CES DERNIÈRES années, le rôle du préparateur à l’officine a beaucoup changé. Moins présent derrière sa paillasse pour la réalisation de pommades ou de gélules, il est désormais plus souvent au comptoir et confronté à des délivrances de plus en plus techniques. Du coup, sa formation initiale semble aujourd’hui un peu éloignée des réalités du métier. Fort de ce constat, la Commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle de la pharmacie d’officine (CPNEFP) travaille depuis 2009 à la refonte de la formation des préparateurs. Si tous les membres de la CPNEFP, composée de représentants des syndicats de titulaires et de salariés, s’accordent à dire que leurs compétences doivent être renforcées, des divergences apparaissent sur les moyens à mettre en œuvre. Certains préconisent de passer du modèle de l’apprentissage salarié en deux ans actuellement en vigueur à un BTS (brevet de technicien supérieur) de même durée. D’autres, défendent plutôt l’idée d’augmenter d’un an la durée d’accession au brevet professionnel (BP). C’est le cas notamment de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) qui vient de lancer une grande enquête auprès des confrères sur son site Internet afin de connaître leur avis sur la question. Du côté des pouvoirs publics, on semble hésiter sur l’option à privilégier. Tandis que le ministère de la Santé s’est prononcé en faveur de la création d’un BTS en deux ans, le ministère de l’Apprentissage et de la formation professionnelle aurait une préférence pour le maintien d’un cursus sous forme d’apprentissage. Mais quels sont les arguments avancés par les uns et les autres ?
• Les défenseurs d’une formation en trois ans
« Le métier de préparateur a évolué et des manques dans la formation actuelle se font sentir », explique Philippe Denry, président de la CPNEFP et président de la commission Relations sociales et formation professionnelle de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). La CPNEFP a donc cherché à faire évoluer le référentiel d’activité professionnelle des préparateurs en y introduisant de nouvelles disciplines, tels la communication, le conseil, la pharmacologie, ou encore le suivi thérapeutique. Mais, lorsque l’on met toutes les heures de cours bout à bout, on s’aperçoit que les nouveaux programmes nécessiteraient de 1 400 à 1 500 heures de cours, contre 800 heures pour le BP dans sa forme actuelle. Aussi, deux possibilités sont apparues. La première, transformer le BP en BTS sur deux ans, ce qui permet d’accomplir les 1 400 heures de formation, mais réduit la présence des jeunes étudiants à l’officine. La seconde, étaler le volume horaire sur trois ans, tout en conservant un système d’apprentissage salarié. « Cela permet de maintenir une présence satisfaisante en entreprise, encourageant les titulaires à employer des jeunes apprentis », estime Philippe Denry. Il ajoute : « Ce dispositif à déjà fait ses preuves en termes d’insertion professionnelle, puisque le chômage n’existe pratiquement pas pour les préparateurs. » « Notre objectif, résume le membre du bureau de la FSPF, est d’accroître le niveau des préparateurs sans déstabiliser un système qui génère de l’emploi. »
L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) est également favorable à une formation étalée sur trois ans. « Il pourrait y avoir deux ans de tronc commun et une année de spécialisation de préparateur en officine ou à l’hôpital », indique son président délégué, Gilles Bonnefond. « Rémunérer des apprentis pendant trois ans relève aujourd’hui du luxe, souligne-t-il toutefois. Mais nous sommes prêts à fournir cet effort car nous considérons qu’il vaut mieux être maître de la formation de nos collaborateurs. » Il lui paraît également essentiel que cette formation soit réalisée par des professionnels de terrain et dans des centres d’apprentissage situés à proximité du lieu d’habitation des étudiants.
• Les partisans d’un BTS
Jean-Paul Provost, administrateur de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) et membre de la CPNEFP, en est d’accord : les préparateurs ont besoin d’une formation théorique plus importante. L’objectif, à ses yeux, est de faire coller au mieux le diplôme à l’évolution même des activités au sein de l’officine, c’est-à-dire moins de préparation, davantage de dispensation de produits spécialisés et bientôt, de nouvelles missions. L’aptitude à réaliser des préparations pourrait même ne devenir qu’une spécialisation, avance-t-il. Pour Jean-Paul Provost, il s’agit d’une question de survie du diplôme : « Si l’on n’augmente pas le niveau de qualification des préparateurs, ce métier va disparaître des officines. » Et, selon lui, la formation via le BTS est donc celle qui garantit le mieux l’avenir des préparateurs. Bien sûr, l’aspect pratique de la formation serait maintenu par l’intermédiaire de stages rémunérés. « La formation technique doit rester dans le giron de l’officinal », estime l’administrateur de l’UNPF. « Aujourd’hui, la responsabilité du préparateur est pratiquement nulle, souligne Jean-Paul Provost. Nous souhaiterions qu’il devienne plus autonome dans la délivrance des ordonnances. » La formation par le biais d’un BTS présente à ses yeux un autre avantage, celui de changer le mode de recrutement des préparateurs. « Aujourd’hui, ce sont les pharmaciens qui choisissent leurs futurs apprentis, explique-t-il. Or, ce n’est pas notre métier. Nous ne sommes pas enseignants et nous ne sommes pas capables de nous prononcer sur ce type de choix. » D’autant que ce choix est parfois « imposé » par l’entourage, voire par la clientèle. « L’important pour nous, c’est que l’officine dispose de collaborateurs de plus haut niveau, insiste Jean-Paul Provost. Tout le monde est d’accord pour dire que le contenu de la formation des préparateurs est obsolète. Mais, avec le projet d’une formation sur trois ans, on veut simplement mettre un pansement sur une jambe de bois. »
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