Nous observons presque chaque jour, à l’officine ou lors de visites pour le portage des médicaments, que « le nombre croissant de difficultés vécues par les aidants a une incidence incontestable sur leur état de santé » (1). Quelques chiffres confirment ce constat : 21 % déclarent une détérioration de leur santé, 30 à 40 % des aidants seraient dépressifs. Quant au risque de mortalité, il est 2.5 fois plus important chez les aidants.
La situation des aidants constitue un véritable problème de santé publique. Elle s’exprime de diverses manières : « Je n’ai plus un instant à moi », « Plus j’en fais, plus il - elle - semble agressif-ve et je ne le – la supporte plus ! »… L’accompagnement d’un proche, qui a débuté suite à la promesse de non-abandon d’autrui, peut en arriver à se solder par un syndrome d’épuisement, l’aidant ne trouvant plus de sens à son quotidien.
Il ne s’agit pas pour nous de trouver des solutions. Ni d’abréger la conversation par des « Il faut… » parfois péremptoires, ou par un « Ca va s’arranger, ne vous inquiétez pas ». Ces plaintes sont de véritables appels à l’aide. Quelle que soit la maladie invalidante, elles nous disent que, derrière l’attention donnée à chaque instant et la fatigue croissante, il y a ce tiers ignoble qu’est la maladie ou la vieillesse venues s’immiscer dans la relation conjugale, ou filiale, ou parentale, pour la malmener, voire la détruire. De là, culpabilité, sentiment d’injustice, peur du futur, deuil de la vie d’avant… participent à ce mal-être qui doit requérir toute notre attention de soignant.
Il est important que ces aidants trouvent les soutiens les plus divers pour faire part de leurs sentiments et émotions. Chez la majorité d’entre eux, il y a eu un engagement totalement gratuit, mais sans prise en compte de la durée et/ou des exigences relatives à un tel accompagnement. Découragement, dévalorisation de soi, angoisse, impression d’incompréhension de la part de l’entourage, viennent alors noircir leur quotidien. Sans compter ces sentiments paradoxaux brouillant encore plus la relation avec la personne malade : accepter que celle-ci soit à la fois présente et « absente », qu’elle soit parent tout en demandant les mêmes soins qu’un enfant, ou que la relation de tendresse ne soit que trop rarement reconnue… Comment alors avancer dans ces acceptations ?
Le souci de prendre soin d’autrui passe par celui de prendre soin de soi. Différents conseils peuvent être proposés : ne pas se croire indispensable, se dire que « faire ce qu’on peut, c’est faire ce qu’on doit », se faire remplacer pour dégager du temps pour soi, aller se ressourcer auprès d’amis ou d’associations spécifiques (Fondation France Répit, Association française des aidants…), s’évader grâce à des activités manuelles ou culturelles… Mais surtout ces dérivatifs risquent de provoquer chez l’aidant une prise de conscience essentielle de ses besoins comme de ses limites, étant entendu qu’ « on ne peut donner que ce que l’on a ». Il est vrai que les messages de nos médias promouvant la performance et la réussite n’incitent pas à accepter notre fragilité et nos faiblesses ! C’est pourquoi l’écoute attentive de ces aidants ne peut que favoriser le changement de regard sur soi, une des principales clefs pour restaurer courage, lâcher prise et acceptation de l’autre tel qu’il est.
La vie des aidants est un chemin où émergent chaque jour de nouveaux défis et de nouvelles questions. Elle est aussi l’occasion de découvrir toutes les ressources humaines de compassion et d’abnégation. Aidons-les à « apprendre à danser sous la pluie, plutôt que d’attendre la fin de l’orage » (2).
(1) http://aidesauxaidants.fr/2009/06/02/la-sante-des-aidants-familiaux.
(2) In « Être proche-aidant », de Rosette Poletti, Ed. Jouvence.
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