La France sort officiellement du statu quo qui lui était reproché concernant l'usage médical du cannabis. L'agence du médicament lance en effet une évaluation de l'intérêt thérapeutique du cannabis plante.
La tribune d'une vingtaine d'élus et de médecins parue le 8 juillet aurait-elle été la goutte d'eau nécessaire à la saisine par la France du sujet du cannabis thérapeutique ? Ou bien serait-ce le fleurissement de coffee-shops à la française il y a quelques mois qui a pointé un besoin non-couvert (lire notre article « abonné ») ? Ou encore le fait que les Français se montrent majoritairement favorables à son autorisation ? Toujours est-il que l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) indiquait hier sur son site Internet la création d'un comité scientifique spécialité temporaire (CSST) afin d'évaluer « la pertinence et la faisabilité de la mise à disposition du cannabis thérapeutique en France ». Une démarche qu'elle a explicitée ce matin à l'occasion d'une rencontre presse. « Il s'agit du cannabis plante, de préparations à base de plantes, et non de médicaments », précise Nathalie Richard, directrice générale adjointe de l’ANSM*. Le Sativex, qui a obtenu son autorisation de mise sur le marché (AMM) en 2014 mais dont les négociations sur son prix n'ont toujours pas abouti, n'est donc pas concerné par cette évaluation.
Alors on parle des joints de cannabis ? Oui, entre autres, avec un bémol. « On voit que partout où le cannabis thérapeutique est disponible, la forme fumée n'est pas privilégiée, d'abord à cause de la nocivité de la fumée, ensuite à cause des paramètres pharmacocinétiques qui sont le plus souvent défavorables au traitement, avec un pic d'action plus fort et une durée d'action plus courte que sous d'autres formes », explique Nathalie Richard. La forme fumée sera donc étudiée au même titre que les autres formes (vaporisateur, gélules, etc.), mais n'apporte a priori pas les avantages recherchés. « Ce qui est hors champ d'évaluation, insiste le directeur général de l'ANSM Dominique Martin, c'est le cannabis récréatif. »
Le CSST est créé pour un an. La première phase d'évaluation devrait se terminer fin 2018 ou début 2019. Elle comprend un balayage de la littérature scientifique, un état des lieux du cannabis thérapeutique dans les pays qui l'autorisent et des auditions des parties prenantes, notamment des patients et associations de patients concernés, qui seront diffusées sur la chaîne Dailymotion de l'ANSM.
* Chargée des médicaments en neurologie, psychiatrie, anesthésie, antalgie, ophtalmologie, stupéfiants, psychotropes et médicaments des addictions.
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