Voie orale : pas toujours si simple
Il n’est peut-être pas inutile de rappeler aux patients de ne jamais couper ni écraser les formulations (comprimés, gélules) à libération prolongée ni gastrorésistantes, ni qu’il est indispensable d’accompagner la prise d’un comprimé ou d’une gélule d’un verre d’eau, ce qui évite que ceux-ci n’adhèrent à l’œsophage ou à l’estomac, avec un risque d’ulcération, voire de perforation ! Le verre d’eau pris avant la gélule permet aussi une humidification préalable de l’œsophage.
Pour les formes liquides, conseillez au patient de noter systématiquement sur l’étiquette ou le conditionnement la date d’ouverture, car leur conservation peut être limitée, et de ne pas les diluer à l’avance. Une conservation au réfrigérateur peut être parfois nécessaire après ouverture ou reconstitution. Avoir présent à l’esprit que les antibiotiques ont des délais de péremption relativement courts après reconstitution.
Les médicaments destinés à la voie sublinguale doivent être laissés en contact suffisamment longtemps avec la muqueuse buccale : par exemple, une dizaine de minutes pour la buprénorphine haut dosage (traitement de substitution aux opiacés), sans sucer, ni avaler.
Attention à certains aliments
Certains aliments peuvent accentuer les effets indésirables ou diminuer l’efficacité de certains médicaments. C’est notamment le cas du jus de pamplemousse, des préparations de millepertuis, mais aussi des aliments riches en vitamine K (choux, brocolis, épinards, avocats, persil, laitue, abats…) ; en effet, leur consommation peut diminuer l’effet des antivitamine K, de la caféine (café, thé, sodas), qu’il est préférable d’éviter d’absorber en même temps que certains antibiotiques de la classe des fluoroquinolones (énoxacine, ciprofloxacine, norfloxacine), qui peuvent en inhiber l’élimination (effets indésirables de la caféine : palpitations, excitation, tremblements, hallucinations), ainsi que la théophylline.
L’alcool est un grand classique à ne pas consommer durant un traitement par psychotropes et avec les dépresseurs du système nerveux central en général, parmi lesquels les antalgiques opiacés, sans oublier non plus les antihistaminiques H1 de première génération.
Rappelons aussi que les agrumes (citron, orange, pamplemousse…) ne font pas toujours bon ménage avec la prise d’aspirine ou d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, avec un risque majoré de brûlures gastriques et de reflux gastro-œsophagien.
Pamplemousse et millepertuis : danger !
Le millepertuis est utilisé dans certains troubles de l’humeur, notamment les dépressions légères.
C’est aussi un excellent inducteur des cytochromes P450, ainsi que de la glycoprotéine P.
Cette plante peut donc diminuer l’activité de nombreux médicaments au point qu’elle représente une contre-indication formelle pour certains, comme les anticoagulants oraux, les contraceptifs estroprogestatifs et progestatifs, les immunosuppresseurs, les anticancéreux (irinotécan), les inhibiteurs de protéases et les inhibiteurs de la tyrosine kinase. Le millepertuis peut aussi entraver l’efficacité d’autres classes connaissant un très large emploi, comme les inhibiteurs de la pompe à protons. En revanche, vis-à-vis des inhibiteurs sélfs dde la recappturre de la sérotonine il existe un risque de syndrome sérotoninergique.
Le pamplemousse, quant à lui, peut modifier l’absorption de certains médicaments. C’est le cas, notamment, de la simvastatine dont il augmente considérablement (près de 15 fois) l’absorption digestive, avec donc un risque d’effet indésirable musculaire grave ; et dans une moindre mesure (doublement) celle de l’atorvastatine. Un phénomène de même type peut être aussi observé avec des immunosuppresseurs (tacrolimus, ciclosporine…), la carbamazépine, la buspirone. Cet effet est expliqué par la présence dans le jus de pamplemousse de bergamottine et de 6,7 dihydroxybergamottine qui sont de puissants inhibiteurs du cytochrome P450 3A4, enzyme associée à la glycoprotéine P (un transporteur d’efflux) au sein des entérocytes de la paroi intestinale. On comprend dès lors que les substrats de ce système voient leur absorption augmentée en présence de jus de pamplemousse.
Bien poser un patch
Les dispositifs transdermiques requièrent de suivre un mode d’emploi précis : presser uniformément sur le dispositif pour assurer un bon contact homogène, alterner les sites d’applicatpour éviter les irritations locales en respectant un interalle d’au moins une semaine entre deux applications au même endroit, choisir des emplacements cutanés sans poils, propres, secs et non irrités (ne jamais enduire la peau avant la pose avec un produit gras), ne pas recoller un patch qui s’est déécollé, ne pas appliquer sur les seins un patch renfermant des hormones stéroïdes.
Se souvenir qu’une exposition à la chaleur (même d’origine interne comme la fièvre) augmente temporairement la résorption du principe actif, ce qui doit être pris en compte pour les substances trrès actives comme le fentanyl, par exemple.
Rappelons enfin que seuls les patchs matriciels peuvent être éventuellement découpés pour adapter la posologie, mais jamais les patchs réservoir. Les deux catégories pouvant être éventuellement pliées.
Collyres : tout en douceur
Après l’instillation d’un collyre, il est conseillé de ne pas cligner des yeux, mais de fermer l’œil et d’appuyer délicatement pedant 2 minutes au niveau du coin iintérieur.
Toujours recommander d’observer un intervalle d’environ un quart d’heure entre deux applications de collyres différents (en éviitant de toucher l’œil ou la paupière avec l’embout du flacon) ou de deux pommades ophtalmiques.
Pour les formes multidoses il est également de bonne pratique d’inscrire la date d’ouverture afin de respecter plus sûrement la durée maximale de conservation.
Les suppositoires aussi
Ces formes doivent être conservées à l’abri de la chaleur et on peut conseiller, ce qui ne va pas forcément de soi, de les introduire non pas par l’extrémité pointue, mais par l’autre, le réflexe du sphincter anal sur l’extrémité pointue permettant dans ce cas de figure de propulser plus efficacement le suppositoire dans l’ampoule rectale, où sa destinée naturelle est d’y fondre.
Encore un détail pouvant être utile : l’introduction des suppositoires à la glycérine est facilitée par leur humidification.
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