Le Quotidien du pharmacien.- Quelle doit être, selon vous, la place du pharmacien dans le système de santé français ?
Nicolas Dupont-Aignan.- Les pharmacies sont, dans plusieurs régions de notre pays, en particulier dans les territoires ruraux, les derniers services de proximité de nos compatriotes. Le rôle des pharmacies est essentiel dans l'accès aux soins de tous les Français. Contre ceux qui prônent la libéralisation, la financiarisation et le regroupement uniforme des pharmacies, je crois que nous devons préserver le modèle actuel que les Français apprécient et dans lequel ils ont confiance. De la même façon, je ne fais pas partie de ceux qui croient qu'une baisse du budget de la santé soit aujourd'hui possible. Le vieillissement de la population, les nouvelles affections exigent de reconsidérer notre vision de la politique de la santé, ainsi l'ONDAM actuel fixé à 1,7 % est impossible à tenir. Je propose au contraire une augmentation de 2,5 à 3 % de l'ONDAM pour répondre aux besoins des Français et aux préoccupations légitimes des professionnels de santé.
La pharmacie d’officine connaît déjà des évolutions structurelles avec le développement de la parapharmacie comme complément de revenu et la multiplication des actions de santé publique des pharmaciens : le dépistage, le suivi de l’observance au traitement, l'éducation thérapeutique des patients.
Au-delà de cette tendance, nous devons évidemment favoriser l’évolution du métier vers les services de santé. Il faut encourager la diversification de l’activité officinale vers davantage de services, de conseils et d’accompagnement du patient dans sa pathologie et sa médication. Cela passe par des services complémentaires : prolonger ou ajuster une ordonnance, prescrire un médicament sous conditions, réaliser un bilan de médication, établir des plans de prise, accompagner individuellement l’observance. Mais cela passe aussi par de nouveaux services de santé, qu'il s'agisse de la valorisation de la télémédecine ou de la réalisation de prévention personnalisée.
Êtes-vous favorable au maintien du monopole de la vente des médicaments en pharmacie d’officine ?
Je suis opposé à la vente de médicaments dans les grandes surfaces. Les médicaments ne sont pas des biens de consommation comme les autres. Les prérogatives des pharmaciens doivent être préservées, elles garantissent la confiance des Français dans notre système de soins.
Êtes-vous favorable à l’ouverture du capital des officines à des investisseurs non-pharmaciens, autrement dit, à la création de chaînes de pharmacies ?
Je veux garantir l’indépendance des capitaux des pharmacies afin d’éviter la constitution d’oligopoles pharmaceutiques, je souhaite aussi autoriser l’ouverture du capital aux préparateurs en pharmacie, comme cela l’est aujourd’hui pour les pharmaciens adjoints, afin de favoriser la participation des salariés au capital.
Comment comptez-vous résoudre le problème des déserts médicaux qui fragilisent aussi les officines ?
Je veux inciter les professionnels de santé à s’installer dans les zones en pénurie. Je souhaite favoriser le maintien des pharmacies en milieu rural où il existe un risque de désertification en autorisant la création de succursales. Les pharmacies pourraient aussi être incluses dans les projets de maisons de santé. En revanche, nous devons encourager le regroupement des pharmacies dans les zones où la concentration est importante et encadrer les demandes de nouvelles créations afin de ne pas encourager une concurrence préjudiciable aux pharmacies.
La dispensation des médicaments à l’unité vous paraît-elle souhaitable ?
La dispensation à l'unité voulue par certains candidats n'est pas une solution. Il est inacceptable de proposer de telles mesures sans consulter les pharmaciens, ce qu’a fait Marisol Touraine. Je suis favorable au maintien des modalités actuelles de la vente des médicaments.
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