Le Quotidien du pharmacien.- Quel bilan tirez-vous de ces quatre années de première vice-présidente de la Fédération française des maisons et des pôles de santé (FFMPS) ?
Brigitte Bouzige.- La FFMPS constitue un laboratoire d’expérimentations exceptionnel. Forte d’un millier de maisons de santé, elle offre en effet la possibilité de réaliser des actes nouveaux avec l’ensemble des professionnels de santé et de produire des données qui nous permettent d’affirmer, aujourd’hui, que les maisons de santé constituent indubitablement des structures d’avenir pour tous les professionnels de santé. Et en particulier pour les pharmaciens qui font partie de l’équipe de soins primaires, qu’elle soit réunie sous le même toit (maison de santé mono-site) ou bien qu’elle reste sur leur lieu d’exercice (maison de santé hors les murs ou multi-site).
L’expérience semble toutefois peiner à séduire les professionnels de santé libéraux ?
En moins de dix ans d’existence, la FFMPS a réussi à fédérer un millier de structures. Et nous sommes convaincus que, d’ici à a la fin de l’année, le seuil des 1 500 maisons de santé mono-site ou multi-sites sera atteint. Lorsque vous multipliez ce chiffre par le nombre de professionnels de santé libéraux qui y exercent, cela commence à devenir clairement conséquent, puisque 15 000 à 20 000 libéraux de santé ont déjà fait ce choix. Soit plus de 10 % des libéraux qui ont décidé de ne plus travailler en mode mono-catégoriel. Les différentes conventions négociées par chaque profession vont d’ailleurs dans ce sens en constituant autant de briques de l’interprofessionnalité. Et dans la logique d’efficience qui est aujourd’hui prônée par chacun, il ne fait aucun doute que le mouvement va s’amplifier. Pour autant, des barrières doivent encore être levées et des outils adaptés à cet exercice interprofessionnel mis en place. Il faut en outre promouvoir les MSP auprès de certains syndicats médicaux et infirmiers qui continuent à les rejeter sous prétexte qu’elles conduiraient au salariat des libéraux. C’est une erreur d’analyse puisque seuls les coordinateurs sont aujourd’hui salariés afin d’apporter des solutions aux professionnels de santé intéressés, de lever les freins administratifs, de les aider à obtenir les financements nécessaires à certaines actions et de faciliter l’organisation (sans intrusion) des MSP au profit d’un temps strictement médical. Aussi la FFMPS entend-elle développer encore leur nombre et promouvoir ce mode d’exercice.
Et les pharmaciens ?
Mes confrères ne sont pas encore suffisamment nombreux à avoir franchi le pas, puisque nous comptons aujourd’hui 1 500 à 2000 officinaux. Mais leur nombre ne cesse de croître. Au point d’ailleurs que chaque nouvelle maison de santé qui ouvre ses portes accueille aujourd’hui au moins un pharmacien. La FFMPS n’entend pas pour autant se satisfaire de cette évolution et compte bien démontrer à l’ensemble des pharmaciens l’intérêt de l’exercice interprofessionnel, en particulier au regard des services, telles que les réunions de concertation pluriprofessionnelles (RCP), l’éducation thérapeutique du patient (ETP), et l’opportunité de développer certains marchés comme le MAD ou encore la PDA. J’ajouterai que les deux dispositifs créés par la loi de santé qui sont déclinés à partir des MSP – les équipes de soins primaires (ESP) et les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) – vont contribuer à convaincre les pharmaciens encore hésitants, puisque ces deux dispositifs ont été conçus pour aider les professionnels de santé à mieux structurer leurs relations et à mieux se coordonner avec, en ligne de mire, une plus grande fluidité des parcours de santé.
Des contraintes réglementaires n’interdisent-elles pas aussi aux pharmaciens de s’installer dans une maison de santé ?
S’installer non pas dans, mais au côté d’une MSP répond aux règles juridiques des transferts d'officines. Afin de ne pas désertifier une zone géographique, il est souhaitable pour une pharmacie de demeurer là où elle est, et ainsi de continuer à s’inscrire dans une logique de desserte immédiate à une population qui lui a été attribuée. Il est urgent, en revanche, de résoudre la problématique des sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires (SISA). Destinées à faciliter la rémunération des actes de coordination des professionnels de santé, dans ce cadre-là non soumis à TVA, elles posent un problème dès lors qu’il s’agit d’achat de matériels soumis à TVA. D’où la tentation d’un certain nombre de professions de santé non soumis à TVA de rejeter à tort le pharmacien de la SISA. SISA ou pas, le pharmacien peut et doit signer le projet de santé pluriprofessionnel qui fait de lui un acteur à part entière de l’équipe de soins primaires. La SISA est donc un sujet qui ne me laisse pas indifférente et nous allons continuer d’y travailler avec le nouveau président de la FFMPS, Pascal Gendry.
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