Alors que les députés de la commission spéciale viennent de voter l’article inscrivant « l’aide à mourir » dans la loi, l’Académie nationale de pharmacie s’interroge sur le rôle du pharmacien, qui n’est pas vraiment défini. Elle en veut plus.
Le projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie concerne aussi les pharmaciens, chargés de préparer le produit létal, de le dispenser au professionnel de santé (médecin, infirmier) accompagnant le patient et de récupérer les doses partiellement ou non utilisées. Mais, selon l’Académie nationale de pharmacie, le rôle du pharmacien tel que présenté dans le texte est « réducteur ». « Il n’intègre pas sa contribution effective en tant qu’acteur dans l’accompagnement et les soins des patients », argumente-t-elle.
Reprochant également au texte de définir le pharmacien uniquement par sa structure d’exercice et non comme professionnel de santé, l’Académie demande : « Le pharmacien doit pouvoir intervenir, en lien avec les équipes médicales, en amont de la prescription, dès lors que la personne envisage d’accéder à l’aide à mourir ou à tout moment pendant le processus pour toute question de la personne ou de ses proches et ce, jusqu’à l’administration de la substance létale. » Mais si l’équipe médicale demande un avis au pharmacien, celui-ci devrait pouvoir faire valoir une clause de conscience, soulèvent les académiciens. Une question délicate à laquelle l’Ordre et le Conseil d’État se sont déjà positionnés.
Comme l’Ordre des pharmaciens et les syndicats, l’Académie s’interroge sur la nature du produit létal, sa galénique, sa voie d’administration, relevant au passage que la voie injectable « n’est pas adaptée pour des raisons pharmaceutiques en raison des contraintes de réalisation et d’utilisation ». Elle demande aussi des recommandations de bonnes pratiques « suffisamment explicites pour couvrir l’ensemble des situations de préparation de la substance létale ».
Sur le circuit du produit létal, l’Académie apporte son lot d’idées pour le sécuriser. Elle propose que le prescripteur s’assure, en amont de la prescription, de la disponibilité de la substance létale et des produits de santé associés, qu’il prescrive une « dose de secours » à rapporter ensuite à la pharmacie lorsqu’elle n’est pas utilisée et que tous les produits de santé associés (produit létal mais aussi antiémétiques, anxiolytiques…) soient délivrés auprès d’une seule pharmacie (PUI ou officine).
De son côté, les députés de la commission spéciale qui examinent actuellement le projet de loi relatif à la fin de vie, avancent dans les débats. Ils ont voté, jeudi 16 mai, l’inscription de « l’aide à mourir » dans la loi.
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