Le Quotidien du pharmacien.- Pourquoi avez-vous été à l’initiative du diplôme universitaire en ethnomédecine à l’université de la Réunion ?
Laurence Pourchez.- En 2011, j’étais maître de conférences en poste, sur place, à l’UFR santé. J’ai compris que l’enseignement de l’ethnomédecine manquait terriblement en France. D’ailleurs, à l’époque, seul un DU de même nature existait en Europe, c’était à Brighton en Angleterre. Un vrai paradoxe quand on pense que du côté de l’ethnopharmacologie, par exemple, 80 % des molécules de nos médicaments proviennent du monde végétal. Évidemment, en étant à La Réunion, vu la richesse de sa biodiversité, nous avions pour nos étudiants un terrain de jeu et d’expérimentation extraordinaire. Et, en plus, des acteurs comme ceux de l’Aplemadom* étaient très actifs sur la question.
Les réticences ont-elles été nombreuses ?
Bien sûr, car dans le monde de la médecine occidentale et universitaire il y a encore une méfiance assez généralisée du côté des médias mais aussi de certains scientifiques envers la médecine traditionnelle. On a tendance à mettre dans le même sac l’ethnomédecine et toutes les médecines dites alternatives qui drainent des suspicions de pratiques sectaires, animées par des charlatans. Pourtant, l’histoire de nombreux territoires est riche d’enseignements : personne n’a attendu la médecine moderne pour se soigner. Preuve qu’il y a dans les plantes, mais aussi dans tous les autres gestes, savoirs et rituels des médecines traditionnelles, une complémentarité avec la vision très mécaniste du soin.
C’est aussi une crainte de voir le sacré et le corps réunis…
L’occident a séparé les deux. Or toutes les sociétés de cette planète qui pratiquent la médecine traditionnelle les lient encore. Le recours au sacré a un ressort psychologique, une valeur très importante quand on est malade. C’est pourquoi dans le DU, toutes ces notions sont étudiées, comme la place du magico-religieux ou des remèdes populaires dans la démarche thérapeutique. D’ailleurs, nous accueillons à la Réunion beaucoup de médecins qui cherchent à comprendre ces aspects dans leur pratique. Quand vous avez exercé dans l’humanitaire ou sur certains continents, vous comprenez vite l’utilité de ces savoirs. Malheureusement, dans le cursus de médecine, les quelques heures en anthropologie ne suffisent pas. Actuellement, nous réfléchissons justement à une déclinaison de ce cursus réunionnais en métropole.
* Voir notre édition du 23 mai.
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