LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- La réforme du diplôme de préparateur en pharmacie, réclamée par les pharmaciens et les préparateurs depuis des années, tarde à voir le jour. Comment le vivez-vous en tant que directeur de CFA ?
GUYLAINE DRUT-GREVOZ.- En tant que directeur, je jongle car je suis à l’interface entre l’Éducation nationale qui mène l’examen, les confrères maîtres d’apprentissage et les jeunes qui veulent réussir leur diplôme. À mes yeux, il est aberrant de continuer certains enseignements obsolètes. Mais ils sont dans le référentiel du diplôme, lui-même obsolète, sur lequel se base le choix des sujets. Le mot d’ordre aux maîtres de stage est donc de ne faire aucune impasse dans le programme. Pour autant, il faut que nos apprentis soient efficients une fois derrière le comptoir, cela nous conduit à enseigner, en plus de ce qui est prévu dans le référentiel, ce qui va leur permettre d’être en adéquation avec le terrain en pathologie, pharmacologie, notamment les commentaires d’ordonnance, en législation pharmaceutique, galénique, etc. On s’adapte à l’actualité et à l’évolution du métier mais c’est difficile, car nous avons le même nombre d’heures de cours, dans lesquelles il faut enseigner le référentiel du diplôme et ce dont ils vont avoir besoin une fois en pharmacie. Par ailleurs, je suis confrontée aux confrères maîtres de stage qui pensent que c’est le directeur du CFA qui choisit le programme… Quant à l’inspection académique, j’explique régulièrement que le référentiel utilisé est obsolète et que certaines questions ne devraient même pas figurer à l’examen.
En pratique, comment parvenez-vous à faire ce double enseignement ? Existe-t-il dans tous les CFA de pharmacie en l’absence d’un nouveau référentiel de diplôme ?
En pratique, cela m’oblige à proposer des cours à deux vitesses. Pour un même groupe, il existe deux emplois du temps. La plupart des élèves entrent au CFA avec le bac. Ceux qui ne sont pas bacheliers ont besoin de travailler des matières comme le français, tandis que ceux qui ont suffisamment de prérequis peuvent se focaliser sur d’autres enseignements. Cela veut dire que je mobilise deux formateurs pour mon groupe d’élèves. Dans les faits, deux élèves vont suivre le cours de français, les 22 autres élèves vont pouvoir suivre des cours d’orthopédie, de conseil en officine, de communication professionnelle, de la phytothérapie. Ce sont des enseignements qui ne sont pas nécessaires pour l’examen, mais qui vont leur servir au comptoir. D’autres CFA que celui de Talant offre des enseignements de grande qualité, mais c’est un choix qui relève de l’appréciation du directeur de CFA, il n’y a ni obligation, ni uniformisation, et faire ce choix a un coût.
Le ministère de la Santé a recommandé il y a quelques mois de rapprocher préparateurs en pharmacie et préparateurs hospitaliers pour proposer un référentiel de diplôme commun. Est-ce une bonne idée ?
Oui, c’est même une idée fondamentale. Je pense qu’il faut un tronc commun de deux ans pour les prérequis de base adaptés au terrain actuel et une troisième année de spécialisation. Les axes proposés pourraient être les médecines alternatives regroupant homéopathie, phytothérapie et aromathérapie ; l’orthopédie et le maintien à domicile ; la gestion ; la préparation ; l’hôpital. La spécialisation en préparation me semble importante car si, aujourd’hui, de moins en moins d’officines font elles-mêmes leurs préparations, les pharmacies qui le proposent en font une spécialité, elles travaillent pour d’autres officines et doivent répondre à des exigences élevées. Cela serait pour moi la réforme idéale : un diplôme adapté et surtout modulable. Car les évolutions du métier ne s’arrêtent jamais. Il serait plus simple de pouvoir proposer une nouvelle spécialisation sans avoir à voter une nouvelle réforme.
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