« AVANT la création de l’EPhEU, il n’existait rien au niveau européen pour représenter les adjoints en pharmacie », indique Serge Caillier, vice-président de l’Europäischer Verband der in öffentlichen apotheken angestellten apotheker, l’Association européenne des pharmaciens employés dans les pharmacies d’officine. (EPhEU). Fruit d’une rencontre qui a eu lieu en 2007, cette association a officiellement été créée à Vienne le 21 janvier 2012. « Nous travaillions sur ce dossier depuis 2005 à la section D de l’Ordre des pharmaciens, mais nous avons commencé à concrétiser le projet grâce à notre rencontre avec Ulrike Meyer, une pharmacienne autrichienne qui est désormais la présidente de l’association », explique Serge Caillier. Le but de l’EPhEU est double : à la fois donner des clés aux pharmaciens européens qui souhaiteraient travailler à l’étranger, mais aussi peser sur les décisions européennes concernant les adjoints. « Nous recevons déjà des e-mails de pharmaciens qui nous demandent des informations pour aller travailler dans un autre pays européen », note Serge Caillier.
Étoffer la structure.
Lors de la création de l’EPhEU, la France s’est d’abord regroupée avec l’Autriche et l’Allemagne, puis avec la Belgique, la Croatie et, enfin, l’Angleterre, qui a rejoint l’association cette année. « Nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne selon les pays, explique le vice-président de l’EPhEU. En France, il existe cinq syndicats et la section D de l’Ordre des pharmaciens, pour représenter les adjoints. Dans d’autres pays, ils ont parfois un syndicat qui mélange salariés et employeurs, voire pas de représentants du tout. En Irlande par exemple, il n’y a qu’un syndicat mais avec des « compartiments » différents pour les employeurs et les employés. Alors qu’en Autriche, les salariés ont leur propre syndicat et le président du conseil de l’Ordre est un salarié. Par ailleurs, les pays nordiques avaient déjà une structure commune d’entraide, rassemblant la Suède, la Norvège, l’Islande, le Danemark et la Finlande. » L’EPhEU a également noué des contacts avec le Luxembourg, la Hongrie, l’Italie, la Roumanie et l’Irlande.
« Pour le moment, notre but est d’étoffer notre structure. Nous serons probablement dix pays en 2014. Ensuite, nous envisageons de faire du lobbying, tant au niveau européen que national, afin de peser sur les différents aspects du métier de pharmacien adjoint. C’est important, car le nombre de pharmaciens salariés risque d’augmenter au cours des années à venir, notamment à cause du développement des chaînes de pharmacie dans de nombreux pays », détaille Serge Caillier. Parmi les sujets qui intéressent particulièrement l’EPhEU, il cite « la libre circulation », mais aussi « la formation continue et le problème de l’indépendance du pharmacien dans l’acte pharmaceutique ».
Harmoniser les conditions de travail.
François Aucouturier, représentant de la CFE-CGC et chef de la délégation française à l’EPhEU, souligne que « la façon de travailler dans un pays peut être considérée comme une faute grave dans un autre. En particulier, les règles pour la délivrance des stupéfiants ou le déconditionnement sont différentes d’un pays à l’autre ». Par ailleurs, il juge que « la France pourrait s’inspirer d’exemples étrangers. Chez nous, le développement professionnel continu (DPC) en est à ses débuts, alors que ce type de dispositif de formation existe depuis des années en Allemagne et en Autriche. Il serait intéressant de voir avec eux les points positifs et négatifs qu’ils ont pu en retirer ».
Les conditions de travail des pharmaciens adjoints sont également un sujet qui préoccupe l’association. « On est loin d’avoir des conditions de travail uniformes dans tous les pays européens. En Angleterre, par exemple, les adjoints travaillent de 50 à 60 heures sans que cela ne gêne personne. Il n’existe actuellement aucune législation sur le temps de travail ou les responsabilités des adjoints. Les syndicats sont en train d’essayer d’obtenir une limitation de la durée du travail, car le risque d’erreurs liées à la fatigue est très important et ils passent leur temps à gérer les plaintes qu’ils reçoivent à ce sujet. En revanche, en Autriche, les conditions de travail sont assez proches de celles de la France. Cependant, l’évolution de carrière est prévue là-bas, ce qui n’existe pas chez nous, et les rémunérations sont plus élevées. »
L’association doit donc trouver des clés pour comparer les conditions entre les différents pays, voire tenter de les harmoniser. « On avance doucement, mais sûrement, estime François Aucouturier. On a déjà réussi à passer de trois pays à six, et on commence à se faire connaître au niveau des instances européennes. Notre action a aussi permis à des pays qui n’avaient pas de syndicats de se pencher sur la question. La Roumanie, par exemple, est intéressée par notre association, mais n’a pas de structure pour représenter les adjoints d’officine. Nous leur avons donc donné des indications pour en fonder une. C’est un aspect que nous n’avions pas envisagé, mais qui est très positif. » L’association a déjà lancé son site internet* et sa page Wikipédia cet été. Une page Facebook est à l’étude, ainsi que des plaquettes d’information.
Cette expérience de lobbying européen donne aussi des idées aux représentants français des adjoints. « En France nous n’avons pas de vrai lobbying du pharmacien adjoint, regrette Serge Caillier. Il pourrait être intéressant que toutes les parties concernées organisent une réunion annuelle, qui rassemblerait les syndicats, la section D et les associations d’adjoints », suggère-t-il. Une idée à creuser…
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