Adjoint dans une petite ou dans une grande officine… Dans la majorité des cas, les pharmaciens salariés rencontrent peu de problèmes avec la gestion de leurs congés.
Tout d’abord, dans les petites officines, le titulaire peut opter pour une fermeture quelques semaines au mois d’août, ce qui évite tout problème de roulement. Si tel n’est pas le cas, il sera en général remplacé par son adjoint, qui devra donc caler ses vacances sur celles de son titulaire. Toutefois, il faudra rester vigilant sur le nombre d’heures réalisées, car la limite légale, de 48 heures par semaine (heures supplémentaires comprises), peut être vite dépassée si l’adjoint fait les heures d’ouverture et de fermeture de l’officine.
Ainsi, Serge Caillier, adjoint à Savenay (Loire-Atlantique) et vice-président de la section D de l’Ordre des pharmaciens, travaille deux jours par semaine et remplace à temps plein le titulaire lors de ses congés. « À Savenay, le titulaire s’est organisé : durant ses vacances, je le remplace 9 heures par jour et l’officine est fermée le lundi en période estivale. Je ne dépasse donc pas la limite des 48 heures », évoque Serge Caillier. Dans d’autres cas, les pharmaciens peuvent être amenés à prendre un remplaçant ou des étudiants en pharmacie.
Par ailleurs, Il faudra aussi garder un œil sur le paiement de ces heures qui font l’objet d’un taux horaire majoré. Ainsi, pour un adjoint qui travaille à temps plein (soit 35 heures), le taux horaire majoré est fixé à 25 % pour les 8 premières heures supplémentaires travaillées dans la même semaine (de la 36e à la 43e heure), et à 50 % pour les heures suivantes (44 heures et plus).
Si l’adjoint travaille à temps partiel, on parle alors d’heures complémentaires dont le nombre ne peut pas être supérieur au 10e de la durée de travail prévue dans le contrat. Ainsi par exemple, un contrat de 30 heures par semaine ne pourra prévoir plus de 3 heures complémentaires par semaine. Selon la convention de la pharmacie d’officine, chaque heure complémentaire donne lieu à une majoration de salaire de 15 %. Une fois le plafond d’heures complémentaires atteint, une majoration de 25 % s’applique.
Grosses officines : un travail en binôme
Dans les grosses officines, la situation est quelque peu différente, étant donné qu’il y a souvent plusieurs adjoints (dont le principal remplace le titulaire durant ses congés) et/ou plusieurs co-titulaires (dans ce cas de figure, les co-titulaires se remplacent mutuellement).
Si dans 90 % des cas, c’est le titulaire qui organise les congés quelle que soit la taille de la pharmacie, on rencontre parfois, dans certaines grosses structures, une délégation de cette tâche à un pharmacien adjoint. Une attribution qui devra alors être définie par écrit. Ensuite, ce sera donc à l’adjoint de recueillir les souhaits de vacances de chacun et de gérer au mieux la répartition des congés.
C’est le cas de François Aucouturier, qui est adjoint dans une officine de 22 personnes, dont 5 adjoints et un titulaire, à Vincennes (Val-de-Marne). Embauché pour seconder le titulaire, François Aucouturier s’est vu attribuer d’emblée la gestion des congés. « Cette mission est grandement facilitée par une organisation des salariés en binômes. Chacun se met d’accord avec son binôme avant de déposer ses vacances, cela fonctionne très bien. Bien entendu, en cas de désaccord, ce sera le titulaire qui tranchera. Ensuite, le planning est bouclé en mars, mais on peut encore modifier les congés, si cela est fait au moins un mois avant les premiers départs », témoigne-t-il.
Litiges et mésententes
Quant aux litiges concernant les congés, ils sont rares, comme le confirment les délégués de salariés d’officine. « On nous notifie bien d’autres soucis que ceux concernant la gestion des congés », déclare Olivier Clarhaut (secrétaire général de la branche officine à Force Ouvrière). Même discours pour Roger Halegouet (représentant de la branche officine à la CFE-CGC Chimie) qui n’a pas eu connaissance de réclamations au sujet des congés. « S’il existe un conflit concernant les vacances, celui-ci est souvent révélateur d’un désaccord plus profond : le titulaire, dans le seul but de contrarier un salarié, peut entre autre lui refuser des vacances. Mais dans ce cas, on tombe plus dans le domaine du harcèlement moral », analyse-t-il.
Toutefois, un point est en train d’évoluer, du fait que les pharmacies travaillent de plus en plus en flux tendu. « Autrefois, il y avait davantage de personnel dans les officines. Désormais, quand il manque une personne, notamment en cas de force majeure (un arrêt maladie, etc.) le titulaire peut alors être tenté de demander à un adjoint ou à un membre de l’équipe de venir la remplacer en urgence. Ce qui peut poser des problèmes de disponibilité (retour de vacances, garde des enfants, etc.). De plus, ces situations de dépannage, correspondant à des heures en sus, ne sont pas toujours rémunérées comme il se doit, ce qui crée des tensions », évoque Serge Caillier.
Difficiles décomptes
On peut également rencontrer des mésententes sur le décompte des jours de congés, qui n’est pas toujours bien compris. La législation comporte en effet quelques subtilités. Quand on pose un congé, le premier jour comptabilisé est le premier jour ouvrable pendant lequel le salarié aurait dû travailler (les jours ouvrables sont tous les jours de la semaine à l’exception du jour de repos hebdomadaire - le dimanche en général - et des jours fériés).
Pour un salarié qui ne travaille pas le samedi et prend un congé d’une semaine à partir du vendredi soir, son premier jour comptabilisé sera le lundi. En revanche, le dernier jour ouvrable compris dans la période d’absence est le dernier jour chômé avant la reprise du travail, même s’il correspond à un jour habituellement non travaillé pour le salarié concerné. Ainsi, dans notre exemple, le dernier jour de congés payés sera le samedi qui suit. Mais attention ! Si le salarié prend seulement son vendredi, deux jours de congés lui seront comptabilisés : le vendredi pris et le samedi.
Dans le cas d’un salarié à temps partiel, la situation devient encore plus complexe : par exemple, le salarié, travaillant 2 jours par semaine, soit le mardi et le jeudi, et s’absentant le mardi, se voit décompter deux jours de congé payés : le mardi et le mercredi. Si, en revanche, il s’absente le jeudi, quatre jours de congé payés sont décomptés : le jeudi, le vendredi, le samedi et le lundi suivant, qui est le dernier jour chômé précédant la reprise du travail (puisque ce salarié ne travaille pas les lundis).
Enfin, d’autres problèmes de décomptes de congés peuvent survenir lorsque le salarié ne prend pas la totalité de son congé principal (soit moins de 24 jours ouvrables de congés) pendant la période légale (1er mai au 31 octobre). Il a alors droit à des congés supplémentaires pour fractionnement : un ou deux jours, selon le nombre de congés payés qu’il lui reste à prendre après le 31 octobre.
Mais la législation n’est pas bien connue de tous, et parfois le décompte des congés fait l’objet d’oublis ou d’erreurs de la part de l’employeur, ou d’incompréhension de la part du salarié. Heureusement, une simple discussion suffit à régler la situation. « Si le titulaire est dans son tort, les syndicats sont parfois amenés à lui adresser un courrier ou à l’appeler, précise Olivier Clarhaut. Mais en général, on ne va pas aux Prud’hommes pour des congés payés. »
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