Le Quotidien du pharmacien. - La baisse du nombre d’officines, dont l’effectif devrait être de 20 000 en 2020, est-elle un frein aux transactions ?
Jérôme Capon. - Ce resserrement du marché est inéluctable, mais il ne doit pas être un frein à l’animation du marché. Bien au contraire, il offrira de réelles opportunités aux acquéreurs qui auront choisi les bonnes stratégies d’investissements : associations, regroupements, etc. L’association entre pharmaciens primo-accédants et déjà installés est une bonne réponse à la hausse des prix due à l’augmentation de la taille des officines liée aux regroupements. Ceci concourt à faciliter les transmissions et à fluidifier le marché. L’acquéreur devra avoir en tête ces stratégies dès la recherche de sa cible.
Quels sont vos conseils à l’acheteur concernant le choix de sa future officine et son financement ? Et quelles sont vos recommandations au vendeur ?
Tout pharmacien candidat à l’installation, en tant que futur chef d’entreprise, doit analyser minutieusement tous les aspects de son projet avant de s’engager, y compris le volet financier ; ce travail sera précieux pour identifier les points forts et les axes d’amélioration de l’officine, autant d’aspects à développer auprès du banquier pour le convaincre de participer au financement. Face à des opérations devenues plus complexes, il importe de bien s’entourer, qu’il s’agisse de l’avocat, de l’expert-comptable ou du banquier ; le recours à des spécialistes connaissant bien ces montages innovants est un gage de sécurité et de facilité pour la mise en place des opérations.
Le cédant doit être transparent dans les éléments qu’il communique au repreneur car les informations transmises vont permettre au repreneur d’étayer son dossier de financement, et donc de réaliser l’opération. Le cédant devra aider le repreneur dans la transmission de son outil de travail, dans la présentation des équipes et des clients.
Aujourd’hui les experts-comptables déconseillent le rachat d'une petite officine pour manque de rentabilité et de rémunération pour le titulaire. La FSPF affirme au contraire que certaines nouvelles missions profitables aux petites officines pourraient en faire des pharmacies prisées. Quel est votre sentiment ?
Effectivement, aujourd’hui, dans une économie de l’officine qui se redresse doucement, ce sont les officines de centres commerciaux et les officines de taille importante qui en sont les bénéficiaires. Il est plus aisé pour le pharmacien de percevoir sa rémunération sur une officine réalisant un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros que sur une petite officine rurale. Toutefois, le modèle est en train de changer, la rémunération du pharmacien reste principalement basée sur la vente de médicaments, mais le développement de certaines missions devrait permettre de modifier cette rémunération. L’avenir des petites pharmacies rurales ou isolées passe par cette modification de modèle indispensable. Cette évolution du modèle de rémunération permettra aux jeunes pharmaciens s’installant en secteur rural de dégager une rentabilité suffisante pour assurer un niveau de revenu acceptable.
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