En février 2022, l'agence américaine du médicament (FDA) a autorisé, via une procédure d’urgence, le bebtélovimab du laboratoire Lilly, un nouvel anticorps monoclonal ayant une activité contre le variant Omicron.
Le médicament s’administre en une perfusion intraveineuse unique de 175 mg. Il est indiqué dans les formes légères à modérées du Covid-19 chez les adultes et les enfants de 12 ans ou plus qui présentent un risque de Covid grave, notamment d’hospitalisation ou de décès. Mais là ou le bât blesse, c’est que ce traitement n’est disponible qu’aux États-Unis.
Réclamé en France
En France, plusieurs associations de patients et des chercheurs ont réclamé sa mise à disposition. Mais leur demande a essuyé un refus du Laboratoire Lilly, qui ne prévoit pas de déposer un dossier en Europe, comme il a confirmé à la DGS en juillet 2022. La raison étant que l'Europe ne dispose pas de voie d’utilisation en urgence comme il existe aux États-Unis et ne pourrait donc pas autoriser le médicament. Au final, il n'y a donc pas de bebtélovimab en France ni ailleurs : « Malgré son intérêt crucial dans la stratégie thérapeutique Covid-19, il n'a été soumis aux autorités réglementaires nulle part en dehors des États-Unis, que ce soit pour des soins cliniques ou à des fins de recherche », déplorent ainsi des scientifiques, dont Brigitte Autran (immunologue et présidente du COVARS/Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires), Yazdan Yazdanpanah (directeur de l'ANRS-maladies infectieuses émergentes) dans un article du « Lancet » publié en septembre 2022. Dommage, car « parmi tous les anticorps monoclonaux disponibles, le bebtélovimab est le seul à avoir montré une activité in vitro remarquablement préservée contre tous les variants du SRAS-CoV-2, y compris le variant Omicron et les sous-variants BA.4 et BA.5 », poursuivent-ils. Et il pourrait être une alternative essentielle pour les populations les plus fragiles, notamment pour les personnes qui ne peuvent pas être traitées par Paxlovid en raison d'interactions médicamenteuses.
Un arsenal thérapeutique étoffé
Cela étant dit, on peut toutefois se réjouir, car l’arsenal thérapeutique contre le Covid s’est énormément étoffé par rapport au début de la pandémie. Même si chaque traitement a ses inconvénients. Ainsi, en traitement spécifique du Covid, on dispose d'une part d'antiviraux et d'anticorps monoclonaux - ces derniers pouvant être classés, dans une certaine mesure, comme des antiviraux puisqu’ils s'attaquent au virus : « Les antiviraux doivent être utilisés rapidement, dans les 5 jours après le début des symptômes, et chez des patients non hospitalisés et non oxygénorequérants », indique Maya Hites, infectiologue à l'hôpital universitaire Érasme de Bruxelles, lors d'une conférence de l'ANRS-maladies infectieuses émergentes. D'autre part, on dispose d'immunomodulateurs qui, eux, sont utilisés plus tard dans la maladie, chez des patients hospitalisés et oxygénorequérants : « ce sont des corticoïdes, essentiellement dexaméthasone, auxquels on peut ajouter des inhibiteurs de l'IL-6 (tociclizumab, etc.) ou des inhibiteurs des JAK (baricitinib, etc.) », ajoute-t-elle.
Evusheld contre Omicron
Et parmi les anticorps monoclonaux, le bebtélovimab n'est pas le seul à être indiqué dans le Covid. On dispose également d'Evusheld, qui conserve une certaine efficacité contre les sous variants Omicron. Toutefois, cette efficacité étant réduite, notamment face à Omicron BA.1, il a été décidé de doubler sa posologie, de 300 à 600 mg. Evusheld est indiqué en prophylaxie pré-exposition chez les patients immunodéprimés faiblement ou non répondeurs à la vaccination Covid, mais également, depuis mi-septembre 2022, en curatif chez les patients d'au moins 12 ans et pesant au moins 40 kg, atteints d’un Covid léger à modéré ne nécessitant pas d’oxygénothérapie mais à risque de Covid grave. Soit, à peu près la même population que le bebtélovimab. Concernant les autres anticorps monoclonaux, Ronapreve et Xevudy, ceux-ci ne sont plus ou pratiquement plus utilisés en raison de leur perte d’activité sur Omicron et ses sous-variants.
L'atout Paxlovid
Outre les anticorps monoclonaux, ce sont également quelques antiviraux qui sont disponibles en France. Avec en tête de liste, Paxlovid : un traitement qui a l'avantage d'une administration par voie orale mais qui a malheureusement beaucoup d’interactions médicamenteuses. « Ce qui interdit, par exemple, son utilisation chez les personnes greffées », illustre Maya Hites.
Autre antiviral, utilisé en France depuis août 2022 : le remdésivir. « Il a prouvé son efficacité en traitement précoce mais nécessite actuellement 3 jours d'administration intraveineuse, ce qui limite son utilisation en ambulatoire », évoque l'infectiologue. Enfin, le molnupiravir, qui n'a pas été retenu en France, en raison de sa faible efficacité et de questions restant en suspens en ce qui concerne sa sécurité. « Il est donc primordial de disposer de nouvelles molécules, pour les personnes à risque de Covid grave », martèle Maya Hites.
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