QUEL EST le vrai salaire des adjoints en officine ? La question est délicate, tant les pratiques peuvent varier d’une pharmacie à l’autre, notamment en fonction de la zone géographique où elle est implantée, de sa taille, de la balance entre l’offre et la demande de postes à pourvoir, du statut universitaire ou non de la ville, et, bien sûr, des responsabilités assumées par l’adjoint. Une récente enquête de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a créé la polémique sur les niveaux de rémunération en officine. En effet, certains adjoints ne se sont pas reconnus dans les moyennes de salaires révélées par l’étude, menée auprès de 1 117 pharmacies. Ils ont estimé que cette enquête était biaisée, car elle ne reposait que sur des déclarations de titulaires, qui avaient le choix d’y répondre ou non. De là à en déduire que les titulaires pratiquant les plus bas salaires n’ont pas donné suite au questionnaire, faussant ainsi les résultats, il n’y a qu’un pas, que des adjoints agacés ont franchi rapidement.
Dans son enquête, la FSPF met en évidence un coefficient moyen pratiqué le plus souvent en officine : le coefficient 500. Les officines répondantes présentent des profils variés : 48 % d’entre elles sont implantées en zone rurale, 32 % sont des pharmacies de quartier, 16 % sont en centre-ville et 4 % en centre commercial. D’autre part, 75 % des pharmacies ayant répondu au questionnaire ont au moins un adjoint, soit 838 d’entre elles. Sur les 5 661 salariés recensés dans ces pharmacies, 1 516 sont des adjoints, soit 28 %. La moitié d’entre eux travaille à temps partiel et l’autre moitié à temps plein. Leur âge moyen est de 42 ans, avec une ancienneté moyenne de 8 ans, et 95 % d’entre eux sont en CDI. L’étude reflète aussi la féminisation de la profession, puisque 83 % des adjoints sont des adjointes, soit 1 258 femmes. Les temps partiels peuvent être de plus de 26 heures par semaine (36 % des temps partiels) ou de moins de 16 heures par semaine (20 %), ce qui peut laisser supposer que ces salariés partagent leur temps entre plusieurs employeurs.
Un coefficient 500 qui évolue peu.
Au chapitre des salaires, c’est le coefficient 500 qui est le plus souvent proposé aux adjoints. Ainsi, 52 % d’entre eux sont rémunérés sur la base de ce coefficient. Par ailleurs, 2 % sont payés au coefficient 400, 3 % au coefficient 430 et 8 % au 470. « L’embauche se fait généralement au coefficient 500 ou plus, pour près de 70 % des adjoints, explique Philippe Denry, président de la commission relations sociales et formation à la FSPF. Si les adjoints sont embauchés à un coefficient inférieur, ils évoluent rapidement vers le 500. » Mais une fois ce seuil atteint, ils sont une minorité à le franchir. Seulement 35 % d’entre eux dépassent le coefficient 500 : 17 % atteignent 550, 16 % sont rémunérés au coefficient 600, et seulement 1 % aux coefficients 650 ou 700. Aucun des adjoints concernés par l’enquête n’est rémunéré au coefficient 800. Avec l’ancienneté, le coefficient n’évolue plus beaucoup, en revanche le taux horaire a tendance à augmenter. Il est en moyenne de 21,57 euros et atteint 22,15 euros au bout de six ans d’ancienneté. Le taux horaire médian est de 20,49 euros. « Les titulaires jouent plutôt sur le taux horaire au lieu d’augmenter le coefficient de leur adjoint », remarque Philippe Denry. Certains titulaires misent également sur les primes. Ainsi, 54 % des adjoints bénéficient d’une prime, dont le montant moyen atteint 1 580 euros. Dès un an de présence dans l’officine, 42 % des adjoints en bénéficient. Ce sont principalement des primes de fin d’année (45 % des cas) et de treizième mois (20 %). Les titulaires peuvent aussi proposer à leur adjoint un plan d’épargne entreprise (16 %), un intéressement (10 %), mais aussi divers avantages comme des chèques cadeaux ou des chèques vacances.
En réponse aux réactions provoquées par l’enquête de la FSPF, Philippe Denry reconnaît que « les titulaires qui répondent à ce genre d’enquête sont ceux qui suivent le plus les informations du syndicat et cela peut toujours fausser un peu les résultats. Cependant, c’est la même chose pour toutes les enquêtes. De plus, les chiffres obtenus ne sont pas nouveaux. Notre précédente enquête sur les salaires, menée en 2005, avait déjà montré que c’était le coefficient 500 qui était le plus souvent proposé aux adjoints. Néanmoins, il peut toujours y avoir des cas individuels ». Il souligne aussi que les résultats de l’enquête du syndicat sont corroborés par d’autres études, notamment par le portrait de la branche officine réalisé par l’Observatoire des métiers des professions libérales (OMPL) en 2011 (voir encadré). Et il nuance les résultats : « il est évident que dans les grandes villes, il est plus difficile de décrocher un coefficient 500 car il y a beaucoup de concurrence. C’est en centre-ville que l’on trouve les coefficients les plus bas. De même, dans le Sud il est peut-être plus compliqué d’obtenir des rémunérations élevées que dans les villes du Nord et de l’Est, par exemple. Toutefois, je connais des pharmacies dans la Meuse ou dans les Vosges qui proposent des coefficients 600 et ne trouvent pas de candidats… »
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