La ministre de la Santé démissionnaire, Geneviève Darrieussecq, a prolongé pour six mois l’expérimentation sur le cannabis médical, qui aurait pu être interrompue le 31 décembre en l’absence des textes réglementaires nécessaires. Un soulagement pour les 1 800 patients inclus dans cette expérimentation, même si l’avenir de cette dernière à long terme reste plus qu’incertain.
La chute du gouvernement de Michel Barnier et l’abandon temporaire du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 ont empêché l’éventuelle publication de textes visant à prolonger l’expérimentation sur l’usage du cannabis médical en France, laquelle dure depuis déjà quatre ans avec des résultats jugés positifs. Tout aurait donc pu s’arrêter le 31 décembre, au grand dam des patients et des professionnels de santé impliqués. Pour ne pas laisser sans solution les 1 800 personnes qui participent aujourd’hui à cette expérimentation, la ministre de la Santé démissionnaire a accepté de signer une lettre de couverture qui va permettre sa prolongation pour une durée de six mois, soit jusqu’au 1er juillet 2025. Une décision saluée avec retenue par l’Union des industriels pour la valorisation des extraits de chanvre (UIVEC). « La prolongation de six mois annoncée ce jeudi (19 décembre), alors que les médecins et fournisseurs des médicaments étaient plongés dans l’incertitude et que les patients couraient le risque d’un arrêt brutal de leurs médicaments à base de cannabis, n’offre qu’un soulagement temporaire », tempère en effet l’UIVEC.
Alors qu’une généralisation de l’usage du cannabis médical était prévue par la LFSS 2024, les multiples chamboulements politiques ont bouleversé le calendrier. Que se passera-t-il après le 1er juillet 2025 ? Pour l’instant, nul ne le sait mais l’avenir du cannabis médical en France semble bien compromis. Comme le relève l’UIVEC, la prolongation actée par Geneviève Darrieussecq intervient en effet « dans une perspective de sevrage ou de recherche d’alternatives pour les patients, laissant planer une incertitude majeure sur leur avenir thérapeutique ». Pour que l’expérimentation puisse perdurer au-delà de la date du 1er juillet, des textes en ce sens devront être prévus dans le PLFSS 2025, qui devrait être de nouveau débattu en début d’année prochaine, une fois le nouveau gouvernement constitué. Si rien n’est prévu dans le prochain PLFSS, « le cannabis thérapeutique pourrait définitivement disparaître du paysage médical français à partir du 1er juillet 2025 », avertit déjà l’UIVEC.
L’organisation, qui plaide pour l’adoption d’une loi durable en la matière, prévient déjà des risques à craindre si les patients suivis ne peuvent plus avoir recours aux spécialités à base du cannabis qui leur sont prescrites pour le traitement des douleurs neuropathiques réfractaires, de l’épilepsie sévère, des spasticités douloureuses de la sclérose en plaques, ou encore des symptômes rebelles en oncologie. « Ces patients ont déjà testé toutes les alternatives disponibles sans succès et sont en impasse thérapeutique. Le cannabis médical représente ainsi souvent leur seule solution », soutient l’UIVEC, qui ajoute qu’« en cas d’arrêt forcé de traitements, le recours au marché noir deviendrait une issue inévitable pour certains patients ». Surtout, « certains professionnels de santé évoquent un risque suicidaire chez certains patients, ainsi que des probabilités d’hospitalisations ou de ré-hospitalisations ». Alors que 22 des 27 pays de l’Union européenne permettent un accès à du cannabis thérapeutique dans un cadre réglementé, la prolongation de l’expérimentation française ne semble donc être qu’un simple sursis, un temps qui devra donc être consacré à trouver « des alternatives » pour les patients. Une situation bien regrettable pour le Pr Nicolas Authier, psychiatre au CHU de Clermont-Ferrand et président du comité scientifique chargé du suivi de l'essai sur le cannabis médical. Dans un article de « Libération », le médecin a dénoncé la « paresse intellectuelle » et le « dogmatisme » de l’exécutif. Les dirigeants politiques « n’ont toujours pas compris le sujet du cannabis médical », résume-t-il simplement.
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