Les syndicats de pharmaciens ont reçu un projet d’arrêté visant à abroger la prise en charge des tests antigéniques Covid-19. C’est aussi le dépistage des infections respiratoires grippe et VRS qui risque d’en souffrir.
Bientôt déremboursés, les tests antigéniques contre le Covid-19 ? C’est ce que proposent les nouveaux ministres en charge de la Santé Catherine Vautrin et Yannick Neuder en abrogeant, dans un projet d’arrêté transmis aux syndicats de pharmaciens le 14 janvier, la prise en charge par l’assurance-maladie de plusieurs mesures prises pendant la crise sanitaire liée au Covid-19. Ils prévoient notamment le déremboursement des tests antigéniques Covid réalisés à l’officine. Une proposition émise en pleine épidémie de grippe et qui inquiète l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), fermement opposé au projet.
« Le déremboursement des tests antigéniques va priver les patients d’un outil essentiel pour dépister précocement et efficacement les infections respiratoires », s’indigne dans un communiqué du 15 janvier le syndicat, qui dénonce aussi « un coup de poignard dans le dos des professionnels mobilisés ».
En effet, les tests antigéniques Covid-19 sont les seuls tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) des infections respiratoires aiguës remboursés, et avec eux les tests combinés Covid/grippe et Covid/grippe/VRS. Les TROD grippe seuls ne sont pas pris en charge. En supprimant la prise en charge des tests Covid, l’État se priverait d’un « dépistage combiné de la grippe et du VRS à moindre coût, avec un surcoût limité à celui du dispositif médical », déplore l’USPO. D’autant que l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS) sur le remboursement des tests combinés se fait toujours attendre. Pour mémoire, dans un rapport de 2022, la HAS ne voyait pas d’intérêt au dépistage individuel des infections respiratoires aiguës en ville par des TROD combinés, mais y voyait un intérêt à l’échelon populationnel « qui justifierait une prise en charge par la collectivité du fait d’un bénéfice potentiel pour le système de santé, les soignants et les parents/patients en période hivernale. »
En 2024, près de 90 % des officines continuaient à réaliser des tests antigéniques Covid-19, selon l’Observatoire de l’économie de l’officine (chiffres arrêtés en octobre 2024). Sur le plan économique, la dispensation et la réalisation des tests antigéniques Covid-19 a rapporté 44 millions d’euros au réseau en 2024. « La perte économique, c’est une chose. Mais c’est surtout la surconsommation d’antibiotiques qui va exploser », explique Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO. Sans remboursement, il y aura moins de tests et plus de diagnostics à l’aveugle.
L’USPO appelle donc le gouvernement à réfléchir et à maintenir, en attendant les recommandations de la HAS, le remboursement des tests antigéniques Covid-19.
Le texte doit encore être soumis à l’avis du Conseil de la Caisse nationale de l’assurance-maladie (CNAM). La remise à titre gratuit des masques aux personnes cibles n’est pas abrogée par ce projet d’arrêté.
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