LA FORMATION en ligne a les moyens de s’imposer rapidement auprès des pharmaciens. D’abord, la technologie est simple, plus simple que jamais. « En 1988, quand nous avons créé notre société, les débits Internet étaient encore parfois faibles, mais ils sont aujourd’hui largement suffisants pour permettre aux pharmaciens d’accéder à tout moment à nos formations en ligne », raconte Charles Woitiez, Président de Ma Formation Officinale. « De ce fait, nous n’avons aucune exigence technique vis-à-vis d’eux, juste un accès Internet. » Rares sont en effet les prestataires à demander un équipement spécifique pour recevoir de la formation en ligne. Marie-Hélène Gauthey, directrice associée d’Atoopharm conseille pour sa part « de disposer a minima de la version 9 d’Internet Explorer ainsi que d’une carte son ». Donc pas besoin de bande passante particulièrement importante, ni de matériel dédié. Cette facilité d’accès n’en fait pourtant pas un média incontournable, les prestataires spécialistes de la formation notent que le présentiel reste largement majoritaire. Pourtant, les avantages de l’e-learning sont nombreux et bien concrets.
Suivi et traçabilité.
Le premier d’entre eux est justement de permettre aux personnels des officines de rester sur place et de bénéficier ainsi de formations sans quitter leur lieu de travail. Le principal obstacle à la formation est en effet le manque de temps, les titulaires hésitant à envoyer leurs collaborateurs une, deux journées ou plus, en formation à l’extérieur, à une époque où toute absence est facilement pénalisante pour les officines. La possibilité de se former sur place par le biais du e-learning, par module court, d’une demi-heure tout au plus et selon un programme étalé et défini dans le temps répond à cette impérieuse nécessité. Par ailleurs, la formation en ligne permet de suivre très précisément l’acquisition de connaissances, ce qui rassure les titulaires désireux de tester d’une manière ou d’une autre l’efficacité du e-learning. « L’un des avantages en matière du e-learning est de pouvoir suivre l’avancement de l’ensemble des apprenants. Le suivi se fait en ligne et en temps réel », note Sophie Delpech, pharmacien formateur et responsable de la formation au sein de la coopérative Ospharéa/Ospharm. Or, la technologie déployée par les prestataires permet précisément à ceux-ci d’assurer la traçabilité des formations faites par le biais d’Internet. « Nous travaillons avec une plate-forme LMS, (learning management system, N.D.L.R.), selon des normes internationales », explique Marie-Hélène Gauthey, « ces normes codifient la traçabilité des connexions, nous pouvons ainsi suivre en détail l’avancement des formations des apprenants. » Atoopharm et Ma Formation Officinale sont les deux principaux prestataires dans le domaine de la formation en ligne pour officines, le premier utilisant notamment une plate-forme connue en e-learning, I Doceo. Ces prestataires vendent directement des formations aux pharmaciens, ou passent par des groupements pour lesquels ils adaptent le contenu le cas échéant, ou encore fournissent la technologie à d’autres éditeurs, comme Astera – Isipharm.
Apprentissage dynamique.
La plupart des offres suivent donc ces modèles LMS, et sont en mesure d’établir des statistiques : « qui s’est formé ? Quand ? Pour quelles compétences ? » recense ainsi David Gibeaux, directeur des opérations d’Isipharm, la filiale informatique du groupe Astera. Une telle traçabilité a pour fonction de justifier la raison d’être de ces formations auprès des organismes chargés de les financer (ou d’aider à leur financement), les OPCA (organisme paritaire collecteur agréé). Aux yeux des titulaires, elle n’a d’intérêt que si elle s’accompagne de fonctions pédagogiques qui assurent une bonne maîtrise des contenus des formations par l’apprenant. Or, c’est justement tout l’intérêt de l’e-learning, d’abord de permettre un apprentissage uniforme et simultané au sein d’une officine, et ensuite de combiner toutes les technologies multimédias existantes pour créer un apprentissage dynamique. En jouant sur le texte et les images, animés ou non, sur les vidéos et le graphisme, il est possible d’établir un lien interactif qui implique l’apprenant à chacune des pages qui s’affichent lors du module de formation qu’il suit. « Nous faisons en sorte qu’il n’y ait pas d’écran avec uniquement du texte, et sollicitons l’apprenant à chaque étape », illustre ainsi Marie-Hélène Gauthey. « Une sorte de " scénarisation " pour mieux capter l’attention de l’apprenant », résume pour sa part Charles Woitiez. Des tests peuvent être introduits en début et fin de formation pour que l’apprenant puisse voir les progrès qu’il a faits. « En présentiel, quand quelqu’un ne comprend pas, le formateur ne le sait pas forcément, en e-learning, à partir du moment où l’apprenant est sollicité à chaque écran, non seulement, il est facile de voir qu’il n’a pas compris, mais il a aussi l’explication du pourquoi il n’a pas compris », explique Marie-Hélène Gauthey.
Des modules courts.
Cet apprentissage dynamique se doit d’être court. Les modules vont de la demi-heure à une heure tout au plus. « Un module d’une demi-heure a l’avantage d’être compatible avec le travail à l’officine », souligne Charles Woitiez, « et d’ailleurs, au-delà, l’attention se perd. » Raisons pédagogiques et pratiques, mais aussi administratives, toujours vis-à-vis de l’OPCA, qui finance les formations à partir du moment où ces dernières rentrent dans les barèmes de prise en charge par l’organisme. Celui-ci accepte d’accorder un financement dès lors que les formations en e-learning correspondent à des formats classiques d’au moins une demi-journée, en gros environ 4 heures. Si bien que tous les prestataires calquent leurs « parcours » de formation en e-learning sur une durée d’environ 4 heures, qui devient un vrai standard. Un parcours de 4 heures, divisé en modules de durée variable suffit amplement à traiter les sujets abordés par le e-learning. Des sujets de santé pour l’essentiel, sous l’angle bien sûr de l’officine, on ne parle pas d’une pathologie en pharmacie avec le même point de vue qu’un médecin ou un autre professionnel de santé. Exemple typique des formations e-learning proposées par Ospharm : le maintien à domicile. Cette formation permet de travailler concrètement sur des cas applicables immédiatement au comptoir.
D’une manière générale, le e-learning est rarement proposé pour des formations liées au management, au merchandising ou aux techniques de vente par exemple. « Ces thèmes peuvent nécessiter un échange et un partage d’expériences avec le formateur et les autres apprenants », estime Sophie Delpech. La formation en ligne se prête très bien notamment à toutes les questions liées aux entretiens pharmaceutiques, comme les AVK. Soulignons que e-learning ne signifie pas absence de formateur ou de tuteur. Les prestataires prévoient en général le suivi des formations par des spécialistes, soit au moment même des formations, des questions par exemple, immédiates, par téléphone ou par mail, comme c’est le cas chez Ma Formation Officinale.
Synchrone ou asynchrone ?
Cela étant, cela ne signifie pas pour autant que ces formateurs ou tuteurs vont intervenir directement dans le déroulement de la formation, par le biais de visio conférence. Cela peut se faire, c’est ce que Marie-Hélène Gauthey appelle le e-learning synchrone, « qui se fait alors en full Web, avec des microcasques, que n’ont pas toujours les pharmaciens, et on mixe alors de l’Internet avec des conférences audio ». « L’avantage de ce type de e-learning est la possibilité d’échanger des informations, mais pour notre part, nous estimons que le e-learning asynchrone est plus efficace car plus dynamique. » Cela n’empêche pas certains acteurs du monde pharmaceutique de favoriser le mode « synchrone », grossistes et laboratoires pharmaceutiques.
Pour David Gibeaux, le e-learning ne saurait se suffire à lui-même, « chaque apprenant a un formateur tuteur. » Isipharm a un usage particulier du e-learning puisque pour l’instant, il le limite à la maîtrise de son nouveau logiciel Leo 2.0. « Nous formons les utilisateurs avant, pendant et après l’installation, si bien que lorsque le logiciel arrive sur leur poste de travail, ils sont déjà préparés », affirme le directeur des opérations. Il en fait par ailleurs un usage large : « c’est aussi un espace communautaire, qui permet de gérer une foire aux questions, un chat et d’y trouver des actualités, une façon de susciter au maximum l’attention des pharmaciens afin qu’ils aillent le plus souvent possible sur la plate-forme d’auto formation », explique David Gibeaux. « Souvent, les logiciels ne sont exploités qu’à minima et les utilisateurs sont loin d’en connaître toutes les possibilités. »
Dernier avantage du e-learning, et non des moindres, un coût relativement faible, souvent un abonnement mensuel de quelques dizaines d’euros sur une période de douze mois.
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