Comme l’âge, le sexe masculin apparaît comme un facteur de risque de formes graves et de mortalité par Covid-19.
Selon les données recueillies par le SI-VIC (système d’information pour le suivi des victimes) entre mars 2020 et février 2021, on observe une fréquence légèrement plus élevée d’hommes hospitalisés pour une infection par le SARS-CoV-2. Quant à la mortalité, près de 6 patients sur 10 sont de sexe masculin. Selon l’étude EPI-PHARE (CNAM et ANSM), le risque d’hospitalisation et de décès est multiplié respectivement par 1,4 et 2,1 chez l’homme, en comparaison à la femme.
Une immunité féminine plus puissante
Si le coronavirus semble contaminer de façon équitable les 2 sexes, une différence est effectivement constatée quant à l’évolution de cette infection. Dans une méta-analyse publiée dans Nature en décembre 2020, les auteurs confirment que les hommes sont plus à risque de développer une forme grave nécessitant une hospitalisation, voire une admission en réanimation. Une observation similaire avait été faite lors des épidémies par le SARS-CoV-1 (SRAS) ou le MERS CoV (52 % de mortalité chez l’homme, 23 % chez la femme). À l’issue de cette étude de grande ampleur, plusieurs explications sont avancées pour expliquer ce phénomène, en commençant par les spécificités immunitaires propres à chaque sexe.
Globalement, les femmes bénéficieraient d’une population de lymphocytes T plus active et d’une production augmentée de lymphocytes B, ce qui se traduit par une capacité immunitaire plus efficace. D’ailleurs, cette supériorité immunitaire se manifeste lors de la vaccination, et expliquerait la survenue plus fréquente d'effets indésirables en population féminine, comme le montrent les rapports hebdomadaires de surveillance des vaccins contre la Covid-19 émis par l’ANSM.
Une immunité sous influence hormonale
Cette différence de réaction immunitaire serait corrélée au profil hormonal des femmes, avec une interaction positive entre estradiol et lymphocyte T et d’autres cellules de l’immunité. Grâce à un effet médiateur de l’estradiol, les femmes se trouvent mieux armées que les hommes pour combattre l’infection par le SARS-CoV-2, mais également pour éviter les complications de type orage cytokinique. À l’inverse, l’hormone sexuelle masculine, la testostérone, tend à supprimer la réponse immunitaire. Paradoxalement, chez les hommes traités pour un cancer de la prostate par hormonothérapie anti-androgénique (castration chimique), on observe une évolution plus favorable de l’infection Covid.
Les autres armes féminines
Parmi les autres pistes avancées, le profil d’expression du récepteur ACE 2 (angiotensin coverting enzyme 2), facilitateur de la pénétration du coronavirus dans les cellules humaines, pourrait influencer l'évolution de l'infection. L'expression de ce récepteur serait plus importante chez les femmes sous l’effet des estrogènes, ce qui aurait pour conséquence de limiter le déséquilibre du système rénine-angiotensine-aldostérone induit par le virus.
Certains chercheurs mettent en avant les différences de comportement entre homme et femme, notamment un moindre respect des gestes barrières dans la population masculine. Cette hypothèse reste fragile pour expliquer la survenue de formes graves. En revanche, le mode de vie des hommes les expose, avec une fréquence plus élevée, à des pathologies telles que l’hypertension ou le diabète, considérés comme des facteurs de risque de formes sévères de Covid-19.
Sources :
Male sex identified by global Covid-19 meta-analysis as a risk factor for death and ITU admission. H.Peckham et al. Natures Communications, 9 décembre 2020
Stratégie de vaccination contre le Sars-Cov-2. Actualisation des facteurs de risque de formes graves de Covid-19 et des recommandations sur la stratégie de priorisation des populations à vacciner - Argumentaire. HAS, 1er mars 2021.
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