LES CHIFFRES ne sont pas bons. Les tendances non plus. Pourtant la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) présente sobrement les données recueillies et son analyse de la situation, déjà très difficile et qui se dégrade encore. La pharmacie est fortement impactée par la politique de santé, et en particulier les plans de maîtrise des dépenses de santé. Car le médicament est toujours considéré comme une variable d’ajustement lorsqu’il s’agit de contenir le déficit de la Sécurité sociale.
« On nous a donc présenté un déficit tendanciel de 28,6 milliards d’euros de la Sécurité sociale pour l’an prochain, avant les mesures du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), rappelle Philippe Besset, président de la commission économie de l’officine de la FSPF. Des économies de 7,2 milliards d’euros sont attendues sur l’ONDAM (Objectif national des dépenses d’assurance-maladie), qui portera, en ce qui nous concerne, sur les médicaments et produits de santé, et en particulier sur les dispositifs médicaux. Cela a un impact sur l’officine, surtout la mesure qui ne nous avait pas été annoncée et que nous n’avions donc pas prévue, à savoir la baisse de 5 % du ticket modérateur sur les dispositifs médicaux. »
Or, l’économie de l’officine est déjà au plus mal, notamment parce que les précédents plans médicaments n’ont pas été indolores. Malgré tout, une légère hausse du chiffre d’affaires a été enregistrée en 2009 (+ 0,8 %, après une stagnation totale l’année précédente) : + 0,7 % pour le médicament remboursable, - 2,2 % pour le non-remboursable, + 2,9 % sur les dispositifs médicaux et + 2,7 % pour la parapharmacie.
Tendance lourde.
« La crise a généré de nouveaux comportements des consommateurs qui sont moins acheteurs. Alors que le marché des dispositifs médicaux progresse de 8,3 % en moyenne, la progression en officine n’est que de 2,9 %. Les chiffres ont été arrêtés à août 2010, la progression est nulle sur l’ensemble des marchés depuis janvier et les mauvais mois sont à venir », explique Philippe Besset. Car l’application des mesures décidées par le gouvernement a toujours des conséquences décalées dans le temps. De plus, les contrats d’amélioration des pratiques individuelles (CAPI), signés entre des médecins et l’assurance-maladie, jouent un rôle important dans « la diminution du nombre de consultations et du nombre de médicaments par ordonnance », comme le remarque Bernard Charles, conseiller du président des Laboratoires Pierre Fabre.
Non seulement le chiffre d’affaires de l’officine stagne, mais la marge sur le médicament remboursable est en baisse de 0,1 %. « La marge a progressé d’un point en août mais on sait déjà qu’elle va fondre les derniers mois de l’année. »
Une tendance lourde que la FSPF a choisi d’illustrer par une simulation comparative entre les dépenses de médicaments remboursés, de l’ONDAM et du chiffre d’affaires industriel, en partant d’une base 100 en 1997 afin de mettre en évidence les différences d’évolution (voir ci-contre). La courbe de la marge officinale est la seule dont la progression a très vite ralenti et stagne, voire baisse depuis 2005. « Cette rupture, en 2005, amène les difficultés économiques du réseau aujourd’hui. 2010 est une année extrêmement difficile pour nombre de pharmaciens, avec une inquiétude quant à la pérennité de l’exercice libéral si rien n’est fait pour remédier à la fois à la structuration de notre rémunération et à l’évolution de notre réseau. »
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