POUR Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), la réforme de la rémunération des officinaux intervient « dans un contexte économique où les marges de manœuvre sont inexistantes. Il faut donc conclure un contrat d’objectifs et de moyens avec les pouvoirs publics pour les cinq ans à venir », réclame-t-il. Il souhaite ainsi que la profession gagne de la visibilité à moyen terme, afin de s’engager dans la mise en place de l’honoraire de dispensation, dont la part devrait atteindre 25 % d’ici à 2018.
« Comment peut-on faire une réforme en faisant perdre 200 à 300 millions d’euros supplémentaires à l’officine ? s’interroge-t-il. Il faut que l’État respecte sa part du contrat et qu’il définisse l’enveloppe allouée à la profession. S’il n’y a pas ce contrat, il n’y aura pas de réforme du mode de rémunération. » En effet, « si l’exercice se révèle en réalité un swap, c’est-à-dire un transfert financier entre officines, au détriment de certaines pharmacies et au profit d’autres, ce n’est pas acceptable », estime le président de l’USPO. Pour lui, « sans contrat, le piège est parfait. Il revient à dire : faites le job pour tuer vos confrères, sinon on continuera à vous taper dessus ». Gilles Bonnefond juge que le réseau officinal a besoin de stabilité et que la marge, qui atteint actuellement 5,5 milliards d’euros, « doit être maintenue pour les cinq ans à venir ».
Rémunération mixte.
Pour Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), il est exagéré de parler de swap. « Il ne faut pas dire qu’il est préférable de ne rien faire tout de suite car les temps sont durs, estime-t-il. Si nous ne bougeons pas, nous perdrons d’office 500 millions d’euros. En effet, nous avons subi une chute de 200 millions d’euros de marge réglementée en 2012 et nous risquons de connaître la même baisse, voire plus, en 2013, ce qui donne un total de 500 millions cumulés sur les deux années. » Selon lui, il est nécessaire de faire « évoluer la rémunération pour la rendre moins sensible à la variation des prix du médicament et il est impensable de ne pas aller vers l’honoraire ».
Il est, en revanche, d’accord avec Gilles Bonnefond sur le principe d’un contrat avec l’État, même s’il n’en fait pas un préalable. Il rappelle en outre que son syndicat souhaite rester sur une logique « de rémunération mixte. Il n’y aura jamais 100 % d’honoraire », souligne-t-il. Il prévient que « la FSPF fera tout pour aller vers la signature d’un avenant, à condition qu’il soit équilibré pour l’officine ». En effet, d’après lui, « en dehors de cette voie, il n’y a pas de solution ».
Les réserves de l’UNPF.
Une position que Michel Caillaud, représentant de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), ne partage pas. Il rappelle pour sa part que son syndicat était « très réservé à la signature de la convention. Ce qui était prévu, c’était une réforme à périmètre constant. Or ce périmètre n’est pas du tout constant, souligne-t-il. Nous sommes très réservés sur la pérennité économique de ces changements ». Au sujet des nouvelles missions, il insiste sur l’importance de la « notion de temps ». « Lorsqu’on s’occupe d’un malade, le temps mis à disposition n’est pas forcément compensé par la rémunération proposée. »
Il note par ailleurs que l’objectif de 25 % d’honoraires au bout de 5 ans sera déjà plus difficile à atteindre si la signature n’intervient qu’à la fin de l’année, puisqu’il ne restera déjà plus que 4 ans et demi pour mettre en place la réforme. Enfin, il insiste sur le rôle des équipes officinales. « Seront-elles à même de remplir les nouvelles missions. Auront-elles suivi des formations ? » s’interroge-t-il. Michel Caillaud rappelle que son syndicat a demandé un « ONDAM pharmacie ». Et il prévient que l’UNPF « ne sera pas signataire à la fin de l’année, si elle n’obtient pas ce qu’elle demande ».
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