Pour faire face à la difficulté de s’approvisionner en vaccins antigrippaux, dans les régions, les pharmaciens s’organisent. L’appel à se dépanner entre confrères est lancé.
Alors que les autorités de santé appellent les Français à se faire vacciner contre la grippe et les pharmaciens à intensifier la vaccination, au soir du 14 janvier, il ne restait que 400 000 doses de vaccins antigrippaux dans les officines françaises, soit « seulement quelques jours de vaccination », fait remarquer Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO). Des doses qui sont aussi « très mal réparties », selon Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui donne les chiffres : en moyenne il reste 33 vaccins par pharmacie mais pour une médiane de 8 vaccins par pharmacie. « 10 % des officines disposent de la moitié des stocks », rappelle le président de la FSPF.
D’où l’appel à la solidarité lancé par les autorités de santé aux pharmaciens qui disposent d’un stock conséquent de vaccins antigrippaux, afin d’approvisionner leurs confrères qui n’en ont pas. En région, on s’organise. L’appel est relayé par la plupart des URPS pharmaciens. En Occitanie par exemple, les pharmaciens ont été alertés dès le samedi 11 janvier, par mail, puis le mardi 14. Dans le Grand-Est, les pharmaciens ont reçu un message lundi 13. Dans un mail du 15 janvier, l’URPS pharmaciens Île-de-France incite « les officines disposant d’un stock important de doses à en céder à leurs confrères qui en exprimeraient le besoin et qui auraient des difficultés à en obtenir, ceci dans la logique des pratiques usuelles de coopérations entre officines. »
En PACA, l’agence régionale de santé (ARS) a même autorisé la rétrocession, jusqu’ici interdite, « sur certains profils et à condition de respecter les bonnes pratiques », annonce Cyril Colombani, élu URPS pharmaciens PACA et président Alpes-Maritimes de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Ailleurs, pas de rétrocession mais un dépannage entre confrères. « Le fait de rétrocéder est ARS-dépendant, rapporte Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO. Au niveau national, j’attends le “go” de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). »
Pour l’organisation, pas de règles vraiment définies. Les pharmaciens communiquent entre eux via les groupes de discussion, le téléphone, les courriels et activent leur réseau. Ou passent par l’URPS, comme en Occitanie : « Les pharmacies disposant de quantités importantes de vaccins, ainsi que celles qui n’ont plus de stock, peuvent s’adresser à l’URPS pharmaciens Occitanie, qui tentera de les mettre en relation », est-il indiqué dans un courriel du 14 janvier. « Il s’agit d’un dépannage de proximité », abonde Christophe Wilke, président de l’URPS pharmaciens Grand-Est.
Les groupements aussi s’organisent. « On a tous des messageries avec le groupement, des numéros de téléphone. On s’organise en local », ajoute Laurent Filoche.
C’est aussi un peu le système D. En pratique, les pharmaciens se déplacent pour se faire dépanner. « On utilise des glacières ou des caisses de froid pour récupérer les doses. Les caisses de froid utilisées par les grossistes conservent leur température plus d’une dizaine d’heures et sur plusieurs kilomètres », explique Cyril Colombani. « Je voulais que ce soit les grossistes qui répartissent les vaccins mais ils ne le feront que si l’ANSM donne son autorisation », ajoute Pierre-Olivier Variot.
Quant aux doses complémentaires de vaccins VaxigripTetra mises à disposition par Sanofi, elles arrivent chez les grossistes. « On est censé pouvoir les commander dès aujourd’hui », assure Cyril Colombani.
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