Les médicaments non utilisés
Les risques pour l’environnement, bien qu’encore mal cernés, sont réels : les médicaments non utilisés (MNU), lorsqu’ils sont jetés dans les poubelles à ordures ménagères, dans les éviers ou les toilettes, peuvent sont une source évidente de pollution des sols, des rivières et des nappes phréatiques. L’exemple de l’augmentation de la proportion de poissons femelles, en lien avec les taux importants d'œstrogènes retrouvés dans les eaux douces, est l'un des témoins objectifs de ce risque.
Aujourd’hui, l’effort fourni par les professionnels de santé pour optimiser le bon usage du médicament a déjà permis une diminution de la consommation de médicaments et donc de déchets. Plus de 60 % des médicaments stockés dans les armoires à pharmacie des ménages (on parle de gisement) sont ainsi collectés par les officines. L’association Cyclamed, éco-organisme à but non lucratif, permet cette récupération et une valorisation énergétique par incinération.
Comment peut-on faire encore mieux ?
Le pharmacien d’officine a un rôle important de sensibilisation et de pédagogie auprès des patients :
- en expliquant pourquoi il faut ramener les médicaments à l’officine (les pharmaciens observent encore au moment d’un décès notamment un retour conséquent de médicaments) ;
- en expliquant qu’il faut séparer les emballages des blisters (pour rappel, les emballages iront au tri sélectif) ;
- en expliquant qu’il ne faut pas intégrer de dispositifs médicaux, de flacons de parapharmacie, de boissons hyperprotéinées, de lancettes !
Ces explications sont idéalement données dès la délivrance du médicament. Pour faciliter le message, Cyclamed, en association avec la FSPF (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France), a remis en février dernier à toutes les officines un tampon encreur portant la mention « Je protège notre planète, je rapporte mes médicaments à la pharmacie ». Ce message peut ainsi être diffusé auprès de tous les patients sur leur ordonnance.
Qui cibler ?
Pour Thierry Moreau Defarges, président de Cyclamed, « ceux qui rapportent les médicaments aujourd’hui sont plutôt des familles, il faudrait aussi sensibiliser les jeunes, pourtant férus d’écologie, qui consomment pour la plupart peu de médicaments et donc ne pensent pas à rapporter leurs médicaments à la pharmacie lorsque ceux-ci ne sont plus utiles. Les chiffres montrent aussi des disparités régionales et les taux de retour des MNU sont notamment plus bas dans les grandes villes. Parallèlement à nos études pour comprendre ces facteurs de disparité, nous reprendrons après l’épidémie de coronavirus nos campagnes de publicité dans les stations de métro et sur les bus et tramways de certaines villes.».
Les DASRI
La filière DASTRI, quant à elle, est à la croisée de deux ensembles de règles : elle doit d’abord répondre à une problématique de santé publique (le risque sanitaire des déchets perforants) mais aussi à une problématique environnementale.
Si la filière doit respecter des contraintes de fréquence élevée de collecte imposée par le Code de la santé, le Haut Conseil de la santé publique vient de rendre un avis favorable sur un projet d’arrêté visant à allonger la durée maximale d’entreposage pour les DASRI perforants en cas de faibles productions. « La diminution de la fréquence de collecte aura des répercussions environnementales positives car elle permettra une plus grande rationalisation de notre logistique de collecte. Dans le même esprit, une expérimentation d’un an a permis de prendre en charge les déchets issus de la vaccination antigrippale réalisée par les pharmaciens officinaux et d’éviter ainsi un double circuit de collecte en pharmacie », explique Laurence Bouret, déléguée générale de la filière DASTRI.
De même, aujourd’hui les emballages de la filière (boîtes à aiguilles à base de plastique fossile) représentent à eux seuls presque la moitié du poids des déchets éliminés par la filière car ils sont à usage unique conformément à la norme ISO 23907. Même si la réglementation française l’interdit encore, cette même norme encadre leur réutilisation et DASTRI réfléchit à le proposer dans le cadre d’une réutilisation par un patient unique afin de diminuer le gaspillage et sans risque sanitaire supplémentaire, explique Laurence Bouret.
L’éco-organisme DASTRI a également mis en place une expérimentation qui va dans le sens de la nouvelle loi relative à l’économie circulaire en prenant en charge, sous statut dérogatoire et à titre expérimental, les dispositifs médicaux complexes comprenant à la fois des perforants et des piles. Ces dernières sont récupérées par la filière et font ensuite l’objet d’un recyclage.
On voit donc bien par ces différents exemples que se dessine un avenir plus vert du côté des déchets à l’officine !
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