LE 14 NOVEMBRE 2012, un pharmacien français, Philippe Lailler, se lance dans la vente en ligne de médicaments, suivi de quelques confrères. Un mois plus tard, une ordonnance adoptée en Conseil des ministres, encadre l’activité en la réservant aux pharmaciens d’officine et aux seuls médicaments en libre accès. Le 14 février, c’est au tour du Conseil d’État d’intervenir – à la demande de Philippe Lailler qui avait déposé un recours – en élargissant les produits concernés par la vente sur Internet à l’ensemble des médicaments sans ordonnance. Enfin le 13 mars, la ministre de la Santé Marisol Touraine a présenté en Conseil des ministres un projet de loi ratifiant l’ordonnance du 19 décembre.
Jusqu’alors, la France traînait un peu des pieds, par rapport à ses voisins, pour transposer une directive européenne qui va dans ce sens. Désormais, l’e-commerce de médicaments est autorisé (ou toléré) dans les 27 États-membres de l’Union européenne. À croire que l’initiative du premier pharmacien français à avoir franchi la ligne jaune a accéléré une prise de décision qui devait intervenir avant la fin de l’année 2012. Les syndicats de pharmaciens regrettent que la France n’ait pas usé du principe de subsidiarité reconnu à chaque État en matière de santé. Pourtant, à écouter Marisol Touraine, ce choix n’était pas envisageable : « Tout en tenant compte de la législation européenne, nous ne pouvons pas pour autant accepter l’idée d’un accès libre à des médicaments sur Internet, car nous savons que cela favorise la contrefaçon et les trafics en tout genre. Le gouvernement est engagé dans la recherche de garde-fous qui permettront de garantir la sécurité des patients et le rôle des pharmaciens. »
Contrefaçon et piratage.
Menace ou opportunité ? Il semble qu’une majorité des pharmaciens y voient avant tout une menace. Un sondage mené sur le site du « Quotidien du Pharmacien » du 20 décembre 2012 au 8 janvier 2013 affiche un résultat sans appel : 80 % des officinaux s’opposent à la vente de médicaments en ligne. L’enquête menée un mois plus tard par le cabinet Call Medi Call dévoile une opinion encore plus tranchée à mesure que le temps passe. Pour 87,6 % des pharmaciens, l’autorisation de cette vente en ligne n’est pas une évolution positive pour l’officine et seuls 6,2 % des pharmaciens sont convaincus du contraire. Ainsi, 84,6 % des pharmaciens interrogés estiment que la loi ne présente pas suffisamment de garanties en terme de sécurité pour les consommateurs, et craignent notamment la contrefaçon de médicaments ou le piratage de sites de pharmacies. Un sentiment partagé par les représentants syndicaux qui rappellent l’importance de l’entretien en face-à-face avec le patient et le risque de mettre en difficulté certaines officines de proximité. Quant à l’Ordre des pharmaciens, il s’inquiète d’une pratique qui ne permet pas d’accéder au dossier pharmaceutique, met en danger la confidentialité des données personnelles, et favorise la surconsommation. La présidente, Isabelle Adenot, souligne : « L’autorisation de vente en ligne était peut-être juridiquement inéluctable mais elle est sanitairement inopportune et dangereuse pour la santé publique ; aussi longtemps que ces périls ne seront pas jugulés, l’Ordre se battra pour qu’ils le soient. »
La démarche isolée de Philippe Lailler n’a pas été bien accueillie par de nombreux pharmaciens bas normands, qui ont déposé plainte auprès de l’Ordre régional pour manque de conseil à la délivrance et médiatisation de sa pharmacie. « Moins de la moitié des plaignants se sont présentés à la conciliation les 23 et 24 janvier. La démarche n’a pas abouti et je serai donc convoqué dans quelques mois devant la chambre de discipline », précise le pharmacien de Caen. Pour ce pharmacien, aucun doute que la vente sur Internet est une opportunité. Début février, il enregistrait une cinquantaine de commandes quotidiennes. Son souhait ? Se mettre autour d’une table avec les représentants de la profession pour construire ensemble le cadre de cette activité.
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