La variation de la masse corporelle s’accompagne de modifications physiopathologiques qui rendent illusoire la description de l’obésité par le seul IMC.
Poids total.
La masse corporelle intervient dans le calcul de la clairance de la créatinine (formule de Gault et Cockcroft) mais elle permet aussi le calcul direct de la posologie d’un grand nombre de médicaments (mg/kg ou g/kg). Le pharmacien n’en est pas moins confronté à des questions : peut-on extrapoler au sujet obèse une posologie validée pour un patient de poids normal ? Conserve-t-on une dose fixe chez un sujet obèse lorsque l’AMM ne donne pas de dose pondérale ? Ce descripteur trouve donc rapidement ses limites car l’augmentation du poids ne concerne pas dans une même proportion les tissus adipeux et maigre.
Surface corporelle.
La surface corporelle est utilisée dans le calcul des doses d’anticancéreux pour limiter la variabilité inter-individuelle et la toxicité des traitements, mais elle est souvent remise en question. Son usage pose problème chez le sujet obèse car la surface corporelle est souvent limitée à 2 m² dans les abaques : au-delà, nombre de spécialistes utilisent comme descripteur le poids ajusté.
Index de masse corporelle (IMC).
Permettant, nous l’avons vu, de définir l’obésité, l’IMC fait cependant l’objet de critiques : ne distinguant pas entre tissu adipeux et tissu maigre, il ne renseigne ni sur la répartition de la masse graisseuse ni sur la composition corporelle. Il est sous-estimé chez le sujet âgé et surestimé chez un sujet très musclé. De plus, le rapport entre IMC et obésité devrait être adapté aux groupes ethniques (le pourcentage entre la graisse corporelle et l’IMC varie selon les populations).
Périmètre abdominal.
Le périmètre abdominal décrit l’obésité d’une façon appropriée aux besoins du clinicien mais il n’existe aucun consensus entre cette mesure et la définition de l’obésité. L’adiposité abdominale (ou androïde) (tour de taille ou rapport tour de taille/tour de hanche) constituerait ainsi un prédicteur plus pertinent de risque de cancer colorectal que l’IMC.
Poids idéal.
Le poids idéal (IBW = Ideal Body Weight) satisfait une logique épidémiologique plus que physiopathologique ; il repose sur des formules complexes et souvent simplifiées : poids idéal = 22 / (taille en m)².
Autres descripteurs. Il faudrait, pour être exhaustif, évoquer ici le pourcentage d’augmentation par rapport au poids idéal (un poids compris entre 120 % et 200 % du poids idéal signe une obésité, morbide si ce %› 200 %), le poids de masse maigre, le poids ajusté (conçu pour étudier les aminosides, il reste utilisé dans certaines études de pharmacocinétique), le poids normal prédit, etc. Il est facile de trouver sur internet des sites permettant d’utiliser ces descripteurs (attention aux unités utilisées : les sites anglo-saxons imposent souvent d’exprimer la taille en inches !).
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