C’est l’homme aux mains d’or. À 36 ans, Jonathan-Yan Perreault est à la tête d’au moins 37 pharmacies au Québec. Son nom est pourtant inconnu. Fervent utilisateur du prête-nom, son patronyme n’apparaît nulle part sur le registre des entreprises. Il ne parle pas aux médias, toute demande d’interview doit être transmise à son avocat qui les refuse systématiquement.
Le jeune pharmacien est appuyé dans son expansion rapide par les dirigeants de la bannière Uniprix et du géant américain McKesson (propriétaire de l’enseigne Proxim), mais la même discrétion est observée par les deux sociétés. Selon l’enquête menée par « Le Journal de Montréal », plusieurs jeunes pharmaciens « se sont joints à Perreault pour obtenir une pharmacie affiliée à Uniprix ». Uniprix a refusé de fournir la liste des pharmacies possédées par Jonathan-Yan Perreault. Mais au fil de leur enquête, les journalistes ont découvert qu’il était impliqué dans au moins 34 pharmacies Uniprix et 3 pharmacies Proxim.
C’est finalement un litige avec une associée qui a levé le voile sur l’existence d’une convention de prête-nom. Sa consœur y déclarait que, même si tous les documents la désignent comme propriétaire à 100 % de sa pharmacie, elle est en fait détenue à 50 % par Jonathan-Yan Perreault. La pratique du prête-nom est légale au Québec, mais l’Ordre des pharmaciens doit être informé de l’identité des propriétaires de pharmacie, ne serait-ce que pour pouvoir s’assurer de l’éthique des officinaux, par exemple en lien avec les lois sur les stupéfiants.
Côté financement, le multipropriétaire se serait simplement lancé au bon moment, en 2009, lors de la tentative de rachat d’Uniprix par McKesson, qui s’est soldée par un échec. À ce moment-là, McKesson aidait les pharmaciens Uniprix lors de l’acquisition, davantage quand elle concernait plusieurs pharmacies. Une période où la multinationale faisait aussi profiter les diplômés d’ententes de conformité, ce pour quoi elle a été sanctionnée quelques années plus tard.
Toujours est-il que Jonathan-Yan Perreault est désormais un homme riche au sommet d’un petit empire de pharmacies au Québec. Il a investi dans plusieurs pharmacies où il est associé, « grâce à l’argent provenant de son imposant syndicat bancaire ». Il a ainsi pu racheter en 2013 l’une des maisons les plus chères vendues dans la région de Québec, pour 3,4 millions de dollars canadiens, qui appartenait à une star du hockey.
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