AVANT D’ÊTRE ADJOINT, on est étudiant. Pour l’ANEPF (Association nationale des étudiants en pharmacie de France), la bonne ambiance de travail à l’officine signe une prise en charge de qualité pour les patients. L’association étudiante milite depuis longtemps pour une meilleure adéquation entre la formation de base et le futur métier officinal. Outre une remise en cause des matières elles-mêmes, « la façon d’enseigner et d’évaluer les étudiants serait sûrement à revoir », estime l’ANEPF.
Pour les syndicats de salariés, l’enquête semble refléter la situation actuelle dans les officines et les attentes des adjoints. Certains estiment cependant que l’échantillon des participants n’est pas totalement représentatif. Françoise Bergier (SYNCASS-CFDT) considère par exemple que les pharmaciens de plus de 50 ans sont sous représentés dans cette enquête. « Ils constituent une frange d’adjoints vulnérables, souvent intermittents en officine », souligne t-elle.
Les syndicats veulent par ailleurs encourager la démarche de formation des adjoints. « Des lois et des obligations existent, les titulaires les connaissent », rappelle François Aucouturier (CFE-CGC). Pour Françoise Bergier, l’absence du salarié pour formation est souvent mal perçue par l’employeur. Le droit individuel à la formation (DIF) n’est peut-être pas assez connu, avance Catherine Pamart (FO Pharmacie). Sur la rémunération, les syndicats appuient évidemment les revendications des pharmaciens salariés. « Prendre des responsabilités, cela ne se traduit pas forcément par une évolution en terme de salaire », regrette Catherine Pamart. Confrontés à l’idée d’une rémunération mixte qui prendrait en compte l’acte pharmaceutique, les syndicats restent prudents. Pour François Aucouturier, cependant, les adjoints sont déjà prêts à s’y engager. « Si c’est un intéressement à la vente, cela n’aura d’effet que de valoriser un statut de vendeur », craint pour sa part Françoise Bergier.
Les syndicats de salariés ne sont pas défavorables à l’entrée des adjoints au capital des officines. Mais appellent à la prudence, compte tenu de l’attribution de parts minoritaires et de la rentabilité stagnante ou dégressive des officines, qui les placeraient en position de faiblesse.
Si les adjoints adhèrent peu aux syndicats, c’est, selon eux, à cause d’un manque de visibilité. « Ils ne devraient pas attendre d’avoir des soucis pour s’adresser à leurs représentants », considère Catherine Pamart. Françoise Bergier pointe une culture officinale qui n’inclut pas les syndicats de salariés. Pour François Aucouturier, c’est aussi parce que les représentants des adjoints ne sont pas conviés aux discussions qui engagent l’avenir de la profession. « Ils sont cantonnés aux négociations sociales », déplore t-il.
Du côté de l’APAB (Association des pharmaciens adjoints de Bretagne), on souligne le manque de perspective qui étreint les adjoints. « Il n’est pas étonnant qu’un certain nombre d’entre eux veuille changer de statut », indique Damien Chesnel, président de l’association bretonne. Ne pouvant s’installer seuls, des adjoints fondent leurs espoirs sur les SEL, qui peuvent se révéler un piège. « Elles ne font que reporter d’une génération l’impact de la baisse des marges sur les prix de cession, estime Damien Chesnel. Gare aux moins-values et aux désillusions à l’heure de la revente ! »
Les représentants des titulaires ont également leur mot à dire. Un projet de SPF-PL (sociétés de participation financière des professions libérales) est défendu par chacun des trois syndicats patronaux (FSPF, UNPF, USPO). « Il faudra redéfinir la place de l’adjoint qui entre au capital de l’officine. Il n’est ni titulaire, ni salarié », relève Christian Blanc, responsable à la FSPF (Fédération des syndicats pharmaceutiques de France). Les syndicats patronaux sont favorables à une rémunération incluant l’acte, mais qui ne s’applique pas au pharmacien salarié. « Cela se fera dans le cadre de son exercice », précise Christian Blanc. Sur la rémunération, ce dernier reconnaît que « l’adéquation entre ce qu’on demande et ce qu’on propose n’est pas parfaite, mais elle est correcte. » Au sujet de la formation, le représentant de la FSPF est clairvoyant : « Tous les titulaires sont convaincus de sa nécessité. Mais il est vrai que, en pratique, laisser partir son adjoint pendant quelques jours, cela peut poser des problèmes. » Par ailleurs, Christian Blanc estime que des tâches bien définies représentent certes une ligne de conduite pour l’adjoint, mais peuvent aussi décourager et restreindre des initiatives.
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