Invité de l’émission C l’hebdo sur « France 5 » le 11 janvier, Michel-Edouard Leclerc s’est une nouvelle fois emporté contre l’interdiction faite aux enseignes de son groupe de vendre des autotests. L’homme d’affaires breton a également avancé une nouvelle idée qui ne manquera pas de faire réagir la profession : créer une section de l’Ordre dédiée aux officinaux travaillant en GMS.
C’est aujourd’hui le combat de sa vie et rien ne pourrait lui faire lâcher le morceau. Michel-Edouard Leclerc veut voir des autotests garnir de nouveau les rayons de ses hypermarchés, comme au temps béni du Covid-19 et de ses entorses au monopole pharmaceutique. Problème, la méchante législation française l’en empêche au détriment de son entreprise mais aussi au préjudice des Français, selon lui. « Je veux qu’on nous redonne le droit de vendre des autotests, c’est quand même incroyable qu’on ne retienne pas les leçons du passé », s’est-il indigné avant d’adresser un tacle appuyé aux pharmaciens et à l’État. Selon le fondateur de E.Leclerc, ces derniers « n’avaient pas su acheter des masques (durant la crise du Covid-19) et n’avaient des autotests que chers ».
Une analyse toute en nuance que va balayer la journaliste Natacha Polony, chroniqueuse de l’émission. La désormais ex-directrice de la rédaction de l’hebdomadaire « Marianne » va effectuer un parallèle bien senti entre la vision expansionniste de MEL sur les produits de santé et l’impact de ses centres culturels (qui vendent livres, CD, ou encore articles de papeterie) sur les librairies indépendantes. « Dans les petites villes de province, les centres culturels E.Leclerc ont fait fermer des librairies parce qu’à chaque fois il s’agissait de prendre des marchés, notamment ceux des manuels scolaires, qui font la marge de ces librairies. Les seuls commerces qui restent dans les centres-villes en France ce sont des pharmacies, donc votre but c’est de leur prendre ce sur quoi ils font de la marge, les médicaments sans ordonnance, les autotests… et comme ça, on pourra être sûr qu’il ne restera plus rien dans les centres-villes. » Un argumentaire qui va faire vaciller le chantre de la grande distribution. Devant cette démonstration, MEL tente laborieusement de botter en touche. « Je vous ferai remarquer que je n’ai toujours pas le droit de vendre des médicaments et que, pour autant, le nombre de pharmacies diminue, notamment dans les zones rurales donc ce n’est pas la faute de Leclerc », répond-il à Natacha Polony. Après tout c’est vrai, pourquoi ne pas prendre des décisions qui aggraveraient encore le problème de la démographie pharmaceutique et accéléreraient les fermetures d’officine ? Si des patients ont des difficultés à trouver une pharmacie, les salariés d’un hypermarché E. Leclerc pourront-ils les remplacer pour vacciner contre la grippe, proposer des TROD cystite ou leur délivrer leurs traitements sur prescription ?
Il serait toutefois malvenu d’attribuer à MEL une volonté uniquement mue par le chiffre d’affaires de son entreprise. L’homme d’affaires breton se préoccupe avant tout du portefeuille de ses concitoyens alors que des déremboursements sont envisagés, rappelle-t-il, que « le prix des médicaments augmente » (sans citer lesquels) et qu’il y a des besoins en matière d’hygiène et de santé. « Il faut rendre tout ça accessible » et ce, grâce à deux initiatives, dévoile-t-il. La première n’étonnera personne, il s’agit donc de la vente d’autotests en grande moyenne et surface, lesquels seraient disposés à côté des tests grossesse, des éthylotests et à proximité du rayon charcuterie. « Je veux vendre des autotests, beaucoup d’autres autotests », clame-t-il sur le ton d’un enfant à qui l’on aurait refusé un jouet. Il ne donnera pas de précisions sur le type d’autotests visés (Covid, grippe, autres ?) ni sur leur qualité, même si l’on peut légitimement redouter un choix de modèles bon marché avec un niveau de précision équivalent à celui d’un voyant qui aurait fait son diagnostic grâce à sa boule de cristal. La seconde idée, en revanche, est bien plus novatrice : « Je voudrais que l’on crée une section de l’Ordre pour les pharmaciens de la grande distribution, pour que nos docteurs en pharmacie aient le même statut que ceux qui sont en officine. » Attaché plus que jamais à la défense du maillage pharmaceutique, le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) accueillera sans doute cette proposition avec joie et enthousiasme.
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