment d’une véritable éducation thérapeutique concernant le traitement des antiviraux. Un enjeu de taille, car ces médicaments ne sont efficaces que si les patients - souvent ignorants en la matière - les prennent tout de suite. Il importera donc, quand les stocks arriveront en officine, de les former au bon usage de ce traitement.
« Cette réactivité des professionnels de santé est liée à l’important effort de formation consenti dans le cadre du Plan. Entre 2006 et 2007, la moitié d’entre eux ont participé à des soirées pour approfondir leurs connaissances. Et les UTIP ont accueilli les deux tiers des officinaux », rappelle le Dr Cohen. Il s’agit du plus grand programme jamais effectué. Reste aujourd’hui pour le pharmacien à actualiser ses connaissances au fur et à mesure de l’évolution de la situation.
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