Maillage, CPTS, attractivité du métier, délégation de tâches…

L’interprofessionnalité, remède à la désertification médicale ?

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Publié le 27/02/2024
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Le 16 janvier, lors d'une conférence de presse télévisée, le président de la République a fait part de sa volonté « de mettre fin au scandale des déserts médicaux ». Pour faire de cette déclaration ambitieuse une réalité, Emmanuel Macron compte notamment beaucoup sur l'interprofessionnalité et la délégation de tâches. Si les pharmaciens sont un élément clé dans la poursuite de cet objectif, la valorisation insuffisante de certains actes et l’augmentation du nombre de fermetures d’officine peuvent agir comme de véritables freins.

La problématique du manque de médecins ne pourra être réglée en quelques mois.

La problématique du manque de médecins ne pourra être réglée en quelques mois.
Crédit photo : GARO/PHANIE

C'est une nouvelle avancée majeure pour les pharmaciens mais aussi pour les patients, en particulier ceux qui vivent dans des déserts médicaux. La dispensation d’antibiotiques par le pharmacien dans le traitement de l’angine et de la cystite à l’issue d’un TROD positif est désormais possible. Une « prescription pharmaceutique » qui doit permettre à la fois de dégager du temps médical aux médecins et de favoriser l’accès aux soins des patients. Un nouvel acte ajouté à l’arsenal du pharmacien qui, pour se développer véritablement, devra être suffisamment rémunéré. Comme la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) le rappelait encore récemment, « le réseau a besoin d’être renforcé économiquement », pour faire face à l’inflation, préserver le maillage sur l’ensemble du territoire et garantir l’indépendance des officinaux. Emmanuel Macron le concédait lui-même lors de son discours du 16 janvier, la problématique du manque de médecins ne pourra être réglée en quelques mois. Par conséquent, « dans les cinq à sept ans qui viennent, le seul moyen, c’est d’organiser différemment les choses », demande le chef de l’État. En s’appuyant donc sur les pharmaciens. À condition que ces derniers soient en capacité de le faire.

Après les déserts médicaux, les déserts pharmaceutiques ?

Entre le temps, et l’argent, perdus à cause des pénuries de médicaments, le manque d’attractivité de la filière, avec une augmentation fulgurante du nombre de places vacantes en deuxième année de pharmacie (plus de 1 600 places depuis 2021) et l’accélération du nombre de fermetures d’officines, la profession s’inquiète pour son avenir. Le manque de personnel, les limites structurelles de certains établissements qui n’ont pas forcément les locaux adéquats pour développer les nouvelles missions (on pensera notamment à l’impossibilité de proposer des TROD cystite sans toilettes accessibles au public) sont aussi une réalité dont on ne sait pas vraiment si les autorités compétentes ont pleinement conscience. Si l’exécutif compte sur les officinaux pour compenser le manque de médecins, les premiers nommés redoutent de voir apparaître un système de pharmacies « à deux vitesses » et, en filigrane, l’apparition de déserts pharmaceutiques. S’adapter aux nouvelles demandes faites à la profession tout en préservant le cœur du métier, la dispensation, c’est aujourd’hui l’équation que les pharmaciens vont devoir résoudre. « Si les fermetures de pharmacies se poursuivent au rythme actuel, des pans entiers du territoire national se retrouveront sans croix verte », insiste la FSPF. Un risque inimaginable il y a quelques années, à ne surtout pas négliger aujourd’hui.


Source : Le Quotidien du Pharmacien