PHOENIX ne s’en cache pas. Le répartiteur allemand, qui vient de racheter les 42 officines slovaques et les huit tchèques de la chaîne Sunpharma, s’intéresse de près à l’avenir du réseau français. Dans le cas d’une éventuelle ouverture du capital, ce groupe de structure familiale aurait une approche très patrimoniale. Il n’en jetterait pas moins son dévolu sur un quart des 4 000 officines françaises les plus prometteuses.
Pour l’heure, l’ouverture du capital n’est pas à l’ordre du jour. Mais cette absence de visibilité n’empêche pas Phoenix de lancer un premier test de « nouvelle discipline de groupement », au sein de son réseau PharmaVie (800 officines, 2 milliards de CA, 6 % de parts de marché).
Des accords de poids.
Intitulé « Gap 100 », ce modèle, créé il y a quatre mois, réunit en fait 250 officines. Aux 85 pharmacies PharmaVie sélectionnées (CA moyen de 4,9 millions d’euros) se sont en effet jointes 24 pharmacies du réseau Ceido (CA moyen de 6 millions d’euros) et 140 autres du groupement Pharmacorp (CA moyen de 1,2 million d’euros). Les quelque 735 millions d’euros de pouvoir d’achat ainsi obtenus devraient constituer un argument de poids auprès des laboratoires. « Les laboratoires ont été pris de court par notre démarche, ils ne s’attendaient pas à ce que nous nous engagions dans une telle dimension », relate Philippe Besnard, directeur général de PharmaVie. En effet la stratégie de « Gap 100 » ne consiste pas à réunir une énième force de négociation, mais à offrir aux laboratoires un potentiel d’achats garantis au nom de tous les adhérents. Une stratégie de mandat d’achats qui s’apparente à celle d’une politique d’enseigne.
Ainsi, les officines seront contraintes d’accepter les volumes de para et d’OTC prescrits par « Gap 100 », de même que la quasi-majorité des quinze opérations commerciales annuelles. Elles ne seront d’ailleurs admises dans le cercle très fermé de « Gap 100 » qu’après avoir livré en toute transparence leurs chiffres et les conditions dans lesquelles elles effectuaient jusqu’à présent leurs achats.
L’acceptation de ces clauses « non négociables » sera récompensée par des avantages substantiels de 4 %, voire 5 % de remise sur des volumes d’achats importants, livrés via la plateforme logistique du groupement, Ivrylab, ou directement par les laboratoires. Ces derniers seront également soumis aux règles de « Gap 100 ». L’octroi de remises supplémentaires à certains pharmaciens sera un critère d’exclusion instantanée, assure Philippe Besnard. Se défendant de « faire la course au numéraire », Laurent Cuiry, directeur de Phoenix France, n’en reconnaît pas moins que la prochaine étape sera d’intégrer à ce cercle « vertueux », de nouvelles officines en adéquation à ces « stratégies labo ». Quitte à recruter en dehors de l’actuel réseau PharmaVie. Et à soulever pour d’autres officines la question de leur appartenance au groupement.
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