Le Quotidien du pharmacien. Quelle doit être, selon vous, la place du pharmacien dans le système de santé français ?
Marine Le Pen. Les pharmaciens ont un rôle important à jouer dans le système de santé ; ils sont des professionnels de santé à part entière, avec des missions d’importance capitale, notamment le conseil pharmaceutique.
On parle souvent des déserts médicaux, rarement des déserts pharmaceutiques. N’oublions pas qu’une officine pharmaceutique ferme tous les deux jours, et cela s’accélère. Or s’il n’y a pas de pharmacie dans les environs, les médecins ne viendront pas s’installer.
Les pharmaciens doivent être confortés dans leur rôle de professionnels médicaux de premier recours, et leurs nouvelles missions doivent être valorisées : prévention, dépistage et accompagnement, coordination du parcours de santé, etc.
Pour donner de l’oxygène aux officines, il faut que la rémunération des pharmaciens évolue et passe d’une rémunération aujourd’hui principalement assise sur la marge à une rémunération qui comprenne une composante « à l’acte » afin de valoriser les activités médicales des pharmaciens.
Êtes-vous favorable au maintien du monopole de la vente des médicaments en pharmacie d’officine ?
Oui, je suis en faveur du maintien du monopole officinal ; il s’agit d’une mesure de santé publique. Le pharmacien, professionnel de santé à part entière, est le seul en mesure de dispenser des médicaments de manière sûre et de remplir sa mission de conseil pharmaceutique dans le cadre protégé de l’officine.
Casser le monopole officinal serait une folie, qui mettrait en danger la population, avec les risques de trafic, de contrefaçon et de dispensation non sécurisée dans d’autres lieux qui ne seraient pas adaptés (supermarchés, notamment).
Êtes-vous favorable à l’ouverture du capital des officines à des investisseurs non-pharmaciens, autrement dit, à la création de chaînes de pharmacies ?
Non, je suis farouchement opposée à l’ouverture du capital des officines aux investisseurs non-pharmaciens. Il y va de l’indépendance des pharmaciens, qu’il faut préserver. Cette indépendance doit être garantie pour tous les professionnels de santé, et je ne laisserai pas un bien aussi précieux que la santé être racheté par la finance.
Comment comptez-vous résoudre le problème des déserts médicaux qui fragilisent aussi les officines ?
Pour garantir un accès aux soins optimal aux Français, où qu’ils soient sur le territoire, je propose plusieurs mesures.
Dans un premier temps, il faut redynamiser les « déserts médicaux », qui sont souvent des aires rurales victimes de la désindustrialisation et de la casse du service public imposée par l’Union européenne : il faudra donc retrouver notre souveraineté et mener une véritable politique d’aménagement en faveur de ces territoires oubliés.
Je m’engage également à augmenter le nombre de professionnels de santé en relevant de manière importante le numerus clausus d’accès aux études de santé, dans toutes les filières qui le nécessitent, et à favoriser leur coopération en facilitant les délégations de tâches et la coordination des professionnels, grâce aux outils numériques. La télémédecine permettra également de parer au déficit local de professionnels.
J’instaurerai un stage d’internat dans un désert médical, qui pourra être réalisé en hôpital, en cabinet libéral ou en maison de santé. Ces maisons de santé, je continuerai à les développer, car l’exercice de groupe est un facteur d’attraction pour les professionnels. Je permettrai également aux médecins retraités d’exercer dans un désert médical avec des déductions de charges.
Vous avez déclaré que, mère de trois enfants, vous auriez pu ouvrir une pharmacie à leurs dix-huit ans ; pour lutter contre ce gaspillage, la dispensation des médicaments à l’unité vous paraît-elle être la meilleure solution ?
En effet, je plaide en faveur de la dispensation à l’unité pour lutter contre le gaspillage et l’iatrogénie médicamenteuse, qui entraîne 13 000 décès et 140 000 hospitalisations par an.
Il faudra bien entendu la mettre en place de manière progressive, en imposant à l’industrie d’adapter ses chaînes de production pour fournir les médicaments « en gros » et ne pas faire subir aux pharmaciens et aux préparateurs le déconditionnement-reconditionnement qui fait perdre du temps et accroît le risque d’erreur.
Avec un préconditionnement adapté, nous pourrons garantir la traçabilité et la sécurité de la dispensation à l’unité. Les officines devant se fournir en matériel pour s’adapter à ce nouveau mode de dispensation seront soutenues.
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