Comment préparer la vente de l’officine

Publié le 29/01/2009
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COMPTABILITÉ

LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Compte tenu de l’évolution de la pyramide des âges, de nombreux pharmaciens vont cesser leur activité dans les deux prochaines années et donc céder leur officine. Comment, selon vous, préparer dans les meilleures conditions cet événement important ?

PHILIPPE BECKER.- La vente de l’officine est effectivement un fait majeur dans une carrière, et il faut s’y préparer avec sérieux sans rien laisser au hasard. La première démarche est de faire un point complet sur ses futurs revenus après la cessation d’activité, afin d’avoir une vue lucide et complète de la situation. En fonction des résultats et des simulations qui seront fournis par les caisses des salariés et la CAVP, le pharmacien pourra décider de la meilleure date pour s’arrêter.

Ensuite, avec l’aide de son cabinet comptable, il sera indispensable d’estimer la valeur de son affaire et, bien entendu, de calculer la trésorerie disponible nette après impôt, après plus-value éventuelle et après régularisation des cotisations sociales.

Justement, comment le futur retraité doit-il se positionner quant au prix de vente, avec les perspectives économiques que l’on connaît actuellement ?

CHRISTIAN NOUVEL.- Tout dépend de la taille et de la situation géographique de l’officine. Pour les biens recherchés, le pharmacien a très rapidement de la visibilité sur la valeur de l’officine. Le problème apparaît pour les pharmacies de petite ou moyenne taille, dans les quartiers sensibles ou en milieu rural. Si le vendeur est pressé, il faut actuellement qu’il se positionne en dessous des prix moyens, ce qui veut dire faire parfois un gros sacrifice.

De toute façon, il n’est pas bon de surévaluer son bien en espérant trouver un amateur fortuné et peu regardant. En règle générale, on devient fortuné en regardant et en achetant bien !

Faut-il faire des travaux pour mieux vendre son officine ?

PHILIPPE BECKER.- Ce n’est pas nécessaire car, bien souvent, l’acheteur va lui-même procéder à une rénovation. Il faut plutôt régler les problèmes qui peuvent faire reculer un acheteur potentiel ou son banquier. On pensera notamment à renouveler son bail commercial et clore tout litige avec son propriétaire. En région parisienne, et surtout à Paris, un dossier sur deux que nous examinons pose difficulté sur ce plan.

On s’attachera également à réduire la masse salariale en ne reconduisant pas des contrats à durée déterminée, et on ne réembauchera pas d’adjoint en cas de démission, sauf obligation du Code de la Santé Publique.

Bref, une cure d’amaigrissement est un facteur qui aidera l’acquéreur et rendra l’officine plus attractive.

CHRISTIAN NOUVEL.- Puisque l’on parle de cure d’amaigrissement, on doit aussi parler du stock de marchandises. La perspective d’une vente proche doit amener le pharmacien vendeur à reconsidérer la profondeur de son stock, afin d’alléger la facture globale du repreneur. Tout ce qui peut faciliter le financement futur contribuera à rendre l’officine plus attractive.

Les dernières précautions à prendre ?

PHILIPPE BECKER.- Le vendeur pensera à étudier avec son cabinet comptable toutes les incidences fiscales et sociales de la vente. Par exemple, pour bénéficier des exonérations fiscales liées à la vente ou au départ en retraite, il faut respecter scrupuleusement les conditions légales.

Préparer la vente, c’est aussi réfléchir en amont sur la date de clôture optimale, et également sur les facilités que l’on accordera à l’acheteur (crédit vendeur sur le stock par exemple). Enfin, et cela n’est pas aisé aujourd’hui, le pharmacien vendeur devra réfléchir avec ses conseils (expert-comptable, avocat, notaire et banquier) au réinvestissement des sommes nettes tirées de la vente. Les manchettes des journaux doivent inciter à la prudence sur ce point : un contrôle extrêmement attentif des garanties offertes par les organismes de placement est indispensable.

Comme l’acquisition, la vente de l’officine ne s’improvise pas…

PROPOS RECUEILLIS PAR FRANçOIS SABARLY

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2634